Sciences

L'aspartame, faux sucre, vrai danger ?

Par Judikael Hirel - Publié le 19/09/2023 - Photo : Pixabay

C'est un des paradoxes de notre époque : on peut vous conseiller un médicament, un vaccin voire un aliment durant des années, pour finir par vous apprendre qu'en réalité, cela pouvait se révéler dangereux pour votre santé. C'est ainsi : bien des avis médicaux changent au fil du temps. C'est le cas pour l'aspartame, ce faux sucre dont on nous vante pourtant les mérites depuis des décennies, et que l'on retrouve dans bon nombre des produits achetés et consommés en France au quotidien. Depuis les yaourts et les chewing-gums, en passant par les sodas, et bien sûr les « sucrettes » des amateurs de café, l'aspartame s'est invitée un peu partout depuis son apparition dans les années 1980. Cet additif alimentaire prenant la forme d'une poudre blanche donne un goût sucré à tout et n'importe quoi. Il faut dire que son pouvoir sucrant est environ 200 fois supérieur à celui du sucre, l'un des pires ennemis de notre organisme, au potentiel addictif aussi important que celui de l'alcool et de la cocaïne.

Hélas, l'aspartame, elle non plus, n'est pas sans défaut. Bien au contraire : elle vient d'être classée "possiblement cancérogène" par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Une annonce qui a fait l'effet d'un véritable tremblement de terre dans le monde de l'industrie agro-alimentaire, qui raffole de cet édulcorant. Les conclusions de cet organisme faisant partie l'Organisation mondiale de la santé (OMS), parues dans les colonnes de la revue scientifique The Lancet Oncology, sont en effet sans appel. Pour arriver à cet avis, les résultats de pas moins de 1300 études sur le cancer chez l'homme et l'animal de laboratoire ont été passés au crible. Et notamment une étude française d'envergure parue en mars 2022 et menée auprès de plus de 100 000 adultes entre 2009 et 2021. Selon elle, les personnes consommant le plus d'édulcorants, en particulier d'aspartame et d'acésulfame-K, présentaient un risque accru de développer un cancer, en particulier du sein ou lié à l'obésité. « Ces résultats ne soutiennent pas l'utilisation d'édulcorants en tant qu'alternatives sûres au sucre », concluait cette étude.

Pour autant, l'aspartame ne va pas être interdite. Étonnamment, le Comité mixte d'experts des additifs alimentaires (JECFA) n'est même pas allé jusqu'à préconiser d'abaisser la dose maximale recommandée au quotidien. En effet, pour l'instant, les études n'ont montré que des preuves « limitées » de cancer chez l'homme et l'animal, selon l'OMS. En attendant d'en savoir plus, le plus prudent est de limiter sa consommation d'aspartame au quotidien. Selon l'Agence européenne de sécurité des médicaments, la dose journalière admissible pour l'homme est de 40 mg par kilogramme de poids corporel. Soit, par exemple, 2 400 mg par jour pour une personne pesant 60 kg. À titre de comparaison, une simple canette de soda light à l'aspartame contient entre 200 et 300 mg. Le plus simple est de commencer par s'en passer, de ne pas sucrer son café… et de boire de l'eau !

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L’aspartame, "cancérogène possible" ?
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