Santé

Dépenses de santé : on pointe le gaspillage mais on tait l'essentiel

Par Raphaël Lepilleur. Synthèse n°2545, Publiée le 12/09/2025 - Photo : Les dépenses croissantes en médicaments renvoient à un système financier gardé dans le secret des labos. Crédits : Vitor da Silva Gonçalves via WikiCommon.
La Cour des comptes dénonce le « gaspillage », et la presse reprend en ce sens. Pourtant, son rapport dévoile bien plus : des milliards envolés, des prix fixés dans le secret des labos, des hôpitaux devenus simple relais, des pénuries à répétition et une iatrogénie meurtrière croissante. Officiellement, on retient le gâchis. Officieusement, c'est l'aveu de la capture du système par Big Pharma.

Le 5 septembre, la Cour des comptes publiait un rapport intitulé « Le bon usage des produits de santé », censé évaluer trois aspects : ce qui est prescrit mais pas utilisé, ce qui est consommé en dehors des recommandations, et le rapport coût/efficacité des traitements. La presse semble n'avoir retenu que le premier volet. On voit donc les mêmes chiffres : jusqu'à 1,7 milliard d'euros de médicaments jetés chaque année, 8 503 tonnes de médicaments collectés et jetés en 2023… Si certains évoquent timidement le tabou de la iatrogénie (effets indésirables provoqués par les médicaments, qui mènent à des hospitalisations ou des décès), la plupart reprennent uniquement la thématique du gaspillage, mettant en avant des conditionnements inadaptés, des délais de péremption trop courts… Présenté ainsi, on imagine des boîtes oubliées, des patients et des médecins distraits… Bref, une faute collective et un travers bien français. On suggère qu'il suffirait d'ajustements mineurs, pour que le système soit fonctionnel et viable. Ce qui est vrai, si on ne prend qu'une partie du problème et qu'on occulte ce que révèle aussi le rapport, à savoir la place centrale d'une industrie pharmaceutique qui semble toute-puissante, où les intérêts privés dictent largement leurs règles au système public.

Le document couvre une période pourtant mouvementée pour le secteur : 2019-2023, celle du Covid. Même si les preuves s'accumulent et qu'une partie de la lumière a été faite sur ce qui restera pour beaucoup comme la plus vaste opération d'ingénierie sociale de l'histoire, certains ont l'air de vouloir (consciemment ou non) oublier. La plupart des médias se sont contentés de relayer le discours officiel. Admettre aujourd'hui une autre lecture reviendrait peut-être à devoir revenir sur leurs positionnements. Pourtant, les Twitter Files placent Macron au cœur des dispositifs de censure mondiale, destinés à construire et entretenir des « narratifs ». Mais les éléments révélant ces manipulations sont aussi étouffés. Ce rapport et son traitement peuvent être perçus comme le reflet d'un système qui se protège. Par exemple, rien sur l'achat massif du médicament censé traiter le Covid, « Paxlovid » (Pfizer), vendu par boîtes de 30… à 999,20 € unitaire et 100 % pris en charge (500 000 boîtes sur la seule année 2022). Stock aujourd'hui jeté. On aurait aimé connaître précisément la part imputable aux politiques Covid dans la facture.

Dans la population, beaucoup semblent partager l'analyse du professeur Raoult, qui réclamerait des procès de type Nuremberg pour juger les responsables (même si beaucoup, comme Agnès Buzyn ou Olivier Véran, ont déjà été innocentés). Professeur pourtant accusé d'avoir voulu « faire le buzz ». Étonnante étiquette pour celui qui, après plus d'un demi-siècle de carrière, reste l'un des virologues français les plus reconnus à l'internationale. Il peut sembler réducteur de le cantonner à un rôle de trublion médiatique, tout en valorisant la parole de figures parfois moins expérimentées. Il fait partie des rares (avec d'autres « non alignés » marginalisés), à avoir pointé les failles du système. Une voix qui semble pourtant légitime.

Sur cette période, selon ce rapport, les dépenses de produits de santé en France ont grimpé de 35,7 à 46,2 milliards, presque uniquement du fait des médicaments. La hausse la plus forte vient des prescriptions hospitalières en ville : 7,8 à 11,68 milliards d'euros sur la période (+10,6 % par an), contre seulement +2,6 % pour les médecins libéraux. Ces dépenses sont majoritairement dues à des médicaments très coûteux (anticancéreux), dont le coût réel reste inconnu. Le rapport montre que, plus les hôpitaux prescrivent, plus les laboratoires facturent et plus l'État encaisse, via un mécanisme peu connu. Lorsqu'un médicament arrive sur le marché, il reçoit un prix « officiel ». C'est ce tarif que l'Assurance maladie rembourse aux hôpitaux et aux pharmacies. Mais ce prix n'est pas celui que la France paie. L'État signe avec chaque labo des contrats prévoyant des commissions proportionnelles au CA, ainsi qu'une clause qui oblige l'industrie à reverser une partie de ses revenus si ses ventes dépassent un certain seuil. Un système qui aligne les intérêts de l'État et de l'industrie. « Commissions » de 3,5 milliards d'euros en 2019 à près de 10 milliards en 2023.

Le rapport admet un fait lourd de sens : l'État ne sait pas et ne peut pas savoir précisément ce qui est prescrit, délivré et consommé. Ce qui entretient le pouvoir des labos et de ses « visiteurs médicaux ». Enfin, près de 8,5 % des hospitalisations (212 500/an) sont dues à un tabou, les médicaments eux-mêmes, responsables d'environ 2 760 décès annuels, dont une part notable est jugée évitable et serait due à une faute du patient (à titre de comparaison, 759 morts suite à un accident de travail en 2023). Enfin, le système montre sa dépendance vis-à-vis des chaînes mondiales : les ruptures ou risques de ruptures de stock ont explosé depuis 2018, alors qu'elles étaient jusque-là quasi inexistantes. Or, la rareté a un prix… On aurait aussi pu évoquer la suprématie et le rôle de l'UE sur notre système de santé, mais c'est un sujet à part entière…

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Synthèse du rapport de la cour des comptes, "le bon usage des produits de santé"
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