L'approche des élections locales en Rhénanie du Nord-Westphalie, prévues le 14 septembre prochain, n'a épargné personne. 16 morts ont été recensées parmi les candidats, tous partis confondus. Dans le Land le plus peuplé d'Allemagne (18 millions d'habitants), un regard sur le vieillissement général de la population et des Allemands investis en politique donne un premier élément de réponse. Mais un seul parti cristallise l'attention : l'AfD. La formation, opposée à l'immigration massive et à l'intégration européenne, comptabilise 7 décès en une quinzaine de jours. Aucun des autres partis ne compte respectivement plus d'un trépas.

Dans chaque cas concernant l'AfD, la police a écarté l'hypothèse de l'intervention d'un tiers. Un constat que ne partagent pas les militants. Leur parti gagne du terrain, surtout depuis sa percée historique lors des législatives de février dernier – 2e place (à 20,8 %), devant le parti social-démocrate (SPD) – score de 2021 multiplié par deux. En avril, l'AfD est même arrivée en tête d'un sondage national devant les conservateurs de la CDU-CSU. Mais en mai, elle a été classée comme mouvement « extrémiste de droite avéré » par le renseignement allemand, en raison d'une attitude jugée « globalement hostile aux migrants et aux musulmans ». Une décision qui a placé l'AfD sous stricte surveillance (même dans les communications privées). Aujourd'hui, des théories soupçonnant des empoisonnements et des suicides forcés circulent sur internet.

Alice Weidel (relayée par Elon Musk), présidente du parti, a jugé « presque impossible » une telle « anomalie statistique ». Et pour cause, la probabilité annuelle qu'un tel événement survienne en Allemagne, sur une période aussi courte, pourrait varier entre 0,5 et 0,0025 %, selon les hypothèses (ce qui n'exclut nullement que ce soit possible). Mme Weidel a réclamé une enquête interne (dont on voit mal à quoi elle peut aboutir, la police étant intervenue). D'autres cadors du parti s'en sont émus. Comme Stéphan Brandner, vice-président fédéral : « Je n'ai encore jamais entendu, dans ma vie, que des hommes politiques d'un même parti meurent dans une telle proportion, et dans un laps de temps si court avant une élection. » En revanche, le vice-président régional de l'AfD, Kay Gottschalk, a déclaré que les informations dont il dispose « ne confirment pas de tels soupçons pour le moment » (Die Welt).

Récapitulons dans l'ordre chronologique les informations disponibles sur les 7 décès (voir aussi notre sélection).

• Wolfgang Klinger. Candidat au conseil municipal de Schwerte, ~ 50 000 habitants. Décédé le 19 août 2025 à l'âge de 71 ans. Cause : maladie préexistante et infarctus.

• Wolfgang Seitz. Entrepreneur, élu régional (Ruhrparlament). Candidat au conseil municipal de Rheinberg, ~ 31 000 habitants. Décès annoncé le 22 août 2025. Âge : 59 ans. Cause : maladie préexistante et infarctus. Mort soudaine et inattendue (AfD locale). Enquête médico-légale en cours.

• Ralph Klaus Norbert Lange. Candidat au conseil municipal de Blomberg, ~ 15 500 habitants. Décès annoncé le 28 août. Âge : 66 ans. Cause (presse locale) : décès soudain, encore présent à un évènement de campagne quelques jours avant.

• Stefan Berendes. Candidat au conseil municipal de Bad Lippspringe, ~ 17 445 habitants. Décès annoncé le 29 août 2025. Âge : 59 ans. Cause restée secrète pour des raisons privées.

• Hans-Joachim Kind. Notaire à la retraite. Candidat au conseil municipal de Remscheid, ~ 114 000 habitants. Décédé le 31 août 2025. Âge : 80 ans. Cause : décès naturel après longue maladie (presse locale).

• René Herford et Patrick Tietze. Présents sur les listes de réserve. Décès annoncé le 3 septembre 2025. Âges non communiqués. Cause : décès par insuffisance rénale et suicide (AfD locale reprise par la presse).

Si l'on écarte la thèse d'un ou plusieurs meurtres, deux pistes d'explication restent plausibles.

D'abord, les candidats de l'AfD sont souvent des personnes (relativement) âgées, ou du moins en fin de carrière dans la société civile. Contrairement aux plus jeunes, ils ont peu ou rien à perdre. Car avoir été lié de près ou de loin à l'AfD stigmatise. Bien plus que le label RN en France. Les membres sortants en témoignent : les difficultés professionnelles rencontrées par la suite sont immenses. « Une fois que l'étiquette AfD vous colle à la peau, vous êtes socialement mort », raconte un ancien député au journal Die Welt.
Les conditions de vie qui en découlent sont difficiles à supporter. Ancien membre, Michael Schwarzer affirme à Die Welt que beaucoup font face à un « champ de ruines social ». « Des amis rompent leurs amitiés, des restaurateurs sont menacés par l'Antifa et des groupes de gauche, et des épouses mettent la pression sur leurs maris lorsqu'ils adhèrent à l'AfD », selon Kay Gottschalk, cité par Politico. « C'est une pression psychologique énorme qui affecte la santé », a-t-il ajouté.

L'Alternative für Deutschland (fondée en 2013) n'a pourtant aucun lien historique avec le Parti National-Socialiste. Mais ceux qui dénoncent une filiation idéologique ont trouvé du grain à moudre : déclarations choquantes d'un cadre sorties de leur contexte, identification systématique entre le parti et la frange la plus radicale de sa base militante.

Alors, complot ou pas ? On dit que, pour qu'il y ait un crime, il faut un mobile, un moyen et une opportunité. L'absence de preuves, les conclusions communiquées, le statut des candidats et la prudence, même au sein de l'AfD, sont autant d'éléments qui ne vont pas dans ce sens. Reste que l'évènement est sans précédent et que le doute n'est pas interdit...