
Une première femme nommée archevêque de Canterbury
Un peu d'histoire… Le roi d'Angleterre Henri VIII veut répudier sa femme, Catherine d'Aragon, qui ne lui a pas donné de fils. Il demande au pape Clément VII d'annuler son mariage, ce que ce dernier ne lui accorde pas. En réponse à l'excommunication du pape, Henri VIII fait voter par le Parlement anglais, en 1534, « l'Acte de suprématie » qui proclame le roi, seul chef suprême de l'Église d'Angleterre. Thomas More, nommé « ambassadeur extraordinaire », puis « chancelier du roi », paiera de sa vie sa fidélité à Rome.
Dans le cas de la Grande-Bretagne, le contexte d'un schisme déclaré n'est pas neutre, car, dans la constitution anglaise, le roi est chef de l'Église d'Angleterre. Il a donc une charge morale sur l'Église anglicane dans une partie du monde :
· Le roi (ou la reine) est le chef temporel de l'Église d'Angleterre.
· Le clergé (évêques, archevêques) dirige la vie religieuse, mais reconnaît l'autorité du souverain.
· Le roi Charles III porte toujours ce titre de « Gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre ».
L'Église anglicane est ainsi une Église nationale, liée à la Couronne, bien que la succession apostolique ne soit pas respectée. Un « catholicisme » sans pape mais avec un roi. La Communion anglicane regroupe environ 110 millions de fidèles en 2024. Toutes ces Églises sont en communion avec le siège de Cantorbéry, qui les réunit lors de la conférence de Lambeth, tous les dix ans à partir de 1888, et, depuis 1968, au sein d'un conseil consultatif qui se réunit tous les 3 ans. Ainsi, l'archevêque de Cantorbéry, par sa personne et son ministère, est le point unique de convergence : il incarne l'unité anglicane auprès du roi.
Or, depuis le 3 octobre, coup de théâtre… « C'est une forme d'OPA » : l'élection de Sarah Mullally plonge la Communion anglicane dans la crise. La réaction n'a pas mis longtemps à se faire entendre. Dans une déclaration du 16 octobre 2025, le Gafcon (Global Anglican Future Conference), mouvement de primats conservateurs au sein de la Communion anglicane, a annoncé rejeter les instruments qui maintenaient la Communion, et être désormais la seule vraie Communion anglicane. Déjà, en 2022, les primats des communautés du Rwanda, de l'Ouganda et du Nigeria avaient refusé de participer à la conférence de Lambeth. Depuis 1992, date de l'ordination sacerdotale de la première femme, on parle de plusieurs centaines de prêtres et de quelques évêques déclarant avoir rejoint Rome.
Enfin, plus tôt dans l'histoire, le cardinal John Henry Newman se convertissait au catholicisme en 1845, et il sera déclaré, le 1er novembre prochain, 38e docteur de l'Église catholique.
Le titre de « Docteur de l'Église » est attribué canoniquement à certains théologiens, philosophes et mystiques chrétiens, qui ont apporté une contribution exceptionnelle à la doctrine de l'Église catholique, tant en matière philosophique que spirituelle.
Un Anglais, par-dessus tout anglican, contribue explicitement aujourd'hui au dépôt de la foi catholique, et enrichit particulièrement la tradition de l'Église par son discours sur le primat de la conscience et de la vérité, tant dénigrés aujourd'hui.
« La conscience est une loi de notre esprit, mais qui va au-delà de lui, elle nous donne des ordres, elle signifie responsabilité et devoir, crainte et espérance […] La conscience est la messagère de celui qui, tant dans le monde de la nature que dans celui de la grâce, à travers un voile, nous parle, nous instruit et nous gouverne. La conscience est le premier de tous les vicaires du Christ. » Lettre au duc de Norfolk (1874). « Il y a donc une vérité ; il n'y a qu'une vérité ; […] La recherche de la vérité n'est pas pour la satisfaction de la curiosité ; sa conquête n'a rien de l'excitation d'une découverte ; l'esprit n'est pas au-dessus de la vérité. » L'Idée d'Université (1852).
Enfin, pour couronner la situation (loin de moi le jeu de mots !), les 22 et 23 octobre 2025, le roi Charles III s'est rendu à Rome pour une visite d'État sans précédent et a prié avec le pape Léon XIV, dans la chapelle Sixtine : une première depuis cinq siècles sur fond de schisme anglican et de renoncement spirituel du Royaume-Uni.
C'est un moment d'histoire, mais aussi un symbole chargé d'ambiguïtés : pour la première fois depuis la Réforme, un monarque britannique a prié publiquement avec un pape, alors que jamais la monarchie britannique n'avait semblé à ce point flotter entre fidélité à son passé et capitulation devant les courants idéologiques de son temps.
Cette crise interne, d'une gravité inédite, place le roi Charles dans une position délicate. Chef d'une Église désormais divisée, il s'est rendu au Vatican comme représentant d'une institution que beaucoup jugent en crise morale et doctrinale. Pour de nombreux observateurs, cette prière commune entre le pape Léon XIV et le roi Charles III a donc une portée prophétique : au moment où l'anglicanisme institutionnel s'effondre, le geste du monarque pourrait symboliser un retour du cœur vers la catholicité d'origine.
L'évêque de Londres, Sarah Mullally, a été nommée vendredi 3 octobre archevêque de Canterbury, devenant ainsi la plus haute responsable religieuse de l'Eglise d'Angleterre et chef spirituel des anglicans.
Cette nomination provoque un schisme au sein de l'Église anglicane.
Le cardinal John Henry Newman, ancien anglican converti au catholicisme, sera déclaré docteur de l'Église catholique le 1er novembre.
Depuis 5 siècles, jamais le roi d'Angleterre n'avait rencontré le pape. Le roi Charles III et le Pape Léon XIV se sont rencontrés et ont prié ensemble le 23 octobre.