Le meilleur des mondes technocratique des nouveaux écologistes
Écologie

Le meilleur des mondes technocratique des nouveaux écologistes

Par Ludovic Lavaucelle - Publié le 15/11/2022 - Photo : Shutterstock
L’écologie a muté… A l’origine fondamentalement conservateur et préconisant le retour aux racines, le mouvement environnementaliste a été vite confisqué par la gauche libertaire. D’où sa mutation profonde. Or les nouveaux écologistes sont aujourd’hui au sommet de la technocratie mondiale. Milliardaires de la Silicon Valley, chefs d’Etats, ils se retrouvent à des grand-messes comme la dernière COP27… Le monde des affaires leur est soumis : les entreprises reçoivent l’adoubement vert en présentant leurs plans de « développement durable ». Cette nouvelle aristocratie mondialisée est obsédée par les chiffres et l’efficacité. Comme le disait Sandrine Rousseau sur France Inter le 13 novembre à propos de la transition énergétique : « La priorité est d’être efficace c’est-à-dire de ne dépenser nos ressources que pour des choses essentielles ». Et les néo-écolos de 2022 sont devenus transhumanistes : ils préconisent un changement « systémique » pour sauver le monde grâce au progrès.

La mère de toutes les batailles est la lutte contre le réchauffement climatique. C’est un problème complexe qui confronte les experts à des phénomènes de longue durée alors que les mesures disponibles n’ont que 150 ans. Mais le message du « dérèglement climatique » martelé à l’école et par les médias, impose des mesures globales et conforte le rôle d’instances technocratiques. Pour elles, l’urgence climatique justifie toujours plus de contrôle... Dans un autre registre, la gestion de l’épidémie du Covid doit nous alerter : contrôlée par quelques ONG multinationales,  elle a conduit à des privations de liberté inédites (ne permettant que « l’essentiel »). Les fondations de Bill Gates ont dépensé pas moins de 10 milliards de dollars pour encourager la vaccination et conseiller les gouvernements. La pandémie a d’ailleurs été présentée comme une « opportunité » par Klaus Schwab, patron du Forum Economique Mondial, pour accélérer la « 4ème révolution industrielle » qui doit permettre d’effacer les frontières entre le virtuel et le réel, y compris biologique.

Pour cette élite mondiale qui a intégré l’écologie dans son évangile transhumaniste, « l’essentiel » est ce qui peut se quantifier. Tout doit l’être pour que l’Homme passe à une étape supérieure d’intelligence. Même l’amitié peut se mesurer en nombre de « likes » sur Facebook… Toute activité humaine doit passer au crible de l’efficacité et de la durabilité puisque la crise climatique l’exige. Il y a les rebuts de l’humanité : « les gens qui ne sont rien » (Macron), les « déplorables » (Hillary Clinton) car ils présentent un bilan nul (les « inactifs »). Les artistes ne sont pas tous perdus : ceux qui propagent la bonne parole et ceux dont les œuvres contemporaines représentent un marché d’investissement juteux. Les indésirables sont ceux qui présentent un bilan environnemental négatif. Les petits fermiers sont visés. On a assisté aux tentatives d’expropriation aux Pays-Bas et, récemment, à la volonté du gouvernement néo-zélandais d’imposer une taxe sur les flatulences bovines. Ces bouseux encore accrochés à leurs lopins de terre sont les « intouchables » de la technocratie mondiale. On n’aura plus besoin d’eux pour se nourrir : une start-up finnoise vient d’obtenir l’autorisation de l’U.E. pour développer une nouvelle protéine « durable ». La technologie 3D pourrait bientôt nous permettre d’imprimer notre propre nourriture… Miam-miam… Les crypto-monnaies permettront de contrôler que chacun « dépense bien ».

Les avancées technologiques ont permis des progrès remarquables. Les mathématiques sont étroitement associées à la formation des langues complexes, à la conceptualisation… Mais les civilisations les plus brillantes, des Egyptiens aux Mayas, des Grecs au Romains antiques n’ont jamais rompu le lien avec le sacré. Les sociétés occidentales chrétiennes des constructeurs de cathédrales non plus… C’est un équilibre entre « mythos » et « logos » conservé tant bien que mal jusqu’à l’ère moderne. Un lien ténu relie les civilisations à la cime des sciences aux peuples dits « primitifs » à la racine de notre mémoire. Ceux qui entendent le sacré dans le vent ou le flot d’une rivière ont su conserver une connaissance intime de la nature que les sociétés plus « savantes » ont largement oubliée. Le grand écologiste qu’était Tolkien rappelle dans « Le Seigneur des anneaux » l’importance de « ceux qui ne sont rien » pour résister à « l’anneau de pouvoir ».

L’espoir des constructeurs de cette nouvelle Tour de Babel semble être de couper les hommes de leurs racines pour préserver la nature de leur joug. Fol espoir, juge Paul Kingsnorth (voir son essai en lien) : alors que la domination absolue de la raison aux dépens du sacré a tant abîmé la nature depuis 200 ans, le transhumanisme est une fuite en avant suicidaire. Nos « petits fermiers » comme les peuples dits « primitifs » sont les garants de notre attachement à la nature grâce au lien privilégié qu’ils ont su garder avec elle. Loin d’être « inutiles », ce sont aussi des sentinelles qui protègent notre liberté.
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