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La hausse des prix en Europe : conséquence directe des attaques houthies en mer Rouge

Par Benoit Bertan de Balanda - Publié le 27/01/2024 - Photo : Des partisans houthis se rassemblent pour manifester contre les attaques américaines et britanniques dans le quartier de Bani Hushaish à Sanaa, au Yémen, le 22 janvier 2024. Crédits : Mohammed Hamoud / ANADOLU / Anadolu via AFP.

Les Houthis, qui contrôlent la partie la plus riche du Yémen, multiplient les attaques en mer Rouge pour handicaper les puissances alliées (ou perçues comme telles) d'Israël depuis le début de la guerre qui oppose Israël au Hamas.

Le combat des Houthis doit se comprendre dans le temps long. Les Houthis sont un groupe armé yéménite, issu de la communauté zaydite, branche de l'Islam chiite présente au Yémen depuis le Xème siècle. Cette communauté représente un tiers des Yéménites, soit environ 10 millions d'individus. Le mouvement Houthi doit son nom à son fondateur, Hussein al Houthi, qui le fonde en 1992. A l'origine pacifique, ce mouvement a pris les armes en 2004 contre le gouvernement d'Ali Saleh et a ensuite profité de la grogne de 2011 pour étendre son influence. Cela l'a mené à mener un coup d'Etat en 2014, grâce auquel il a pris le contrôle de la capitale, Sanaa. Il a ensuite étendu son influence dans une grande partie du nord-Yémen, le territoire historiquement zaydite. En 2015, l'Arabie Saoudite, appuyée par les Emirats Arabes Unis, lance une guerre contre eux, en les accusant notamment de s'en prendre à leurs infrastructures pétrolières. La guerre, en réalité, est une guerre d'influence contre l'Iran, Téhéran étant effectivement un soutien sans faille du mouvement houthi.

Dès le début des affrontements entre le Hamas et Israël, et comme on pouvait s'y attendre au vu de la proximité Houthis-Iran, le mouvement houthi a salué l'attaque du Hamas, qui aurait « rivalisé en gloire avec le ciel » selon la communication du mouvement. Le 10 octobre, le mouvement indique son intention de s'impliquer plus avant dans le conflit. Cette intention (que personne n'avait réellement prise au sérieux) se concrétisera le 19 octobre, par une attaque par drones et missiles de croisière contre un destroyer américain mouillant en mer Rouge. 5 missiles et 15 drones sont interceptés, témoignant de l'importance de l'attaque. C'est le début d'une série d'attaques qui n'en finit pas, en mer Rouge, contre les alliés d'Israël, dont notamment une attaque contre la frégate française Languedoc qui abat deux drones houthis le 10 décembre dernier. Le 19 novembre, ils capturent même un navire allemand lors d'un assaut héliporté. Ainsi, depuis le 19 novembre, ils ont mené 27 attaques dans cette zone.

La stratégie houthie est simple : attaquer économiquement « l'Occident » et cela passe d'abord par la perturbation du commerce mondial. Les Houthis affectent directement le détroit de Bab el Mandeb et la mer Rouge, par où transitent 12 % du commerce mondial et quasiment 10 % du transport maritime de gaz et de pétrole. Plus important pour l'Europe : il est sur la voie la plus rapide (et donc la moins chère) entre l'Asie et l'Europe. Les conséquences se font sentir immédiatement. Ainsi, le cours du Brent (indice de référence pour le pétrole) a augmenté de 8 % en une semaine en décembre, quand le prix du gaz a momentanément bondi de 13 % lorsque la compagnie gazière BP a annoncé qu'elle utiliserait désormais une autre route. L'autre route c'est le contournement de l'Afrique, et donc sept à huit jours de traversée en plus, et donc une augmentation du prix de vente des biens. Les plus gros transporteurs du monde ont d'ores et déjà décidé de suspendre la traversée de la mer Rouge et d'utiliser la route de l'Afrique du Sud. Parmi les entreprises concernées : Maersk, MSC mais également le français CMA CGM. Les Nations Unies ont rappelé dans un récent rapport sur le transport maritime que « la moitié de la hausse des prix des denrées alimentaires dans le monde est due à la hausse des coûts de transport ». Le blocage du canal de Suez par le bateau Ever Given en 2021 nous avait rappelé l'importance stratégique de cet axe. Pour mémoire, son blocage durant une semaine avait entrainé des pertes commerciales de l'ordre de 54 milliards de dollars.

Les Houtis forcent les pays concernés à utiliser des armes chères pour se protéger. Alors que les drones envoyés par les Houthis coûtent environ 9 000 euros pièce, chaque missile français Aster tirés par la frégate Languedoc pour intercepter chacun de ces drones coûte environ 1,4 millions d'euros. Un rapport de 1 pour 150, largement favorable aux Houthis.

La coalition mise sur pied par les Etats-Unis a pour objectif de sécuriser ce détroit si important pour le commerce mondial. La coalition a récemment mené des frappes contre les positions houthies. La France de son côté, a décidé de faire cavalier seul, préférant miser sur son indépendance.

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Drones navals et aériens, missiles… La bataille de la mer Rouge se poursuit entre les rebelles Houthis et la coalition
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2 commentaires
Le 28/01/2024 à 21:57
A leur niveau, leur religion n'est plus l'islam mais l'islamisme radical qui n'est plus une religion mais une organisation criminelle qui devrait être éradiquée mais certains pays occidentaux dont la France, font preuve d'une incapacité notoire et qu'il nous faudra encore beaucoup de patience pour résoudre ce problème.
Le 28/01/2024 à 08:47
Chiites, sunnites, ils se haÏssent ; mais leur haine de l'occident reste la plus forte ; leur religion est une religion mortifère, et la plus grande insulte qu'ils peuvent commettre envers Dieu est de tuer en Son Nom, ils ne semblent pas l'avoir compris.
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