Mondial-2022 : Große Katastrophe !
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Mondial-2022 : Große Katastrophe !

Par Louis Daufresne - Publié le 02/12/2022 - Photo : Adrian Dennis / AFP
Qu’on soit footeux ou pas, ce qui arrive à l’Allemagne ne nous est jamais indifférent. La ligne blanche demeure la ligne bleue des Vosges et le ballon un sommet d’Alsace surveillant le Rhin. Que l’équipe teutonne soit évincée dès le premier tour de la Coupe du monde au Qatar est perçu comme un signe du déclin germanique. Le colosse chancèle, aspiré par son trou noir démographique, avec ses Mercédès et sa Mannschaft, comme si le foot opérait une mise à niveau géopolitique. « Pour moi, c'est une catastrophe absolue, si ça devait être mon dernier match », s'écrie Thomas Müller au micro de la chaîne publique allemande ARD. « On a un sentiment d'impuissance », ajoute l’attaquant légendaire.

L’Allemagne impuissante. Qui eût imaginé pareil oxymore pour un pays si prompt à déborder de lui-même, à trouver dans son commerce extérieur indécent ce que ses frontières politiques l’empêchent de réaliser depuis 1945 ?

L’Allemagne éliminée par le Japon, cette Prusse orientale, tout aussi vieillissante que son ancien allié de l’Axe, et que le Mondial vient d’inscrire au tableau d’honneur des équipes montantes.

L’Allemagne sortie pour quelques millimètres…

Car enfin, que s’est-il passé lors de cette soirée de folie ?

Le groupe E offrait deux affiches : Japon-Espagne à Doha et Allemagne-Costa-Rica à Al-Khor. Pour se qualifier, les Allemands doivent gagner, ce qu’ils ont fait (4-2), mais surtout l’Espagne ne doit pas perdre, ce qu’elle n’a pas fait (1-2). Un match nul suffisait à nos cousins germains, quadruples champions du monde, pour aller en huitièmes de finale et renvoyer le Japon dans son archipel.

Tout commence bien pour la Mannschaft comme pour la Roja : Alvaro Morata marque dès la 12e minute pour les Espagnols et Serge Gnabry dès la 14e pour les Allemands. Espagne et Allemagne sont alors qualifiées.

Au retour des vestiaires, le Japon met le feu dans la surface espagnole, égalise par Ritsu Doan (48e), puis prend l'avantage dans la foulée par Ao Tanaka (51e). Deux buts validés après recours à la VAR (Video Assistant Referees, assistance vidéo à l’arbitrage). Le Japon et l'Espagne ont alors leur ticket pour les huitièmes.

La soirée se corse quand le Costa Rica rattrape l'Allemagne grâce à Yeltsin Tejeda (58e). Espagne et Japon sont toujours qualifiés, mais le Costa Rica menace la deuxième place de la Roja et l'Allemagne plonge tout en bas du tableau ! Un seul but costaricien et Espagne et Allemagne sont éliminées.

Les Allemands touchent trois fois les poteaux et le scénario fou se produit quand, à la 70e minute, Juan Pablo Vargas trompe Manuel Neuer. Le mur vient de tomber : à 36 ans, le gardien emblématique des champions du monde 2014, le plus capé de l'histoire de la Coupe du monde, symbolise le naufrage teuton, le but étant attribué à Neuer contre son camp, le tout après un nouveau recours à la VAR.

À 2-1 pour le Costa Rica, les coéquipiers de Keylor Navas sont en huitièmes avec le Japon, en tête du groupe ! Cette qualification virtuelle dure seulement trois minutes. Kai Havertz égalise à la 73e, puis s’offre un doublé à la 85e. Niclas Füllkrug plante un quatrième but pour l'Allemagne en fin de match (89e).

Hélas pour la Mannschaft, dans l'autre rencontre, les Nippons ne craquent pas face aux Ibères. À Doha, quand le match arrive à son terme, on joue toujours entre Costariciens et Allemands. Puis l'arbitre française Stéphanie Frappart siffle la fin de la rencontre. L'Allemagne est éliminée, dès le premier tour et ce pour la deuxième Coupe du monde consécutive !

Quid de ce but japonais, véritable coup de sabre dans les tripes germaniques ? À la 51e minute, quand Kaoru Mitoma se jette sur une passe trop profonde pour la remettre dans l’axe sur le buteur Ao Tanaka, le ballon franchit-il la limite du terrain ? La 9e loi du football est formelle : le ballon est considéré comme hors du jeu quand « il a entièrement franchi la ligne de but ou la ligne de touche, à terre ou en l'air ». Or les images et le ralenti ne permettent pas de juger si la circonférence du ballon (et non seulement son point de contact avec la pelouse) mord sur la ligne. L'arbitre sud-africain Victor Gomes accorde le but après visionnage de la VAR.

Dedans ou dehors ? Pour le sélectionneur espagnol, ce n’est pas un fait d’Ibère. Luis Enrique, un rien complotiste, crie à la magouille : « J'ai vu une photo qui doit être truquée ou manipulée, parce que c'est impossible que cette photo soit vraie ! J'ai senti qu'il se passait quelque chose de louche quand la VAR mettait autant de temps à se décider ».

Résigné, le quotidien allemand Die Welt constate que « dedans ou dehors, quelques millimètres décident de l'élimination de l'Allemagne. » Moins de deux ans avant son Euro, ce nouvel échec dès les phases de poules d'un Mondial « fait incroyablement mal », confie Thomas Müller. Mais les Allemands, quand ils sont humiliés, savent se refaire pour revenir encore plus fort.

Bien sûr, on préfère les voir en crampons plutôt qu'en bottes cloutées.
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Japon-Espagne : pourquoi l'angle de la caméra peut être trompeur pour juger la sortie du ballon
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