De la pédophilie à la pédagogie, l'ombre d'Alfred Kinsey plane encore
Des notions comme le « consentement » ou la « sexualité infantile » pénètrent les programmes éducatifs : ce processus s'inscrit dans une logique de gouvernance mondiale par les normes. Cela repose sur un enchaînement d'étapes, avec au sommet les institutions onusiennes (OMS ou UNESCO, par exemple) qui élaborent des documents comme l'International Technical Guidance on Sexuality Education (2018). Présentés comme des outils de santé publique et de protection de l'enfance, ils introduisent des concepts « universels » tels que les droits sexuels et reproductifs, l'autonomie corporelle, ou explorent la notion de consentement. Ils se réclament d'une approche scientifique, fondée sur les droits humains.
Ces normes sont ensuite intégrées dans la politique au niveau régional (UE par exemple). Elles deviennent obligatoires de fait, car elles conditionnent les financements et les évaluations de conformité. C'est là que la supranationalité du droit européen joue son rôle : harmoniser les systèmes éducatifs autour d'une vision commune. Les gouvernements adoptent ensuite ces orientations sous forme de lois, de circulaires, puis de programmes scolaires. Réformes justifiées au nom des engagements internationaux et de la nécessité de « moderniser » l'enseignement. Ce processus s'accompagne d'un changement de vocabulaire. On parle désormais d'« éducation affective et sexuelle », de « prévention des violences sexistes », ou de « promotion du consentement » (ou « éveil au consentement »). Enfin, au niveau local, ces principes se matérialisent dans les classes. Les enseignants sont invités à parler du corps, des relations amoureuses, du consentement ou de la diversité des identités, dès la maternelle. Il s'agit de passer d'un monde où la protection de l'enfant n'est plus définie par le refus de la sexualisation et la mise à distance, mais par sa gestion « éclairée » pour armer l'enfant. On leur demande donc d'assumer une conscience que leur âge leur interdit, et qu'ils n'ont pas la possibilité de comprendre en contexte.
À la racine de ces bouleversements se trouve Alfred Kinsey. Ancien zoologiste, reconverti dans l'étude du comportement sexuel humain. Il est devenu célèbre pour deux ouvrages, Sexual Behavior in the Human Male (1948) et Sexual Behavior in the Human Female (1953), à l'impact mondial (à l'époque, il est considéré comme un ponte, presque une star). À partir d'entretiens menés auprès de milliers d'Américains, il y affirmait que les comportements sexuels réels divergeaient profondément de la morale affichée. Selon ses données, la majorité des individus trompaient leur partenaire, la masturbation et les pratiques homosexuelles étaient courantes, et les pulsions sexuelles existaient dès l'enfance. L'un de ses apports les plus connus est l'échelle de Kinsey, graduant l'orientation sexuelle de 0 (exclusivement hétéro) à 6 (exclusivement homo). Ce modèle suggérait que la sexualité serait fluide et non fixe. Il est le pionnier de la sexologie empirique, et indirectement l'un des précurseurs de la déconstruction contemporaine des catégories sexuelles.
⚠️ Attention : le passage suivant contient des faits très choquants.
Les travaux sur la sexualité infantile de Kinsey reposaient sur des méthodes d'une gravité inouïe et abominable. Attention, on tutoie les sommets de l'horreur. Ces éléments ont été notamment révélés par les enquêtes de Judith Reisman (autrice du livre Kinsey, Sex and Fraud) et du documentariste Tim Tate, auteur du film Secret Histories : Kinsey's Paedophiles (1998), à l'époque primé par l'UNESCO et Amnesty International. En fait, Kinsey s'était constitué un véritable réseau de « fournisseurs de données » issus du milieu pédocriminel, qu'il sollicitait (en prison ou en liberté) et rémunérait. Quelques noms ont fuité. Parmi eux, Fritz von Balluseck, ancien nazi condamné en 1957 pour des centaines d'agressions d'enfants, dont le procès révéla une correspondance avec Kinsey, l'encourageant à poursuivre ses « recherches ». Autre nom cité, Rex King, l'un des pires pédophiles américains connus, condamné pour plus de 800 viols sur enfants, également rémunéré pour ses rapports.
Selon les documents présentés par Reisman et Tate, ces hommes auraient transmis à Kinsey leurs journaux détaillant leurs crimes et les réactions détaillées des enfants, souvent accompagnés de vidéos. Ces informations ont été intégrées dans les tableaux 30 à 34 du Human Male, où Kinsey analyse la « réponse sexuelle » de plusieurs centaines voire milliers d'enfants, âgés de quelques mois à 12 ans (à consulter en partie, page 18 de ce document de la Cour suprême US, qui récapitule les accusations et qui est reconnu comme pièce du dossier judiciaire). Les exemples publiés incluent par exemple un bébé de 11 mois ayant subi 14 orgasmes en 38 minutes, ou un enfant de 4 ans ayant subi 26 orgasmes en 24 heures. Kinsey a décrit les réactions des bébés pendant les actes en termes pseudo-scientifiques, notant par exemple les mouvements qui étaient provoqués. Certaines de ses « expériences » auraient eu lieu dans ses locaux avec ses équipes.
Dans son Female Report, Kinsey va plus loin : il suggère que certains « contacts intergénérationnels » pourraient être « non traumatisants » et encourager « l'éveil érotique », et que le malaise viendrait surtout du « conditionnement culturel ». Ainsi, sous couvert de pseudo-science, il encourage le public à reconsidérer la frontière morale entre adulte et enfant, mettant en avant l'idée d'une « compréhension » du désir infantile et son accompagnement. Ces travaux étaient financés en grande partie par la fondation Rockefeller, qui s'est retirée en 1954, après le début des scandales. Tous ceux qui se sont penchés sur le dossier s'accordent à décrire la personnalité d'Alfred Kinsey comme perturbée. Tous sont convaincus de sa participation directe, et de nombreux témoignages évoquent une vie personnelle marquée par l'excès et la transgression : couple libre, relations avec les deux sexes, pratiques d'autopunition (notamment l'insertion d'objets dans l'urètre) et, selon plusieurs biographes, expériences zoophiles. Le Kinsey Institute (toujours une référence) reconnaît que des données concernant des enfants figurent dans ses rapports (qui n'ont pas tous été publiés), mais affirme que Kinsey n'a jamais observé ni commandité d'abus ; il aurait juste utilisé des « récits » reçus d'anonymes. En 1995, une résolution du Congrès américain demanda l'ouverture d'une enquête, qualifiant ses travaux de « frauduleux » et « immoraux », et exigeant la suspension de tout financement public lié à ses recherches ou à leurs applications. Bien qu'étrangement jamais adoptée, cette initiative montre que l'héritage de Kinsey était perçu comme un scandale national. Pour ce collectif de pédopsychiatres et psychologues, l'institut Kinsey (et indirectement l'héritage de Joseph Kinsey) est à la base de certaines décisions de l'OMS et de l'ONU.
S'il meurt en 1956, ses idées lui survivent. Portées par des intellectuels renommés, l'université, les médias (notamment Libération pour le côté pro-pédophilie) et la contre-culture, ces idées s'infiltrent lentement dans les institutions, nourrissant la grande libération sexuelle des années 60-70 (en France mai 68, âge d'or de la pédophilie). Période au cours de laquelle la pédophilie s'affichait sans complexe partout. De cette vague est né le monde d'aujourd'hui… Héritier direct de ce renversement, toujours persuadé d'œuvrer pour l'humain, tout en redéfinissant son rapport à la morale, au sacré, au corps et à l'enfance. Les objectifs d'en haut ne coïncident peut-être pas avec les idéaux qu'on prêche en bas…
- La sexualité infantile, interdit des interdits, entre dans le cadre d'une idéologie de la déconstruction, qui permet de faire table rase du passé, afin de refonder les repères moraux et sociaux, dans une logique d'uniformisation mondiale : une gouvernance par les normes, du haut vers le bas.
- À l'origine, Alfred Kinsey. Pionnier de la sexologie empirique (à l'aide de statistiques) et père de la révolution sexuelle. Auteur de deux livres parus après la Seconde Guerre, il fut l'un des premiers à briser des tabous en exposant une sexualité débridée, qui différait de la morale affichée : base de la « révolution sexuelle » des années 60.
- Il défendait une vision radicale de la sexualité : comme un continuum présent dès la naissance, incluant les enfants dans le champ du plaisir sexuel. Selon lui, les barrières culturelles empêchaient une éducation « libérée » et inclusive. Cette idée, plus que choquante, se retrouve malheureusement dans certaines approches actuelles.
- Pour ses travaux, il s'était constitué un réseau de pédocriminels (emprisonnés ou libres), qui lui transmettaient leurs « rapports » détaillés sur leurs expériences sexuelles avec des enfants, souvent accompagnés de vidéos. Il analysait et consignait leurs réponses sexuelles de manière détaillée. Il aurait lui-même participé avec ses équipes, au sein de ses locaux, à ses expériences de type « nazies ».