Sciences
Comment débarrasser la recherche scientifique de ses mafieux ?
La crise du COVID-19 révèle l’emprise de véritables mafias chez les chercheurs. Ces doctes gangsters pervertissent les processus d’évaluation et de certification pour obtenir gains et honneurs. Le comportement d’un petit nombre amène le grand public à suspecter toute parole scientifique. Omar Al-Ubaydli, docteur et chercheur en économie installé à Bahrein (voir son article publié par Al Arabiya News en lien ci-dessous), rappelle comment devrait se dérouler le cycle vertueux de la recherche.
Les experts conduisent des recherches et examinent celles de leurs confrères pour les critiquer objectivement.Les travaux jugés comme les plus intéressants sont publiés dans les plus grandes revues académiques et largement partagés et cités… Le curriculum d’un chercheur, c’est-à-dire ses publications et ses références, voilà le sésame pour obtenir promotions et honneurs ! Et, plus encore, le passeport pour bénéficier de financements… Le système est donc censé accorder l’essentiel des ressources aux plus brillants. Et les gouvernants ont logiquement tendance à rechercher le conseil des experts les plus reconnus.
Malheureusement, des scientifiques peu scrupuleux pourrissent ce système en pratiquant « l’altruisme de réciprocité », un terme docte pour parler « d’échange de bons procédés » … Il suffit d’un arriviste ayant obtenu une place de choix, comme la direction d’une revue spécialisée de renom. La tentation peut être grande de mettre en lumière des travaux de qualité médiocre, voire douteuse, pour entretenir les faveurs d’un réseau d’amis. On assiste alors à l’émergence de mafias savantes qui, de manière biaisée, vont mettre en avant les recherches de leurs acolytes, et au contraire laisser dans l’ombre des travaux réalisés par des chercheurs en dehors de leurs cercles.
Les dommages causés par ces mafieux de la science ne se limitent pas à tronquer le meilleur pour faire de la place au médiocre. Ils poussent aussi les chercheurs à courir après les faveurs de leurs confrères les plus influents, plutôt qu’à se consacrer totalement à leurs travaux. On retrouve, par exemple, ces chercheurs parmi l’assistance de conférences huppées plus souvent que dans leurs laboratoires… Comme un arbre creux, le système s’écroule quand des mafias concurrentes se font face. Utilisant leurs publications favorites comme des lignes de front, elles se livrent à une guerre féroce, souvent sale et toujours destructrice.
Nous payons tous le prix de cette corruption. Un bon gouvernant est celui qui sait s’entourer de sages conseillers. C’est vrai pour conduire une guerre, sortir d’une crise économique, et faire face à une pandémie. Si les chercheurs les plus en vue sont aussi les membres d’une mafia élitiste, on ne peut pas attendre de bons conseils de leur part. De plus, quand les gouvernements et le public se rendent compte que « faire confiance à la science » ne mène nulle part, les répercussions politiques et sociales peuvent être majeures. Si la vérité est « ailleurs », alors les théories complotistes fleurissent et rejettent, souvent hors de toute raison, tout ce que la science a pu produire. Et pourquoi voter si, en période de crise, le pouvoir se cache derrière des experts douteux ?
Les organisations mafieuses trouvent un terreau idéal pour accroître leur puissance en période de crise et de ressources insuffisantes. On connaît la tendance des êtres humains à abandonner toute éthique quand la concurrence fait rage pour des ressources rares. Concernant les scientifiques, le phénomène n’est pas nouveau mais s’aggrave quand les Etats baissent la dépense publique dédiée à la recherche. Le nombre de jeunes bardés de diplômes augmente quand le nombre de postes en recherche académique baisse…
Attendre des gouvernements un meilleur contrôle sur les organismes scientifiques est raisonnable mais peu efficace car ils n’ont pas nécessairement le niveau d’expertise pour juger de la valeur d’une recherche. On se retrouve alors dans une situation où les renards ont la clé du poulailler… Les seuls, donc, à pouvoir apporter des solutions sont les scientifiques eux-mêmes, suggère Omar Al-Ubaydli.
Les circonstances de la crise actuelle requièrent que les spécialistes honnêtes fassent fi des rivalités personnelles et se liguent pour contrer ceux qui sapent la crédibilité de la recherche. En plus d’idéaux qu’ils veulent porter, ils ont un autre argument sonnant et trébuchant… La réaction politique venant du grand public pourrait appauvrir encore les budgets alloués. Tout médecin ou biologiste le sait : un parasite doit savoir contrôler son appétit de peur de tuer son hôte…
Les experts conduisent des recherches et examinent celles de leurs confrères pour les critiquer objectivement.Les travaux jugés comme les plus intéressants sont publiés dans les plus grandes revues académiques et largement partagés et cités… Le curriculum d’un chercheur, c’est-à-dire ses publications et ses références, voilà le sésame pour obtenir promotions et honneurs ! Et, plus encore, le passeport pour bénéficier de financements… Le système est donc censé accorder l’essentiel des ressources aux plus brillants. Et les gouvernants ont logiquement tendance à rechercher le conseil des experts les plus reconnus.
Malheureusement, des scientifiques peu scrupuleux pourrissent ce système en pratiquant « l’altruisme de réciprocité », un terme docte pour parler « d’échange de bons procédés » … Il suffit d’un arriviste ayant obtenu une place de choix, comme la direction d’une revue spécialisée de renom. La tentation peut être grande de mettre en lumière des travaux de qualité médiocre, voire douteuse, pour entretenir les faveurs d’un réseau d’amis. On assiste alors à l’émergence de mafias savantes qui, de manière biaisée, vont mettre en avant les recherches de leurs acolytes, et au contraire laisser dans l’ombre des travaux réalisés par des chercheurs en dehors de leurs cercles.
Les dommages causés par ces mafieux de la science ne se limitent pas à tronquer le meilleur pour faire de la place au médiocre. Ils poussent aussi les chercheurs à courir après les faveurs de leurs confrères les plus influents, plutôt qu’à se consacrer totalement à leurs travaux. On retrouve, par exemple, ces chercheurs parmi l’assistance de conférences huppées plus souvent que dans leurs laboratoires… Comme un arbre creux, le système s’écroule quand des mafias concurrentes se font face. Utilisant leurs publications favorites comme des lignes de front, elles se livrent à une guerre féroce, souvent sale et toujours destructrice.
Nous payons tous le prix de cette corruption. Un bon gouvernant est celui qui sait s’entourer de sages conseillers. C’est vrai pour conduire une guerre, sortir d’une crise économique, et faire face à une pandémie. Si les chercheurs les plus en vue sont aussi les membres d’une mafia élitiste, on ne peut pas attendre de bons conseils de leur part. De plus, quand les gouvernements et le public se rendent compte que « faire confiance à la science » ne mène nulle part, les répercussions politiques et sociales peuvent être majeures. Si la vérité est « ailleurs », alors les théories complotistes fleurissent et rejettent, souvent hors de toute raison, tout ce que la science a pu produire. Et pourquoi voter si, en période de crise, le pouvoir se cache derrière des experts douteux ?
Les organisations mafieuses trouvent un terreau idéal pour accroître leur puissance en période de crise et de ressources insuffisantes. On connaît la tendance des êtres humains à abandonner toute éthique quand la concurrence fait rage pour des ressources rares. Concernant les scientifiques, le phénomène n’est pas nouveau mais s’aggrave quand les Etats baissent la dépense publique dédiée à la recherche. Le nombre de jeunes bardés de diplômes augmente quand le nombre de postes en recherche académique baisse…
Attendre des gouvernements un meilleur contrôle sur les organismes scientifiques est raisonnable mais peu efficace car ils n’ont pas nécessairement le niveau d’expertise pour juger de la valeur d’une recherche. On se retrouve alors dans une situation où les renards ont la clé du poulailler… Les seuls, donc, à pouvoir apporter des solutions sont les scientifiques eux-mêmes, suggère Omar Al-Ubaydli.
Les circonstances de la crise actuelle requièrent que les spécialistes honnêtes fassent fi des rivalités personnelles et se liguent pour contrer ceux qui sapent la crédibilité de la recherche. En plus d’idéaux qu’ils veulent porter, ils ont un autre argument sonnant et trébuchant… La réaction politique venant du grand public pourrait appauvrir encore les budgets alloués. Tout médecin ou biologiste le sait : un parasite doit savoir contrôler son appétit de peur de tuer son hôte…