Sport

Sécurité, identité : l'image de la France se joue aux JO

Par Philippe Oswald - Publié le 13/03/2024 - Photo : L'affiche officielle des Jeux Olympiques de Paris 2024 sur une pancarte de la Ville de Paris. (Riccardo Milani/Hans Lucas via AFP 2024-03-06)

À quatre mois de l'ouverture de Jeux Olympiques à Paris (26 juillet), les questions se bousculent sur leur organisation. Les principales portent sur la sécurité. « Un chantier titanesque » selon Les Échos (5 mars, en sélection). Auditionné le mardi 5 mars par la commission des Lois du Sénat, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a rappelé qu'il ne s'agit pas seulement de sécuriser Paris et l'Île-de-France puisque la flamme olympique arrivera à Marseille le 8 mai et parcourra la France via 65 villes étapes jusqu'au 26 juillet. Se tiendront alors la cérémonie d'ouverture dans la capitale puis les compétitions pendant plus de deux semaines, suivies des Jeux Paralympiques du 28 août au 8 septembre. Assurer la sécurité sur tant de lieux et pendant quatre mois est un défi vertigineux. Alors que la menace du terrorisme islamique, qu'il soit étranger ou « endogène » (en hausse selon la DGSI), reste particulièrement élevée en France, les JO offriraient des occasions idéales pour frapper en obtenant un retentissement mondial. Les attaques par drone sont particulièrement redoutées par ses services.

45.000 policiers et gendarmes seront mobilisés mais quel sera leur état de fatigue après leur sur-sollicitation pendant tant de mois ? Aux foules de spectateurs français et étrangers des JO s'ajouteront celles des autres événements sportifs et culturels de l'été ( Fête de la musique, 14 Juillet, Tour de France…) La cérémonie d'ouverture, vendredi 26 juillet, se déroulera en présence de 160 chefs d'État et de gouvernement et d'une foule limitée à 326 000 spectateurs par le ministère de l'Intérieur. Elle se déroulera le long de la Seine et non dans un stade. Cette première dans l'histoire des JO est présentée comme « audacieuse, originale et unique » par le site de Paris 2024 mais qualifiée de « folie criminelle » par le criminologue Alain Bauer (France 5, « C dans l'air » 31 mai). Dans un sondage Odoxa/Winamax/RTL publié le 7 janvier, 65 % des sondés se disent inquiets pour la sécurité pendant les Jeux — une hausse de trois points depuis le précédent sondage réalisé en octobre.

Par contrecoup, « la promesse populaire s'évapore » constate Ouest-France (6 mars). « On veut vraiment que la cérémonie soit populaire, ouverte à tous, unique en termes d'expérience, très innovante et qu'elle ait du sens pour les Français, qu'elle porte un message pour le monde », avait annoncé le président de la République au journal L'Équipe en juillet 2021. Ayant sans doute mesuré l'ampleur du défi, Gérard Darmanin a passablement écorné ce programme ambitieux devant la commission des lois du Sénat (5 mars). Le ministre de l'Intérieur a notamment expliqué que les 222 000 billets gratuits pour la cérémonie d'ouverture du soir ne seront plus ouverts au grand public mais distribués à la discrétion de l'État, des collectivités ou du comité d'organisation. Au total, il n'y aura plus « que » 326 000 spectateurs autorisés au lieu des 600 000 primitivement annoncés. « La cérémonie populaire est devenue une fête sur invitation » regrette Le Parisien (5 mars). Quant aux Parisiens, ceux qui n'auront pas déserté Paris doivent s'attendre à des déplacements de plus en plus restreints dans la capitale bien avant la cérémonie d'ouverture, avertit France info (6 mars). « La grande galère va commencer au 1er juillet », de l'aveu de Laurent Nunez, le préfet de police de Paris. Plusieurs ponts seront fermés progressivement et des zones entières seront bouclées pendant trois mois...Se déplacer dans la capitale l'été prochain va mériter le statut d'épreuve olympique ! S'y rendre risque aussi d'être un exploit : la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, a confirmé le 7 mars sur France info un préavis de grève pendant les Jeux olympiques.

Le prestige de la France sortira grandi de ces JO, parie le gouvernement. Il faut l'espérer. Mais la parution de l'affiche officielle n'a pas soulevé l'enthousiasme général. Outre son esthétique douteuse, la principale attaque qu'elle a subie porte sur l'effacement de la croix du Dôme des Invalides. Simple oubli ? Liberté de l'artiste ? Ou soumission au « wokisme » comme l'en accuse la droite ? Le 6 mars, alors que la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, défendait l'œuvre de l'artiste, devant le Sénat, le sénateur des Hauts-de-Seine, Roger Karoutchi, lui a lancé : « Vous pouvez peindre la tour Eiffel dans la couleur que vous souhaitez, mais vous ne pouvez pas enlever la croix du dôme des Invalides qui est là depuis Louis XIV. Vous ne pouvez pas changer l'histoire de France. » (Le JDD, 7 mars). Cette polémique sur l'affiche est devenue internationale : elle a valu à la France une retentissante admonestation (en français) du ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, prononcée le 7 mars devant les eurodéputés du Parti populaire européen (PPE), comme le rapporte Le Figaro (7 mars). Des propos largement commentés et soutenus par plusieurs figures de la droite française, comme François-Xavier Bellamy sur X. Son avis est aussi largement partagé dans son pays : « En Italie, la disparition de la croix des Invalides de l'affiche des JO soulève une vague de critiques » (L'Opinion, 7 mars).

La sélection
Le chantier titanesque de la sécurisation des JO de Paris 2024
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