L’Europe de l’énergie dépend-elle de Moscou ?
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L’Europe de l’énergie dépend-elle de Moscou ?

Par Judikael Hirel - Publié le 01/01/2022
C’est un hasard malencontreux, diront les uns. C’est le signe d’une catastrophe à venir, estimeront les autres. Fin décembre, la France était obligée d’importer de l'énergie depuis l’Allemagne. Début janvier, l’Allemagne ferme la moitié de ses réacteurs nucléaires. Et demain ? Les membres de l’Union Européenne pourront-ils vraiment compter les uns sur les autres pour assurer leur indépendance énergétique ?

Tout d’abord, quelles étaient les raisons de la récente pénurie d’énergie dans l’Hexagone ? Pas seulement la fermeture pour des raisons politiques de la centrale de Fessenheim, mais aussi celle d’une dizaine de Gigawatts de centrales à charbon. Et surtout le fait qu’un tiers du parc nucléaire français soit actuellement à l’arrêt pour des travaux de rénovation, afin de franchir la barre des 40 ans d’utilisation. Conséquence de ces fermetures cumulées : il aura fallu importer du gaz d’Allemagne, et donc de Russie. Au pire, si la météo bat des records de froid cet hiver, poussant la consommation des ménages à la hausse EDF pourra toujours avoir recours à des coupures tournantes de deux heures pour éviter l’effondrement du réseau. Rassurant…

Quant à la dépendance énergétique de l’Europe à l’égard de son voisin de l’est, elle ne va faire que s’aggraver. L’Allemagne, qui sera complètement sortie du nucléaire fin 2022, vient en effet de fermer trois réacteurs, soit la moitié de sa capacité, en pleine crise de l'énergie. Fin 2022, ce sera au tour des trois dernières centrales du pays de cesser leur activité, retirant à leur tour 4 gigawatts-heures de puissance installée au réseau allemand et européen. Alors que la hausse du prix du gaz russe a été exponentielle ces derniers mois, la dépendance au grand voisin de l’est ne cessera de grandir. Et si, demain, dans un contexte de quasi guerre à la frontière de l’Ukraine, la Russie décidait de réduire ses livraisons de gaz à l’Europe ? Ce ne sont pas le solaire et l’éolien qui permettraient de faire face à l’heure actuelle aux besoins énergétiques européens.

En attendant, enfin, la Commission européenne s’apprête à classer, a priori mi janvier, le nucléaire comme énergie verte. Le gaz se voit quant à lui accorder le label d’énergie de transition. Paris et Berlin obtiennent chacun ce qu’ils veulent, en matière de taxonomie européenne, le classement des activités économiques en fonction de leurs émissions de CO2 et de leurs conséquences sur l’environnement. Ainsi, la France sauve (pour l’instant) sa filière nucléaire, et l’Allemagne justifie son recours au gaz, pourtant émetteur de CO2. Mais l’implantation de milliers d’éoliennes à travers le continent ne suffira pas pour éviter de dépendre de Vladimir Poutine pour chauffer et éclairer l’Europe.
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