Israël, Palestine, Iran : nouvelle spirale de la mort ?
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Israël, Palestine, Iran : nouvelle spirale de la mort ?

Par Peter Bannister. Synthèse n°1815, Publiée le 06/02/2023 - Oren Rozen / Wikimedia Commons
Depuis le début de l'année, on observe une escalade alarmante de la violence entre Israéliens et Palestiniens, une « spirale de la mort » (le Pape François) qui fait planer le spectre d'une troisième Intifada dans les territoires occupés, où l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas contrôle de moins en moins la situation. Ce ne sont évidemment pas les premiers incidents graves entre les deux communautés, mais les commentateurs s'alarment face à l'ampleur de la violence (plus d'un mort par jour depuis le 1er janvier) et son potentiel d'intensification à cause des éléments radicaux au sein du nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou. L'attention s'est particulièrement focalisée sur ses membres ultranationalistes, dont le très controversé Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, dont les positions marquent un changement qualitatif dans la politique israélienne à l'égard des Palestiniens. Partisan de la déportation d’une partie de la population arabe d'Israël vers d’autres pays, Ben Gvir prône l'annexion pure et simple de la Cisjordanie et la peine de mort pour les terroristes, une ligne dure qui risque de mettre en danger les efforts largement réussis d'Israël de normaliser ses relations avec les nations islamiques depuis la signature des Accords d'Abraham en 2020. Un autre facteur dans cette situation géopolitique complexe est la question des relations d'Israël avec l'Iran, qui a récemment accusé Israël d'avoir bombardé un site militaire à Ispahan. Examinons brièvement les derniers événements et leur suite éventuelle.

Arrivé en tête des législatives du 1er novembre 2022, Netanyahou a dû négocier pendant plusieurs semaines avant d’annoncer la formation d’un gouvernement le 21 décembre. La coalition au pouvoir comporte notamment deux formations ultra-orthodoxes (Shass et Judaïsme unifié de la Torah), ainsi que trois d’extrême droite : Sionisme religieux, Force juive et Noam. Début janvier, Itamar Ben Gvir a fait une visite inattendue et vivement critiquée à l’esplanade des Mosquées à Jérusalem. Geste qualifié de « provocation sans précédent » par le ministère palestinien des Affaires étrangères (la visite analogue d’Ariel Sharon en 2000 avait déclenché la deuxième intifada palestinienne) et condamné par l’ex-premier ministre israélien Yaïr Lapid, pour qui Ben Gvir serait « l’homme le plus irresponsable du Moyen-Orient ». Le 26 janvier, au moins 9 Palestiniens ont été tués au cours d'opérations israéliennes à Jenine en Cisjordanie ; le 27, 7 personnes sont mortes lors d’une fusillade dans une communauté de colons juifs près d’une synagogue dans le quartier de Neve Yaakov à Jérusalem-Est. Une attaque décrite par Hamas comme « une vengeance et une réponse naturelle » aux événements de la veille. Le gouvernement israélien a promis des représailles, Ben Gvir allant jusqu’à réclamer la chaise électrique et un changement de tactique : « Le Hamas doit savoir que le nouveau gouvernement change l’équation. Pour chaque roquette tirée, il y aura des assassinats ciblés. » Ce matin, un raid des forces israéliennes contre le Hamas à Jéricho a coûté la vie à 5 Palestiniens.

On verra bien quelles seront les conséquences pour la réputation internationale des autorités israéliennes à un moment où, paradoxalement, il y a eu des signes de progrès dans les relations entre Israël et plusieurs pays musulmans. Les Accords d’Abraham, initialement signés par Israël, le Bahrain et les Émirats Arabes Unis en 2020 afin de normaliser leurs relations, ont été rejoints par le Maroc et le Soudan. On parle même de l’adhésion de l’Arabie Saoudite comme un objectif diplomatique réalisable. Quant à la Turquie, d'abord hostile aux Accords, Ankara a néanmoins récemment renouvelé ses relations diplomatiques avec l’État d’Israël, rompues en 2010. Il reste à voir si la politique répressive du nouveau gouvernement envers les Palestiniens provoquera des réactions dans le monde islamique et ailleurs : à l’ONU, 90 pays ont déjà protesté contre les nouvelles sanctions appliquées par Israël contre l’Autorité palestinienne.

Selon beaucoup d'analystes, l’accueil surprenant des Accords d’Abraham de la part de plusieurs pays arabes indiquerait leur volonté de faire bloc contre l'Iran, désormais perçu comme étant une plus grande menace que l'existence de l'État d'Israël. Se disant prêt au mois de décembre à raser Tel Aviv si Israël frappait ses installations nucléaires. Téhéran a accusé le Mossad d’avoir mené la récente attaque à Ispahan contre un centre de production de drones Shahed-136 destinés à être utilisés par la Russie contre l'Ukraine, mais peut-être aussi de missiles hypersoniques utilisables contre Israël. Selon le New York Times, la responsabilité israélienne aurait été confirmée par les renseignements américains. Pour certains, la visite de Benjamin Netenyahou à l’Élysée la semaine dernière aurait eu comme but principal de solidifier une coalition internationale contre l’Iran afin d'empêcher sa poursuite des armes atomiques. Une manœuvre diplomatique délicate dans la situation actuelle, aux conséquences imprévisibles.
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