Santé

La hausse de l'espérance de vie au défi des maladies chroniques

Par Clara Molnar. Synthèse n°2479, Publiée le 17/05/2025 - Crédits photo : Shutterstock
Si les chiffres de l'espérance de vie depuis 1950 semblent dire : « Pari gagné » pour la longévité, ils sont à confronter à une hausse inquiétante des maladies chroniques que sont le cancer, le diabète, l'hypertension et les maladies cardiovasculaires. Nos enfants ont de bonnes chances d'être un jour centenaires, sans garanties sur leur santé...

Il fait bon vivre en France en 2025. L'espérance de vie à la naissance pour une femme y est de 85,7 ans et pour un homme de 80,1 ans. Ces chiffres élevés nous placent cependant derrière des pays comme le Japon avec 88 ans pour les femmes et 81,9 ans pour les hommes, l'Australie – respectivement 85,8 et 82 ans – ou la Suisse, 86 et 82,4 ans. Dans les pays développés, donc, on vit longtemps. 
Si l'on regarde les courbes depuis deux siècles en France, la hausse de l'espérance de vie est spectaculaire. Au XVIIIe siècle, la durée de vie était de 25 ans en moyenne, due notamment à la forte mortalité infantile : la moitié des enfants décédaient avant l'âge de 10 ans. Depuis 1950, notre espérance de vie croît de façon forte et régulière, avec un gain de 2 à 3 ans de vie à chaque décennie depuis les années 50. Les femmes passent la barre des 80 ans en 1987, et les hommes en 2023 (voir l'évolution récente de l'espérance de vie en cliquant sur ce lien).

De nos jours, l'augmentation est moins radicale : nous avons gagné « seulement » une année de vie de 2010 à 2020. Il n'empêche, la durée de vie continue de progresser. En 2009, une étude du Lancet prédit que la plupart des bébés nés dans les années 2000 dans un pays développé seront centenaires. Ces chiffres ne sont troublés par aucun événement majeur. Si l'épidémie de Covid a grignoté – en 2020 par rapport à 2019 – 0,6 an de vie pour les hommes et 0,5 an pour les femmes, les courbes ont ensuite retrouvé leur niveau d'avant la pandémie, « effet moisson » oblige : les personnes les plus fragiles meurent prématurément du fait d'un événement exceptionnel – le Covid en 2020 ou la canicule de 2003 – mais les décès diminuent l'année suivante. 

Pour expliquer l'incroyable augmentation de notre espérance de vie dans la deuxième moitié du XXe siècle, on peut citer une révolution médicale qui tient en un mot : pénicilline. C'est le premier antibiotique fabriqué de façon industrielle et largement diffusé, faisant au passage la fortune du laboratoire Pfizer à partir de 1945 aux Etats-Unis. L'arrivée massive de ces médicaments bactéricides a une conséquence directe : on soigne désormais « simplement » des maladies mortelles comme la tuberculose, la pneumonie ou le tétanos pour lesquelles on ne connaissait auparavant aucun traitement. Conséquence réjouissante pour nous tous : on ne meurt quasiment plus d'une maladie infectieuse aujourd'hui en France.

Est-ce à dire que tout va bien ? La réalité est – on s'en doute – plus nuancée. Il ne faut pas confondre l'espérance de vie tout court et l'espérance de vie en bonne santé qui correspond « au nombre d'années qu'une personne peut espérer vivre sans être limitée par un problème de santé. » Les moyennes d'âge baissent alors drastiquement – 75,5 ans pour les hommes et 77 ans pour les femmes – et correspondent davantage à notre réalité. Qui n'a pas un ami touché par un cancer – première cause de mortalité aujourd'hui en France – ou un proche senior atteint d'une maladie chronique ou neurodégénérative ? 
Nos modes de vie modernes, sédentaires et connectés, font le lit d'un nouveau fléau. L'obésité et le surpoids touchent un Français sur deux et l' augmentation est inquiétante. En 2050, selon l'OMS, 60% de la population mondiale pourrait être en surpoids. Il s'agit d'un enjeu de santé mondiale pour une raison principale : l'obésité est un facteur majeur de nombreuses maladies chroniques. Adieu tuberculose, pneumonie et tétanos, mais bonjour hypertension, diabète et maladies cardiovasculaires. Ces maladies sont traitées au long cours – d'où leur nom de « chroniques » – et elles ont un impact direct sur notre espérance de vie en bonne santé et notre qualité de vie.

Ainsi, l'avenir pourrait être paradoxal. D'un côté, une majorité de la population en surpoids vivant bon an mal an avec une maladie chronique. Et de l'autre, des super seniors prenant soin d'eux et mettant tout en œuvre pour vivre longtemps. Un exemple caricatural de la course à la longévité : le milliardaire Bryan Johnson, auquel Netflix a consacré un documentaire. Pour lui, devenir centenaire, c'est manquer d'ambition. Il veut tout simplement devenir immortel. L'homme a fait fortune et consacre désormais son temps et son argent à vouloir inverser la courbe du temps à grand renfort de séances de sport, compléments alimentaires par dizaines et injections de botox. 

Pour qui veut vivre longtemps et écarter le risque de maladie chronique, il existe une solution simple validée par tous les médecins : il faut se bouger. L'activité physique est le « médicament » naturel, sans effet secondaire, le plus efficace pour prendre soin de nous. Pour preuve, depuis le 31 mars 2017, un décret permet des séances de sport sur ordonnance, remboursées au même titre qu'un médicament. Parmi les autres conseils souvent dispensés pour vivre longtemps en bonne santé : ne pas boire d'alcool, ne pas fumer, adopter une alimentation de type régime méditerranéen et avoir un sommeil de qualité. En plus de ces mesures d'hygiène de vie, on peut prodiguer un dernier conseil que chacun s'appropriera à sa façon : donner du sens à vie. Une étude de l'université du Michigan est formelle : celles et ceux qui vivent longtemps ont trouvé une bonne raison de se lever chaque matin, un peu comme les habitants de l'archipel d'Okinawa au Japon. Dans ce reportage en lien, on y voit des centenaires japonais continuer à travailler, cultiver leur jardin, faire de la gymnastique tous les jours, avoir un rôle dans la société.

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