Écologie

L'alarmante raréfaction des animaux sauvages

Par Philippe Oswald - Publié le 30/10/2018 - Photo :
C'est un vibrant cri d'alarme que lance le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) dans le 12e rapport « Planète vivante », publié ce 30 octobre avec la Société zoologique de Londres, basé sur le suivi de 16 700 populations de 4 000 espèces avec le concours d'une quarantaine d'universités. Selon ce rapport, 60 % de vertébrés sauvages -mammifères, oiseaux, poissons, amphibiens, reptiles- ont disparu de la Terre en quarante-quatre ans (entre 1970 et 2014, année des derniers recensements fiables). Les zones tropicales sont particulièrement affectées avec 89 % d'animaux sauvages disparus en Amérique centrale et en Amérique du sud, surtout à cause de la perte de leurs habitats avec la déforestation. Le cri d'alarme du WWF relaie d'autres études récentes montrant l'appauvrissement de la biodiversité, par exemple les chutes de populations d'abeilles (cf. LSDJ n°370 ), principalement à cause des pesticides utilisés dans l'agriculture intensive.

Déforestation, pesticides, épuisement ou artificialisation des sols, extraction minière, urbanisation, le problème est mondial, même si les attaques contre la biodiversité sont plus spectaculaires en Afrique ou en Amérique latine. Mais avant de pointer du doigt un pays comme le Brésil pour la déforestation massive qu'il pratique pour cultiver du soja, il faut remarquer qu'en important ce soja pour nourrir nos poulets, nous poussons à cette déforestation, observe le responsable agriculture et alimentation de WWF-France. Il fait une remarque analogue à propos de la diminution des zones humides où vivent 10 % des espèces d'animaux sauvages connues dans le monde : en France, la surface des zones humides a été divisée par deux en trente ans, entraînant une chute de 60 % de la biodiversité (83 % depuis 1970 dans le monde).

Marco Lambertini, directeur général du WWF International, lance un appel d'urgence aux nations pour « un nouvel accord global pour la nature et les hommes ». « Préserver la nature ce n'est pas juste protéger les tigres, pandas, baleines », souligne-t-il. « C'est bien plus vaste : il ne peut y avoir de futur sain et prospère pour les hommes sur une planète au climat déstabilisé, aux océans épuisés, au sol dégradé et aux forêts vidées, une planète dépouillée de sa biodiversité ».

A la Conférence mondiale sur la biodiversité, programmée en 2020 à Pékin, les Etats seront appelés à renforcer leurs engagements pour protéger la nature. Se mettront-ils d'accord ? L'espoir viendra peut-être de l'économie qui commence à souffrir de la dégradation de la nature, par exemple avec la diminution du stock de pêche ou du rendement des céréales. Les intérêts économiques de l'industrie agroalimentaire finiront peut-être par prendre le relais de considérations éthiques moins contraignantes…
La sélection
Rapport Planète Vivante 2018 : 60 % des populations d'animaux sauvages perdues en 40 ans
WWF-France
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