Israël : le poids croissant des juifs ultra-orthodoxes
L’ampleur de ce drame montre en soi l’importance croissante de la communauté ultra-orthodoxe au sein d’Israël. Les haredim (littéralement les « craignant Dieu ») sont en effet à la fois de plus en plus nombreux et influents dans le pays. Ils représenteraient environ 12% de la population, mais devraient atteindre 16% en 2030, 20% à l’horizon 2039, et 30% en 2065, selon les projections du Israël Democracy Institute. La raison première de cette croissance constante et rapide : une très forte natalité. Les femmes ultra-orthodoxes donnent naissance, en moyenne, à 6,6 enfants chacune. Résultat : près de 60% des ultra-orthodoxes sont âgés de moins de 20 ans ! Dans un quartier tel que Beit Shemesh, dans la banlieue de Jérusalem, la population ultra-orthodoxe est ainsi passée de 15 000 à environ 110 000 personnes en quelques années. À tel point que ce courant représente déjà un tiers de la population de Jérusalem…
Selon des données recueillies jusqu'en 2018 par l'Israel Democracy Institute, seuls 3 000 jeunes adultes quittent chaque année cette communauté. Cette importance croissante des ultra-orthodoxes au sein de la société israélienne n’est pas sans conséquences, d’abord d’un point de vue politique : la principale coalition qui les représente – le parti du judaïsme unifié de la Torah – est et demeure contre vents et marées un soutien indéfectible à Benyamin Netanyahou depuis déjà une douzaine d’années. Mais s’ajoutent à cela la question de la conscription, celle des transports, de la liberté d’éducation, du travail des femmes, ou, plus récemment, de la vaccination.