
Covid-19 : La France vaccinera-t-elle plus tard ?
Pour la future campagne de vaccination, l'autorité sanitaire a donc défini « cinq phases progressives », sur cette base d’une vaccination volontaire. Après les professionnels de santé et les personnes âgées résidant en EHPAD, soit un peu moins d'un million de personnes, viendrait le tour « dès lors qu'un nombre plus important de doses sera disponible » des personnes de plus de 75 ans, puis de 65 à 74 ans ayant une comorbidité, puis les autres personnes de 65-74 ans, soit environ 15 millions de personnes. Les phases suivantes relèvent de l’hypothèse, au vu des stocks de vaccins envisagés.
Mais une fois défini qui vacciner en priorité, le comment n’est pas évoqué. En la matière l'Allemagne semble avoir une longueur d'avance : bien que le vaccin ne doive être disponible outre-Rhin qu’au premier trimestre 2021, le pays en est déjà à prévoir les infrastructures recevant les patients. Tel l’ancien aéroport Tegel de Berlin, transformé d'ici mi-décembre en un vaste centre de vaccination contre le coronavirus. Avec six centres, Berlin entend pouvoir vacciner 20 000 personnes par jour. En sus d’équipes mobiles, des centaines de centres devraient être créés à travers le pays, dont une centaine rien qu'en Bavière. La répartition des rôles est claire : l’Etat fédéral achète et livre les doses, les Landers définissent les lieux et fournissent seringues, aiguilles, pansements et lotions antiseptiques.
Ailleurs en Europe, la campagne de vaccination commence à s’organiser. L’Espagne vient de répartir sa population en huit groupes de priorité, des plus âgés en maisons de retraite aux plus jeunes. Le vaccin sera administré dans 13 000 cliniques et centres de santé, a déjà indiqué le gouvernement. L’Italie a précommandé 165 millions de doses et quinze experts travaillent sur comment acheminer, stocker puis administrer les doses dans des « vaccinodromes » et des drive-in, en sus des hôpitaux et cabinets médicaux. Outre-Manche, Boris Johnson vient de nommer un ministre en charge du vaccin, au moins 42 sites de vaccination étant en préparation. Des stocks de seringues, gants en caoutchouc, tampons alcoolisés et bacs pour aiguilles usagées sont prévus pour administrer les 4 millions de doses du vaccin AstraZeneca livrées avant la fin de l’année, suivies par 40 millions à recevoir d’ici à mars 2021.
Et en France ? On ne sait encore rien de la moindre organisation logistique mise sur pied, entre État, régions, préfectures, Agences Régionales de Santé, hôpitaux et médecins. D'autant plus que la France n’a toujours pas été capable, depuis l’apparition de l’épidémie, de mettre en place un process de tests de masse opérationnel. Pire encore : l’usage des tests salivaires, simples et efficaces, notamment développés avec le CHU de Montpellier, vient d’être réservé aux personnes symptomatiques par la Haute Autorité de Santé. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Pourtant, le dépistage massif constitue clairement une nécessité, pour être en situation d'éviter une éventuelle troisième vague de Covid-19, et donc un nouveau reconfinement achevant de mettre à genoux l’économie française.