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Donald Trump, faiseur de trêve, voire de paix

Par Philippe Oswald. Synthèse n°2573, Publiée le 15/10/2025 - Photo : Le président américain Donald Trump s'exprime lors du sommet de paix de Charm el-Cheikh, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, le 13 octobre 2025. Crédits : AFP.
C'est en homme providentiel que Donald Trump s'est présenté à Jérusalem, puis au sommet international pour la paix en Égypte, le 13 octobre. Fêté en héros par les Israéliens, il a aussi été consacré comme un faiseur de paix par les dirigeants d'une vingtaine de pays à Charm el-Cheikh. Mais un travail colossal reste à accomplir pour que le Moyen-Orient connaisse enfin une paix durable.

Le 13 octobre, Donald Trump a obtenu beaucoup mieux que le prix Nobel de la paix qu'il convoitait, remarque Vincent Hervouët dans son éditorial d'Europe 1 (14/10/2025). Il a reçu « une sorte de sacre » devant la Knesset, à Jérusalem, puis au sommet international pour la paix, à Charm el-Cheikh, en Égypte. « Une journée très, très, très historique », s'amuse l'éditorialiste, avant de reconnaître un « triomphe romain, mais très mérité, car on juge une politique à ses résultats ».

Le président américain a forcé le retour des vingt otages israéliens encore en vie, et réveillé l'espoir de paix au Moyen-Orient, en brandissant une grosse carotte (financière) devant les états du Golfe et un gros bâton (militaire) devant le Hamas. « Tu es le seul capable d'apporter la paix dans la région », lui a dit le président égyptien Al-Sissi. « Avec l'élection de cet homme, du jour au lendemain, tout a changé », avait déclaré pour sa part le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. « Aucun président des États-Unis n'en a fait autant ou plus que toi », avait-il lancé à l'adresse de Trump, en le qualifiant de « meilleur ami qu'Israël ait jamais eu à la Maison-Blanche ». Le président américain lui avait pourtant tordu le bras pour qu'il consente au cessez-le-feu à Gaza. Il l'avait même contraint à téléphoner au Qatar depuis la Maison-Blanche, pour s'excuser après la frappe d'un missile israélien contre un immeuble supposé abriter des émissaires du Hamas, le 9 septembre (L'Orient-Le Jour, 29/09/2025).

Donald Trump ne craint jamais l'emphase : « Ce n'est pas seulement la fin de la guerre, mais d'une ère de terreur et de mort, et le début d'une ère de foi, d'espérance, de Dieu. Le début d'une harmonie pour Israël. C'est l'aube historique d'un nouveau Moyen-Orient », a-t-il proclamé dans un long discours ovationné par les députés israéliens (deux élus de gauche ont toutefois tenté un chahut du type France Insoumise). « Dans ce costume de pacificateur, le président américain, gourmand, ne s'en est pas tenu à la fin de la guerre à Gaza, esquissant l'espoir de prochains accords au Moyen-Orient », précise Le Figaro (13/10/2025) : « Il a évoqué la possibilité que d'autres pays rejoignent les accords d'Abraham, signés entre Israël et plusieurs pays arabes lors de son premier mandat. Il a surtout estimé qu'il y avait "une chance de signer un accord de paix avec l'Iran". "Ni les États-Unis ni Israël ne nourrissent d'hostilité envers le peuple iranien. Nous voulons simplement vivre en paix", a-t-il dit, affirmant que même pour l'Iran, la main de l'amitié et de la coopération est tendue”. »

Si les commentateurs reconnaissent le rôle décisif du président américain dans ce que celui-ci a nommé un « triomphe incroyable pour Israël et le monde », ils sont loin d'épouser son optimisme sur les suites. « De nombreux écueils et questions subsistent », relève Courrier International (14/10/2025). La trêve obtenue d'arrache-pied ne porte pas une assurance de paix durable. À peine les soldats israéliens retirés de Gaza, le Hamas a entrepris d'exécuter les « traîtres ». « Le véritable défi après un tel événement de paix très médiatisé, c'est le lendemain », a commenté l'ancien négociateur Aaron David Miller sur X. Il pense que la « tâche colossale », à laquelle s'est attaqué le président américain, lui demanderait un « engagement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ». Pour l'heure, ce n'est qu'une trêve, estime aussi l'historien Georges Bensoussan sur Cnews (14/10/2025, en lien aussi ci-dessous). Trump a lui-même reconnu que « le travail reste à finir », à propos du désarmement du Hamas et de son éviction de Gaza. « S'ils ne se désarment pas eux-mêmes, nous les désarmerons », a déclaré le président américain devant la presse à la Maison-Blanche, le 14 octobre. « Cela se passera vite et peut-être violemment », a-t-il ajouté, sans préciser le délai qu'il donnait au mouvement islamiste palestinien pour obtempérer (20 minutes, 14/10/2025).

À propos de la presse internationale, terminons par une anecdote qu'elle a largement commentée. La scène se passe au sommet pour la paix à Gaza. « Emmanuel Macron était l'un des grands absents du parterre de dirigeants mondiaux présents dans le dos de Donald Trump lors de son discours à la tribune », rapporte Le Huffington Post (13/10/2025). Le président français était resté dans la salle comme un simple spectateur, une discrétion que Donald Trump s'est fait un plaisir de souligner, sous prétexte de saluer les efforts du président français en faveur de son plan de paix : « France, merci beaucoup, Emmanuel. J'imaginais Emmanuel debout quelque part derrière moi », a d'abord lâché Donald Trump en se tournant en direction des chefs d'États présents dans son dos pour chercher du regard Emmanuel Macron. « Où est-il ? », a-t-il ajouté, avant d'être dirigé par un geste de Giorgia Meloni en direction du président français. « Je n'arrive pas à y croire ! Tu adoptes une approche discrète », a alors glissé Donald Trump en s'adressant directement à lui, provoquant de nombreux rires dans l'assistance. Les Français, qui cherchent désespérément un dérivatif du marasme où est plongé leur pays, auront-ils ri ? Peut-être, mais jaune…

À retenir
  • Donald Trump a forcé le retour des vingt otages israéliens encore en vie et réveillé l'espoir de paix au Moyen-Orient.
  • Trump a lui-même reconnu que « le travail reste à finir », à propos du désarmement du Hamas et de son éviction de Gaza.
  • Emmanuel Macron est resté dans la salle comme un simple spectateur, une discrétion que Donald Trump s'est fait un plaisir de souligner, sous prétexte de saluer les efforts du président français en faveur de son plan de paix.
La sélection
Accord de paix à Gaza : « Je pense que c'est une trêve qui a été conclue hier », estime l'historien Georges Bensoussan.
Cnews
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