Société

La Fête de la musique n'a pas adouci les mœurs

Par Philippe Oswald. Synthèse n°2512, Publiée le 25/06/2025 - Photo :

Des rues jonchées de détritus le 22 juin 2025, lendemain de la Fête de la musique à Paris.

Crédits : Photo de Carine Schmitt / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP.
Fête ou défaite de la musique ? L'édition du 21 juin 2025 a été marquée par le déchaînement de violences auquel peu de festivités publiques échappent désormais. Avec, en prime, une épidémie de piqûres infligées à des jeunes femmes en métropole et Outre-mer. Un mot d'ordre pour les piquer avait été lancé sur les réseaux sociaux, sans doute pour les dissuader de participer à la fête.

« La Fête de la musique s'est déroulée cette année dans un climat particulièrement agité », rapporte sobrement RMC (23/06/2025). Cette « agitation » se solde par plus de 500 blessés, 371 interpellations, par « le retour en force des piqûres » contre des femmes (145 plaintes enregistrées en France et Outre-mer), par des viols et des violences de toutes sortes, dont « six personnes poignardées à Paris ».

Plus explicite, Le Figaro (22/06/2025) dresse « le bilan amer de la Fête de la musique » : « Le parquet de Paris recense de nombreux coups de couteau et agressions sexuelles (...) 14 personnes blessées se trouvent en urgence absolue (...) des magasins ont été pillés » et « treize membres des forces de l'ordre ont été blessés ». Les pompiers sont intervenus sur 51 feux de véhicules. Selon le parquet, « les infractions visées sont essentiellement des faits de violences volontaires, notamment sur personnes dépositaires de l'autorité publique, vols, ports d'arme prohibés, dégradations volontaires...». Enfin, « les Parisiens se sont réveillés dimanche matin dans une ville aux rues jonchées d'immondices...» Néanmoins, « la Fête de la musique s'est bien passée », a estimé le préfet de Paris Laurent Nuñez sur Cnews (23/06/2025). Manifestement, il avait craint bien pire.

Cette atmosphère n'aura guère été propice à la musique. Aura-t-elle jamais été si mal servie depuis la création de cette fête en 1982 par Jack Lang, alors ministre de la culture ? La cacophonie a frappé jusqu'aux oreilles du député de La France Insoumise (LFI) Aymeric Caron : « Il faut revoir la Fête de la musique à Paris, a-t-il écrit sur X. Il n'y est plus question de musique, de création, de familles, mais de machine à cash pour les bars sur fond de musique de DJ crachée à fond par des enceintes qui perforent les murs des appartements et mettent à mal les nerfs des Parisiens, parfois dès 14 heures, contre toute légalité. L'événement draine maintenant des foules avinées qui deviennent par moments dangereuses. Il faut revenir à l'esprit de la Fête de la musique originelle : permettre aux gens de descendre dans la rue faire de la musique, avec les instruments, mettre à l'honneur des groupes amateurs, et trouver les bons endroits pour les mettre en valeur. »

Le comportement des « foules avinées » qu'évoque le député de La France Insoumise pourrait aussi être attribué aux drogues. Quant à leur manière de faire la fête, les vidéos postées sur les réseaux sociaux parlent d'elles-mêmes, encore faut-il accepter de voir ce que l'on voit… La différence avec les scènes d'émeutes qui ont « salué » la victoire du PSG, le 31 mai (cf. LSDJ, n°2494), ne saute pas aux yeux. En revanche, comment ne pas reconnaître dans certaines séquences la prédominance de cette France « créolisée » que Jean-Luc Mélenchon appelle de ses vœux ?

Présent dès l'origine, le caractère idéologique de la Fête de la musique s'est renforcé d'année en année, relève Boulevard Voltaire (20/06/2025) : « Derrière l'image festive, l'événement naît aussi de choix politiques, d'enjeux sociaux et d'un esprit plus mondialiste que véritablement enraciné dans la culture française (…) À la place, c'est une vision mondialiste et uniformisée de la musique qui s'impose : techno, rap, reggae, jazz, musiques du monde, pop anglo-saxonne… Tous les genres se côtoient ainsi au nom d'une égalité culturelle qui entrave ce qui aurait pu être un véritable outil de promotion de la culture musicale française d'hier et d'aujourd'hui. » Convenons toutefois que cette orientation programmatique est logique si l'on pense, comme Emmanuel Macron, alors candidat à la présidentielle de 2017, qu'« il n'y a pas une culture française, il y a une culture en France et elle est diverse ». (07/02/2017)

La diversité de cette culture n'empêche pas qu'elle soit orientée : le programme du concert officiel de la fête de la Musique 2025, dans les jardins du Louvre, « aura des gros airs des JO » se réjouissait le Huffington Post (21/06/2025). Et pour cause, toujours selon le « Huffpost » : « On prend les mêmes et on recommence. Dix mois après la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Paris 2024, le trio gagnant Thierry Reboul, Victor Le Masne et Romain Pissene collabore pour un tout autre événement : la Fête de la musique. La programmation du samedi 21 juin rappellera certainement de bons souvenirs aux plus nostalgiques des Jeux Olympiques » – mais de moins bons souvenirs à ceux qui n'avaient pas goûté la parodie de la Cène ou de la décapitation de la reine Marie-Antoinette... On relevait le même bon goût dans le programme du Louvre, constate encore Boulevard Voltaire, avec, parmi « les plus beaux morceaux du répertoire des protest songs », des titres tels que « Un garçon pas comme les autres (Ziggy) », évoquant l'amour d'une femme pour un homosexuel, ou la prestation d'artistes tel que Rahim C. Redcar, « égérie de la non-binarité, dont l'ancien nom était Christine and the Queens, ainsi que Solann, artiste féministe engagée qui affirme poétiquement, dans sa chanson Rome, que « les putes comme moi portent les rêves des hommes ». Le nouvel amour courtois ?

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