
Paris 2024, le vrai coût des jeux
Les cartes postales resteront dans les esprits, entre la tour Eiffel, la place de la Concorde et le château de Versailles. Tout comme les médailles de Léon Marchand. Quant à la cérémonie d'ouverture, elle tombera avec un peu de chance dans l'oubli. Mais combien les Jeux de Paris 2024 ont-ils vraiment coûté, finalement ?
Difficile de répondre à la question, même au lendemain de la publication d'un rapport de la Cour des comptes à ce sujet. Selon elle, la facture pour les finances publiques s'est élevée à 6,65 milliards d'euros, dont près de la moitié pour un dispositif sécuritaire impeccable, mais ruineux, ayant supposé d'interdire de congés l'ensemble des forces de police et de gendarmerie, tout en faisant largement appel à la sécurité privée. Ce nouveau calcul affiche près de 700 millions d'euros de plus que la première évaluation faite par la Cour, dans une note d'étape publiée le 23 juin dernier. En fin de compte, ces jeux auraient donc coûté trois fois plus que les prévisions faites en 2018. Pour autant, nul ne parle de dérive. Qui plus est, si l'on compare ce montant aux dernières olympiades : seules celles de Sydney (2000) et Atlanta (1996) auraient été moins coûteuses, en des temps où les contraintes sécuritaires n'avaient rien à voir avec celles d'aujourd'hui. Les magistrats financiers ont établi les dépenses publiques liées à l'organisation des Jeux à 3,02 milliards pour les dépenses de sécurité et 3,63 milliards d'euros pour les infrastructures, une fois intégré l'ensemble des coûts pour les collectivités territoriales.
Si l'on en croit la Cour des comptes, le résultat financier final de ces jeux est sans commune mesure avec les investissements faits. « La question, c'est combien ça coûte. Pour le contribuable et le citoyen, il faut faire le coût global [...], et je ne vois pas pourquoi on cacherait ce chiffre », a estimé Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, en présentant son rapport au Parlement. « Forcément, ces événements ne génèrent pas des recettes correspondant aux dépenses. C'est un investissement pour la nation. » L'argument se défend. Le Comité d'organisation des Jeux olympiques (Cojop) avait, quant à lui, chiffré ses recettes à 4,49 milliards d'euros, pour des dépenses de 4,41 milliards. Mais un mensonge mille fois répété finit-il par se métamorphoser en vérité ? En effet, il suffit de ne pas « flécher » une dépense ou de la minorer pour embellir la mariée olympique. Ainsi, alors que Paris 2024 annonçait jeudi un solde positif de 26,8 millions d'euros pour un budget de 4,4 milliards d'euros, la facture finale était en fait estimée, à l'hiver 2024, entre 9 et 11 milliards d'euros, une fois prises en compte les dépenses de la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) – 4,5 milliards, dont 2,3 milliards d'argent public, et 2,2 milliards apportés par des acteurs privés. Sans oublier les autres dépenses engagées par l'État, entre 1,77 et 2,32 milliards d'euros. Selon une estimation en annexe au projet de loi de finances 2025. De quoi rendre Paris 2024 largement déficitaire, même sans réimputer le salaire et les primes des fonctionnaires étant intervenus dans le cadre des jeux parisiens... Les magistrats soulignent par ailleurs que « l'effet positif » des Jeux sur l'activité économique en 2024, a été « revu à la baisse en raison des effets d'éviction », ces visiteurs qui ne sont pas venus du fait des épreuves, et ayant entraîné une baisse de la fréquentation touristique : « Outre ces effets d'éviction, l'organisation des Jeux s'est traduite par des perturbations encore difficiles à quantifier », souligne la Cour, « notamment des restrictions de circulation et d'accès dans les zones d'accueil des compétitions et des cérémonies. »
Reste un dernier casus belli comptable : la facture sidérante de l'assainissement de la Seine, afin qu'il soit possible d'y organiser des épreuves, puis de s'y baigner durablement. En effet, le rapport de la Cour des comptes ne retient que 331 millions d'investissements publics réalisés pour assurer la baignabilité de la Seine. Soit un écart de 1,4 milliard d'euros par rapport aux estimations circulant sur le sujet. Combien ont réellement coûté les travaux d'assainissement ? La Cour des comptes botte en touche en soulignant la difficulté de différencier le coût lié aux JO de Paris 2024 de celui de l'entretien courant du fleuve. Avec un coût finalement estimé « entre 200 millions et 1 milliard d'euros », ces estimations n'ont donc pas été intégrées à l'enveloppe officielle imputée aux Jeux olympiques parisiens. Autrement dit, on peut considérer que le plan baignade a coûté environ un milliard d'euros au contribuable, mais que seuls 200 millions d'euros, soit un cinquième, seraient directement imputables à Paris 2024. Des montants à rapprocher des 100 000 personnes à s'être baignées dans la Seine l'été dernier…
- Un rapport de la Cour des Comptes revoit à la hausse le coût de Paris 2024.
- La facture pour les finance publiques s'est élevée à 6,65 milliards d'euros.
- La moitié du budget aura été consacré à la sécurité.
- Mais quid du coût réel de l'assainissement de la Seine ?