
Giorgia Meloni, d'ennemi à exemple public numéro 1
L'actualité italienne a été marquée par la décision de l'agence Fitch de relever la note du pays, une première depuis près de dix ans. L'agence évalue des critères purement comptables (cet article se basera sur son analyse, comme le fait le système mondial). S&P a aussi relevé sa note. Moody's, plus prudente, l'a maintenue (avec perspective positive). Le déficit a été divisé par plus de deux, passant de 7,2 % du PIB en 2023 à environ 3,4 % en 2024, et devrait se situer sous les 3 % en 2026. Le chômage, en baisse constante, est tombé à 6 %, sous la moyenne de l'UE (6,8 %) et devant la France (7,5 %). Fitch souligne aussi une meilleure lutte contre la fraude, tandis que les dépenses publiques restent contenues sans hausse des impôts (notamment grâce à la suppression de son « RSA » et au ciblage des aides). L'inflation est passée d'environ 6 % à 1 %.
La croissance devrait atteindre 0,6 % en 2025, puis 0,8 % en 2026-2027. Un rythme faible au regard d'économies comparables (en moyenne 2,5 %), mais supérieur aux prévisions d'avant Meloni. À l'international, l'Italie encaisse plus qu'elle ne dépense. Ses échanges extérieurs dégagent un excédent équivalent à 1,1 % de sa richesse nationale. Le pays possède désormais plus d'actifs à l'étranger qu'il n'a de dettes, une première en vingt ans. La dette publique, stabilisée autour de 135 % du PIB, est toujours abyssale, mais en recul (155 % en 2020). Fitch souligne que ce redressement repose en grande partie sur le plan de relance européen, dont l'Italie est le premier bénéficiaire, devant l'Espagne. Ce qui lie Rome à Bruxelles, malgré les postures parfois hostiles de Meloni à l'égard de l'UE.
Il faut noter que l'Italie, c'est presque 2 pays en 1 avec un Nord industriel et riche, face à un Sud plus pauvre et dépendant. Les discordes et les écarts économiques, culturels et sociaux sont immenses. Fait peu connu, il n'y a pas de revenu minimum, et tout repose sur des accords de branche ou sur la négociation individuelle, rendant l'emploi précaire et les salaires faibles. Fitch pointe aussi la bureaucratie et la faible productivité comme des freins, reflets d'un mode de vie où le rapport au temps et au travail s'accorde mal avec performance et digitalisation. Le taux de natalité, toujours très bas (une constante dans l'UE), reste une préoccupation majeure. La précarité du travail et le manque de perspectives apparaissent comme les causes principales. Traditionnellement, les femmes occidentales ont tendance à ne pas faire d'enfants si elles ne peuvent pas les assumer. La diffusion d'idéologies très occidentales « anti-vie » (écoanxiété, apologie accrue du célibat et de la liberté sexuelle, rejet des modèles traditionnels, mouvance « no-kids »…) peut expliquer aussi ce phénomène.
Giorgia Meloni cherche à réaffirmer un modèle familial et culturel traditionnel, et à maîtriser les flux migratoires, une orientation souverainiste toujours assumée. En Italie, la séparation du politique et du religieux existe, mais sans la notion, unique au monde, de laïcité française. Le christianisme y demeure un repère collectif. L'enseignement religieux catholique reste proposé dans les écoles publiques, le mariage religieux a valeur civile, et l'État verse chaque année une part des impôts à l'Église (entre autres), à hauteur du « otto per mille » (8 € pour 1 000 €). Comme le fait n'importe quel pays à majorité musulmane, l'Italie agit en cohérence avec sa culture majoritaire et historique. Mais la cohérence chrétienne semble moins tolérée. Meloni a ajusté sa politique migratoire, en assouplissant certaines voies de migration régulière (gardant toujours une fermeté sur l'immigration illégale et les règles de citoyenneté). Visée par une plainte pour « complicité de génocide » du collectif Juristes et avocats pour la Palestine, elle est accusée de soutenir Israël faute d'adhérer pleinement à la mouvance propalestinienne. En réalité, elle a précisé que la reconnaissance d'un État ne pourrait intervenir qu'après la libération des otages et l'exclusion du Hamas de tout rôle gouvernemental.
Son gouvernement a restreint l'accès des couples LGBT à la parentalité (le « droit à l'enfant » n'existe pas). Comme évoqué dans la LSDJ n°2393, Meloni a bien fait adopter une loi qualifiant la GPA de « crime universel ». Le texte durcit l'interdiction en Italie, et pénalise aussi les Italiens qui y auraient recours à l'étranger. En adéquation avec la position de l'ONU ainsi qu'avec la logique plurimillénaire de l'humanité, car, comme le dit Marie-Estelle Dupont, « l'utérus de la femme n'est pas un Airbnb ». Parallèlement, son gouvernement a bloqué l'introduction de la « théorie du genre » à l'école. L'Italie n'a jamais légalisé les transitions chez les mineurs (certaines structures qui les pratiquaient ont été suspendues). L'exécutif refuse toute reconnaissance d'autres genres, et a bloqué une directive européenne sur la reconnaissance mutuelle du changement de sexe. Elle a également fait adopter une loi renforçant les sanctions contre les actions militantes, y compris non violentes, créant de nouveaux délits, comme la « résistance passive » (blocage de route, par exemple). Son parti a gagné 4 points depuis son élection : aujourd'hui, elle serait réélue.
- Giorgia Meloni signe le redressement macroéconomique le plus net depuis 10 ans. Fitch saluant une rigueur budgétaire et une stabilité politique assez inédite en Italie.
- Une réussite en partie dû au plan de relance Européen dont elle est première bénéficiaire, devant l'Espagne.
- Elle assume toujours une ligne souverainiste, dans l'optique de préserver l'identité chrétienne du pays.
- L'Italie n'a pas sombré dans l'idéologie woke et poursuit une ligne claire.