"Grand-Père Dobri", la mort d'un mendiant magnifique

On le surnommait Grand-Père Dobri : il vient de décéder en Bulgarie, à l’âge de 103 ans. Nombreux dans ce pays parlaient de lui comme d’un saint. C’était avant tout un mendiant, mais un mendiant très spécial : un homme qui avait en fait choisi la pauvreté, de mener une vie d’ascète dans la rue. Mais qui était également l’un des plus généreux donateurs de l’église orthodoxe bulgare … En effet, Dobri Dobrev a reversé des années durant, centime après centime, l’argent qui lui était donné pour entretenir, construire ou reconstruire les églises et monastères de son pays.

À tous points de vue, ce mendiant magnifique aura été un individu hors du temps, comme surgi d’un passé quasiment disparu : une longue barbe barbe blanche, une simple robe de bure, des sandales… Tel ces membres des ordres mendiants que l’on croisait jadis arpentant les routes, ce qu’il fit des années durant, tant que ses jambes ont pu le porter, parcourant à pied les 25 kilomètres séparant Sofia de son village natal, Bajlovo.  

Au fil des années, cet étonnant mendiant est pourtant parvenu à récolter 5.000 euros pour restaurer l’église St Cyril et Methodius à Baylivi, mais aussi 12.000 euros pour le monastère Eleshnishkiya et l’église Gorno Kamartsi. Mais ce sont les 20.000 euros collectés pour la la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski, la plus grande église chrétienne du pays, à Sofia, qui ont fini par le faire connaître et reconnaître il y a quelques années. C’est en mai 2009 qu’il est allé trouver le secrétaire de la paroisse afin de lui expliquer son intention de faire un don important : l’argent avait été déposé, pièce après pièce, dans une agence bancaire par un proche de Dobri Dobrev ! Mais pas question pour autant d’accepter le moindre remerciement, de rompre avec sa vie d’ascète : pour le secrétaire de la Cathédrale Saint-Alexandre-Nevski, c’était "un homme que récolte les vertus, recueille et rassemble leurs fruits pour la vie éternelle". Un site Internet lui a même été consacré, revenant sur sa vie, comparée à celle d’un saint contemporain.