Climat : surprise, Bill Gates demande une trêve et prône la nuance
« Ce que j'aimerais que tout le monde sache avant la COP 30 ». La formule dit tout du poids de son auteur. Gates parle en son nom, mais son influence dépasse celle de beaucoup de pays. Première de ses trois « vérités » : « Le changement climatique est un problème sérieux, mais il ne sera pas la fin de la civilisation. » Gates rejette l'idée d'effondrement : pour lui, même à +2 ou +3 °C d'ici 2100, l'humanité aurait les moyens de s'adapter (discours qui tranche avec son livre paru en 2021). Selon lui, la demande énergétique va plus que doubler d'ici 2050 et il faudra y répondre. Il mise sur l'innovation, en arguant que les technologies vertes deviennent compétitives, car la différence de coût entre une solution propre et fossile tend à disparaître. Le problème résiderait dans leur diffusion mondiale. Selon lui, « plus un pays utilise d'énergie, plus il est en bonne santé… malheureusement, ce qui est bon pour la prospérité est mauvais pour l'environnement ». Il martèle que « en dix ans, nous avons réduit les émissions de plus de 40 % ». Il distingue cinq sources majeures : électricité, industrie, agriculture, transport, construction. Pour chacune, il avance des solutions technologiques et cite des acteurs.
2e vérité : « La température n'est pas le meilleur moyen de mesurer nos progrès sur le climat. » Le vrai enjeu ne serait pas le réchauffement en lui-même, mais la capacité d'adaptation des sociétés. Il prône une évaluation fondée sur la santé, la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Ce qui mène à la 3e vérité : « La santé et la prospérité sont notre meilleure défense contre le changement climatique. » Pour lui, plus une population est éduquée, en bonne santé et développée, mieux elle affronte les chocs climatiques. Viser simplement une planète plus froide serait insensé. Enfin, deux priorités viennent conclure : ramener le surcoût du vert à zéro et mesurer rigoureusement l'impact. Tant que les technologies propres coûteraient plus, la transition stagnerait, il faudrait innover pour les rendre abordables. Sa vision repose sur l'innovation (technosolutionnisme), une approche uniformisante où la transition climatique passerait par le marché plutôt qu'une rupture de modèle.
Ce texte a déclenché de vives réactions. Trump, qui a récemment qualifié « le climat » de « plus grosse arnaque de l'histoire de l'humanité », s'en est félicité. Bill Gates lui a répondu qu'il n'avait pas compris. On reproche surtout à Gates de s'opposer à une caricature alarmiste, alors que la plupart des scientifiques n'auraient jamais annoncé la fin du monde ni tenu de propos extrêmes. Les discours dominants viennent d'ailleurs peu des scientifiques, mais de politiques, d'ONG ou de communicants. Et ces derniers semblent avoir un totem d'immunité, car ils peuvent multiplier prédictions qui ne se réalisent jamais et positions apocalyptiques sans être qualifiés de « complotistes ».
Les réactions de 20 minutes, « Bill Gates a-t-il vraiment tenu des propos climatosceptiques ? », et de France Info, « Bill Gates est-il devenu climatosceptique ? Vrai ou Faux », sont symptomatiques du niveau de débat, où l'on s'empresse de catégoriser en apposant une grille de lecture binaire et manichéenne. Une mécanique héritée du Covid, où l'on se voit expliquer ce qu'il faut comprendre, avec les mêmes rôles : les croyants vertueux, face aux sceptiques, irrationnels et dangereux. Pour beaucoup, est climatosceptique, celui qui n'adhère pas totalement aux conclusions du GIEC. C'est pourtant un organisme relativement opaque, détenant un monopole sur le savoir climatique autorisé. CNews a été condamné pour « climatoscepticisme ». Un projet de loi est toujours en cours… On confond consensus scientifique et consensus DE scientifiques. Les voix dissidentes sont écartées, ce qui devrait questionner : la science, c'est le doute et le pluralisme… Beaucoup se demandent « qui sont-ils ? », faut-il même leur parler ? Les « climatosceptiques » deviennent des figures de l'ombre… Le consensus médiatique et social est peut-être le plus dangereux. Peur et urgence peuvent tout justifier : surveillance, restrictions, lois liberticides, bouleversements économiques (menés toujours par les mêmes). Le « climat » est un levier de pouvoir, le militantisme moral impose un récit unique. L'innovation technologique capte subventions et marchés, et la gouvernance transnationale traduit en politiques publiques. Le « climat » fait partie du package idéologique à prendre ou… à prendre. La nuance s'efface dans une époque où la peur d'être « extrême-droitisé » semble primer sur tout.
D'autres voies existent : sobriété, décroissance, lien à la terre, non par contrainte, mais par santé et équilibre collectif. Une écologie du bon sens, paysanne, enracinée, souveraine, certes peu compatible avec l'idéologie mondialiste et la logique de marché. Mais non, on demande d'adhérer au discours dominant. S'en suit le clivage classique : gauche bienveillante d'un côté, acquise au « climat », et climatosceptiques de l'autre, rangés par facilité d'usage à l'extrême droite. Une mise en scène qui bloque tout dialogue et accentue la division.
- Bill Gates sort du catastrophisme : selon lui, « le changement climatique est un problème sérieux, mais il ne sera pas la fin de la civilisation ». Il se veut réaliste et pragmatique.
- La température ne serait pas le meilleur moyen de mesurer nos progrès sur le climat. Il prône une approche diversifiée et globale.
- Le traitement médiatique français est déconcertant. Bill Gates serait-il devenu climatosceptique ? Des étiquettes qui minent le débat et entretiennent le clivage.
- La confusion entre consensus scientifique et consensus DE scientifique est entretenu. On est dans une sorte de dogme religieux climatique où toute remise en question est interdite. Il faut adhérer. Pourtant, d'autres approches existent...