L’avortement, caillou dans la chaussure de la France et de l’Union européenne
Société

L’avortement, caillou dans la chaussure de la France et de l’Union européenne

Par Philippe Oswald - Publié le 14/01/2022
On n’en a jamais fini à propos de l’avortement. Cette concession faite « à la détresse des femmes » en 1975 est devenue un « droit des femmes à disposer de leur corps ». Depuis 1975, en France, la loi relative à l’IVG a été révisée dix fois : progressivement toutes les mesures qui pouvaient soutenir les femmes enceintes en difficulté ont été supprimées. Les promoteurs de l’IVG veulent « toujours plus » d’incitation, toujours moins de prévention.

Le sujet revient sur le devant de la scène politique avec la proposition de loi (PPL) Gaillot « visant à renforcer le droit à l’avortement ». Cette PPL vient d’être rejetée par la commission des affaires sociales du Sénat, le mercredi 12 janvier 2022. Mais rappelons que le dernier mot revient toujours à l’Assemblée nationale qui avait adopté ce texte en deuxième lecture, le 30 novembre 2021. Les députés avaient alors adopté l’allongement du délai de recours à l’IVG instrumentale de 12 à 14 semaines, contre l’avis d’une grande partie du corps médical, l’autorisation pour les sages-femmes de pratiquer des IVG instrumentales jusqu’à 10 semaines de grossesse, et la pratique de l’IVG médicamenteuse en ville, jusqu’à sept semaines de grossesse. Le tout assorti de la suppression du délai de réflexion de 24 heures. Notons que ces dispositions lourdes de conséquences ont été votées avec une particulière désinvolture : seulement 21% des députés étaient présents dans l’hémicycle. Maintenant, la navette parlementaire va se poursuivre. Prochaine étape : l’examen de la PPL en séance publique au Sénat, le 19 janvier.

Dans cette affaire, le gouvernement, d’abord défavorable – à l’instar du président de la République lui-même –, à une nouvelle « libéralisation » de la loi (consistant principalement à permettre l’avortement jusqu’à la 14ème semaine et à lever la clause spécifique de conscience du personnel soignant – disposition qui a heureusement été supprimée de la PPL Gaillot), a cédé aux lobbies féministes. Et c’est à présent « à la demande du gouvernement », Olivier Véran en tête, que la PPL va être de nouveau examinée en séance publique par le Sénat, la semaine prochaine.

Notons qu’avec 222 000 avortements recensés en France en 2020, notre pays figure parmi les « mauvais élèves » de l’Europe : c’est deux fois plus d’IVG qu’en Allemagne et qu’en Italie. Pour autant, aucune alternative ni soutien spécifique aux femmes ne sont proposés dans cette loi. Pour Caroline Roux, Directrice générale adjointe d’Alliance VITA : « Beaucoup des femmes qui s’adressent au service d’écoute d’Alliance VITA confient leur détresse et les situations douloureuses dans lesquelles elles se trouvent. Plutôt qu’allonger les délais, l’urgence est à la protection des femmes contre les violences et les pressions spécialement masculines mais aussi sociales et économiques par la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention de l’IVG. »

Qu’importe en réalité cette détresse aux parlementaires de la majorité et au gouvernement : « Tôt ou tard, ce texte sera voté », redoute Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune. « Sauf, ajoute-t-il, si on arrive à jouer la montre et à faire en sorte que ce projet de texte n’ait pas le temps de se concrétiser pour des raisons de calendrier ».

Quoi qu’il advienne, les objecteurs de conscience ne renoncent pas à faire entendre leurs voix. Trois jours avant le vote des Sénateurs en deuxième lecture, le 19 janvier, se déroulera la traditionnelle Marche pour la Vie, à Paris, le dimanche 16 janvier prochain.

Ces courageux manifestants ont raison de ne pas baisser les bras. Des signes inespérés surgissent parfois là où on les attend le moins. Des instances européennes, en l’occurrence. À la stupeur générale, et à la grande fureur des lobbies féministes, une adversaire revendiquée de l’avortement, la députée européenne maltaise Roberta Metsola, 42 ans, candidate du PPE, serait en position favorable pour être élue Présidente du Parlement européen le 18 janvier prochain, deux jours après la Marche pour la vie et la veille de l’examen de la PPL Gaillot par les Sénateurs. Elle succéderait à l’italien David Sassoli, en fin de mandat, récemment décédé. Rappelons que Malte est avec l’Andorre, l’un des rares pays de l’Union à interdire l’IVG (fortement restreinte en Pologne et en Hongrie). Selon Ouest-France (en lien ci-dessous), la Maltaise serait « la mieux placée pour succéder à l’Italien David Sassoli à la présidence du Parlement européen ».
La sélection
L’avortement, caillou dans la chaussure de la France et de l’Union européenne
Qui est Roberta Metsola, la Maltaise anti-IVG qui brigue la tête du Parlement européen en janvier ?
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