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Dans les coulisses de la guerre entre le Hamas et Israël : le Hezbollah et l'Iran

Par Peter Bannister - Publié le 23/11/2023 - Image : des partisans du Hezbollah regardent un discours de son leader Hassan Nasrallah le 11 novembre 2023. Crédit photo : ANWAR AMRO / AFP

L'annonce d'une pause dans les combats actuels à Gaza, permettant la libération de 50 otages juifs et quelque 150 prisonniers palestiniens, constitue sans doute la première bonne nouvelle dans la région depuis l'attaque du Hamas du 7 octobre. Cette pause concernera également les échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah au Sud-Liban. Si pour l'instant on ne peut pas encore parler d'un véritable second front de la guerre à la frontière Nord d'Israël, la menace d'une escalade des hostilités y est réelle. Le ministre des affaires étrangères israélien Eli Cohen a notamment appelé cette semaine à l'implémentation de la résolution 1701 de l'ONU (concernant le désarmement des milices libanaises, dont le Hezbollah) « afin de prévenir une guerre au Liban  » avec l'implication inévitable du patron du Hezbollah, l'Iran.

Né en 1982 au Liban sous l'égide des Gardiens de la révolution iranienne, le mouvement islamiste chiite Hezbollah - « Parti de Dieu » - est dirigé depuis 1992 par Hassan Nasrallah. Il peut être considéré comme la force politique principale libanaise sur le terrain dans un pays en profonde crise, sans président depuis un an, où 80 % de la population vit dans la pauvreté suite à la crise financière de 2019. Malgré la popularité du Hezbollah, les Libanais ne sont guère favorables aux hostilités directes avec Israël : la mémoire reste vive de la dévastation lors de la guerre de 34 jours entre Israël et le Hezbollah en 2006. On estime pourtant que le Hezbollah est beaucoup mieux équipé à l'heure actuelle qu'à l'époque ; même sans aviation, ses 20 000 combattants (plus un nombre important de réservistes) disposent de stocks considérables de munitions, bien supérieurs à ceux du Hamas. Les USA ont par ailleurs indiqué que le groupe Wagner se préparerait à livrer un système de défense anti-aérienne soit au Hezbollah, soit à l'Iran. Tout indique donc qu'Israël pourrait se trouver en sérieuse difficulté face à une guerre sur deux fronts (ou trois dans le cas de l'embrasement de la Cisjordanie) impliquant le Hezbollah, soutenu directement ou indirectement par Téhéran.

Dans un discours très attendu donné le 3 novembre, Hassan Nasrallah s'est néanmoins limité aux condamnations verbales d'Israël et des Etats-Unis. S'il a affirmé que « toutes les options  » sont ouvertes et que « l'idée d'une guerre totale est réaliste », il a souligné que la décision du Hamas d'attaquer Israël avait été prise sans consulter ni le Hezbollah, ni l'Iran. Il semblerait donc que le Hezbollah estime que le moment n'est pas propice à un assaut qui pourrait mener à une riposte de Tsahal envers Beyrouth semblable à celle en cours à Gaza, comme a menacé le ministre de la défense israélienne Yoav Gallant.

Quant à l'Iran, sa stratégie actuelle combine sa rhétorique habituelle, souhaitant la fin de l'existence d'Israël et faisant l'éloge de «  l'axe de la résistance » dans la région, avec une certaine retenue diplomatique. Pour l'instant, Téhéran veut éviter une confrontation armée directe, mais refuse d'exclure son engagement éventuel dans l'avenir. L'impression que la République Islamique suit une ligne délibérément ambiguë a été renforcée récemment par des comptes-rendus contradictoires d'une réunion entre le guide suprême iranien Ali Khamenei et le chef du Hamas Ismail Haniyeh. Selon des responsables iraniens et du Hamas cités anonymement par Reuters, Khamenei aurait dit à Haniyeh que Téhéran n'avait pas été informé à l'avance de l'attaque du Hamas du 7 octobre et n'entrerait pas en guerre. L'ayatollah aurait en outre demandé à Haniyeh de faire taire les éléments du Hamas appelant à un engagement militaire de l'Iran et du Hezbollah. Le Hamas et l'Iran ont, ceci dit, démenti les propos rapportés par Reuters ; et Esmail Qaani de la Force al-Qods iranienne, responsable pour les opérations militaires externes, a de son côté assuré le Hamas par écrit que « nous ferons tout ce qui est nécessaire dans cette bataille historique », qualifiant d' «  initiative épique et inédite  » l'attaque du 7 octobre menée par les « frères de l'axe de la résistance » de l'Iran.

Certains analystes voient ces déclarations simplement en termes de relations publiques, visant à contrer l'idée que l'Iran, malgré ses encouragements publics à ses alliés et mandataires régionaux, a laissé le Hamas sans assistance dans son conflit avec Israël. Téhéran estime semble-t-il que l'équilibre actuel des forces ne favorise pas son implication directe dans la guerre, en raison notamment de la présence dissuasive de deux porte-avions américains en Méditerranée orientale. Pour l'instant, le régime iranien se limite donc à des déclarations et à des démonstrations de puissance telles que la récente présentation du missile hypersonique « Fattah II  ». Pourtant, même avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, Téhéran a averti que le non-maintien de la trêve pourrait mener à une amplification de la guerre, laissant ouverte la possibilité d'une intervention iranienne dont les conséquences pourraient s'avérer dramatiques et conduire à une véritable escalade.

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3 commentaires
Diane
Le 30/11/2023 à 13:38
En essai
Ceci
Le 28/11/2023 à 14:43
Vous êtes top
Le 23/11/2023 à 22:28
Merci de me réabonner à la Sélection du Jour que je lis toujours avec plaisir
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