Histoire

Ces spectacles qui réveillent le roman national

Par Judikael Hirel. Synthèse n°2473, Publiée le 10/05/2025 - Illustration : Historock, des spectacles pour raconter l'histoire autrement aux plus jeunes.
Crédits : Historock
L'histoire est-elle une science exacte ? Si la connaissance du passé ne cesse de s'enrichir, tant grâce à la science qu'à l'archéologie, elle est en revanche souvent l'objet de débats, voire de polémiques. Des spectacles permettent désormais de l'apprendre autrement.

Ne dit-on pas que l'histoire est écrite par les vainqueurs ? De la guerre des Gaules de Jules César jusqu'à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, elle est en tout cas bien souvent ce que l'on en dit, ce que l'on en apprend, et donc ce que l'on en retient. C'est sans doute également parce que l'apprentissage de l'histoire est bien souvent resté un champ de bataille idéologique : tant parce que l'on enseigne que par ce qui n'y figure pas de notre passé commun. D'où le besoin de compléter ces notions acquises. C'est ce que permettent des initiatives de plus en plus nombreuses, qui permettent non seulement de donner le goût de l'histoire à ceux l'ayant perdu mais aussi de proposer un autre regard sur ce roman national.

Quitte à froisser quelques susceptibilités, parfois, comme ce fut le cas jadis avec Le Puy du Fou, ou plus récemment avec le spectacle Historock. « L'Histoire de France ne s'apprend pas par coeur, elle s'apprend par le coeur », explique l'association qui vise à transmettre le goût de l'histoire de façon ludique et immersive. Elle propose aux scolaires comme aux familles, en costume mais sur des musiques contemporaines, deux spectacles historiques : L'Histoire de France et Napoléon. Si 6700 élèves ont assisté aux concerts Historock en 2024, le spectacle musical écrit par Dimitri Casali a entraîné de vives critiques de l'opposition de gauche, qui l'accuse de présenter une version biaisée de l'histoire au plus jeunes. « Je suis historien et j'ai longtemps été professeur d'histoire, explique-t-il au Figaro. J'ai eu la chance d'être en zone d'éducation prioritaire. Cela m'a donné l'envie de transmettre parce que l'histoire aujourd'hui enseignée par notre Éducation nationale est un désastre total. Je souhaitais faire quelque chose sur le fond, au niveau idéologique, mais également sur la forme, qui est une aberration pédagogique. Tout est fait pour que les élèves éprouvent une répulsion envers la discipline historique. C'est dommageable, car c'est par l'histoire que l'on forme à la citoyenneté. Il m'est venu en enseignant que pour pallier le désintérêt des élèves, il fallait recourir aux moyens modernes pour essayer de redonner aux enfants le goût de l'histoire grâce à un divertissement éducatif et musical. » Ses spectacles sont-ils politiquement orientés ? « En tant qu'élève de Jean Tulard, j'ai toujours essayé d'être équilibré. Je ne cache pas mes opinions républicaines et laïques, mais j'ai tout fait pour insister sur notre héritage chrétien. La France est la fille aînée de l'Église depuis 1500 ans et on ne peut pas l'effacer, quoi qu'en disent certains politiques. Comment nos enfants pourraient-ils s'inscrire dans la culture française, l'une des plus admirées au monde, sans qu'on parvienne à leur transmettre notre héritage à la fois chrétien et monarchique, mais aussi laïque et républicain ? »

Franck Ferrand a également été victime de cette même accusation d'être « réactionnaire » avec son projet de Cité de l'histoire en région parisienne. En effet, « certains sujets n'ont plus le droit de cité, certaines causes sont carrément frappées d'indignité nationale, l'histoire et l'amour de la patrie en font désormais partie. Au fond, c'est précisément cela que l'on ne pardonne pas à Franck Ferrand: d'aimer son pays et de faire connaître son passé. » Vianney d'Alençon, qui réveille les vieilles pierres pour transmettre l'histoire de nos terroirs, a tout autant fait l'objet de ces accusations idéologiques quant à la transmission de l'histoire. « Le patrimoine est notre mémoire collective, explique-t-il. Dans notre société fracturée, en proie à la déconstruction, il offre une occasion unique de rassembler les communautés, en particulier les plus jeunes que l'on a privés des clés de compréhension du passé. » Peut-être faut-il s'appeler Notre-Dame de Paris pour ne pas prêter le flanc aux critiques ? Le spectacle La dame de pierre, inventé et monté par Corentin Stemler, les en a en effet pour l'instant évitées. « L'idée de la Dame de Pierre m'est venue quelques semaines après l'incendie de Notre-Dame. confie-t-il. J'ai été fasciné, mais aussi étonné par l'émotion immense que cet événement avait provoqué en France et partout dans le monde. J'ai découvert à ce moment-là que cette cathédrale avait une place particulière dans l'esprit des Français. Pour autant, nous ne connaissons pas forcément bien son histoire. J'ai donc eu envie d'écrire un spectacle qui raconte l'histoire de la cathédrale depuis sa construction jusqu'à ce jour. En plongeant dans son histoire, je me suis rendu compte que c'est l'occasion de découvrir l'histoire de Paris et plus généralement l'histoire de la France. » Une belle façon de célébrer Notre-Dame de Paris, mais aussi de rendre hommage à tous les artisans qui ont permis sa restauration.

La sélection
« Notre patrimoine est un ferment d'unité nationale ! »
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