
Le pouvoir des « sages » et autres conseillers d'État fait débat
Un doute grandissant plane sur l'impartialité des « sages » et autres hauts conseillers qui ne sont pas élus, mais nommés par le pouvoir exécutif. Au micro d'Europe 1 (29/08/2024), Sarah Knafo pointait la domination de « la gauche bien pensante » dans ces instances supérieures, dont les dirigeants sont nommés par le président de la République : « Vous prenez les trois institutions les plus importantes en France [...] le Conseil d'État, le Conseil constitutionnel et la Cour des comptes. Elles sont toutes les trois dirigées par des socialistes », soulignait-elle, en rappelant que le PS avait réalisé le pire score de son histoire à l'élection présidentielle de 2022 (la candidate socialiste Anne Hidalgo n'avait récolté que 1,75 % des suffrages).
À la tête du Conseil d'État, la plus haute autorité administrative française, Didier-Roland Tabuteau porte le titre de vice-président. Cette appellation, explique le site du Conseil d'État, « est le lointain souvenir de l'époque où le Conseil d'État était effectivement présidé par le chef de l'État ou par une autorité politique ». Europe 1 (15/02/2025) présente Didier-Roland Tabuteau comme « un haut magistrat marqué très à gauche [...]. Entre 1988 et 2002, il est passé par plusieurs cabinets socialistes sous Mitterrand, puis Jospin [...]. Ces dernières années, il a publiquement défendu des réformes de gauche, comme l'instauration d'une grande sécurité sociale absorbant les mutuelles. […] Le choix de Didier-Roland Tabuteau revient [...] à assumer une vision très politique du domaine juridique, loin de la tradition administrative française... ».
Le président du Conseil constitutionnel est Richard Ferrand. Membre du Parti socialiste de 1980 à 2017, il est élu député en 2012. Rapporteur général de la loi Macron à l'Assemblée nationale, il devient, en 2016, secrétaire général du mouvement macronien « En marche », renommé ensuite « La République en marche » (LREM), puis « Renaissance ». Il était ministre de la Cohésion des territoires dans le premier gouvernement d'Édouard Philippe lorsqu'en juin 2017, menacé par l'affaire judiciaire dite « des Mutuelles de Bretagne », il quitta le gouvernement... pour devenir président du groupe LREM à l'Assemblée nationale. L'année suivante, il accède à la présidence de l'Assemblée. Il occupera ce poste jusqu'à son échec électoral aux législatives de 2022. Le 20 février 2025, il est nommé président du Conseil constitutionnel par Emmanuel Macron, après une approbation parlementaire obtenue de justesse.
Le premier président de la Cour des comptes est Pierre Moscovici. Membre du Parti socialiste jusqu'en 2020, il a été député européen entre 1994 et 1997, puis entre 2004 et 2007, période au cours de laquelle il a été vice-président du Parlement européen. Il a été ministre français de l'Économie et des Finances de 2012 à 2014, pendant la présidence de François Hollande. Il vient d'annoncer son départ prochain de la Cour des comptes après cinq ans à sa tête. La France – ou plutôt son exécutif – a proposé sa candidature comme nouveau membre français à la Cour des comptes européenne, à Luxembourg. Proposition qui sera soumise au Parlement européen et au Conseil européen cet automne, en vue d'une nomination à partir du 1er janvier 2026 (Le Figaro, 18/09/2025).
Le 16 juillet 2025, la nomination à la Cour des comptes de l'ex-députée socialiste Najat Vallaud Belkacem, également ancienne ministre de l'Éducation nationale (2014-2017), réactivait la suspicion d'un entre-soi partisan. « Comme deux autres ministres de François Hollande avant elle, la socialiste Najat Vallaud-Belkacem a été nommée à la Cour des comptes », remarquait Ouest-France (20/07/2025). « La socialiste, soutenue par le président de la Cour, Pierre Moscovici, essuie de nombreuses critiques...». À ce propos, Le Monde (18/07/2025) rapportait ces interrogations de Sarah Knafo sur X : « Pourquoi ? Quelles compétences pour mériter d'entrer dans cette si belle institution ? Quel concours ? » (NDLR : Najat Vallaud-Belkacem a échoué deux fois à l'ENA.)
L'impact sur l'opinion publique de telles interrogations croît proportionnellement à la désaffection du chef de l'État dans les enquêtes des instituts de sondage. Dans le dernier baromètre Ifop-JDD (20/09/2025), Emmanuel Macron ne recueille que 17 % d'opinions favorables, soit 83 % de défavorables, un record d'impopularité : « Jamais Emmanuel Macron n'avait flirté d'aussi près avec le record d'impopularité de François Hollande : 13 % de satisfaits à l'automne 2014 », commente le JDD. « Macron perd pied même dans son propre camp : il recule de 14 points parmi les électeurs qui l'ont réélu en 2022. Ils ne sont plus que 45 % à lui rester fidèles. » Or, ajoute l'hebdomadaire, si les prédécesseurs du président de la République ont tous subi un « désamour » dans les derniers mois de leurs mandats, « Macron, lui, doit encore tenir dix-neuf mois avant la fin programmée de son second quinquennat. »
En lien ci-dessous, Sarah Knafo, députée européenne et vice-présidente de Reconquête, dénonce la position du Conseil constitutionnel sur l'attribution aux étrangers d'aides sociales non contributives, au micro de BFMTV (07/09/2025 – vidéo à partir de 32:00).
Les membres du Conseil d'État, du Conseil constitutionnel, de la Cour des comptes ne sont pas élus, mais nommés par l'exécutif.
L'impopularité de l'exécutif alimente la défiance envers ces institutions du sommet de l'État.
D'autant plus qu'elles sont toutes les trois dirigées par un socialiste, alors que le PS cumule les défaites électorales.
