Société

Agression de Bordeaux : vidéo interdite, questions interdites, « récupération » interdite !

Par Philippe Oswald - Publié le 24/06/2023 - Photo : Une femme de 73 ans et sa petite-fille ont été victimes d'une violente agression à Bordeaux lundi 19 juin (D.R.)

Filmée par le visiophone de leur immeuble à Bordeaux, l’agression sauvage sur le pas de leur porte d’une grand-mère de 73 ans et de sa petite fille de 7 ans, le 19 juin en fin d’après-midi, a battu des records de diffusion avec des millions de vues sur les réseaux sociaux. L’agresseur, Brahima B., 29 ans, un « sans domicile fixe » d’origine africaine et de nationalité française, est tellement « défavorablement connu des services de police » qu’il a été a été arrêté 45 minutes après son forfait. C’était sa 20ème interpellation...

Mais attention ! La loi interdit de diffuser et de relayer la vidéo d’une agression, a aussitôt averti BFMTV sur la base de l’article 222-33-3 du Code pénal : « ...relayer la vidéo sur les réseaux sociaux peut vous coûter très cher. Le texte précise que "le fait de diffuser l'enregistrement" d'une agression est punie de "cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d’amende". » Des sanctions qui pourraient « s'appliquer à ceux qui diffusent initialement la vidéo, mais également à ceux qui la partagent en la retweetant. En revanche, le Code pénal précise que ces sanctions ne s’appliquent pas aux médias. »

Mais cette interprétation du Code pénal est contestée par Pierre-Marie Sève, Directeur de l'Institut pour la Justice, sur Boulevard Voltaire : « Cette disposition du Code pénal a été votée afin de punir les complices des agresseurs qui utilisent la vidéo pour encourager l’agression. A priori, absolument pas pour empêcher de publiquement dénoncer ces violences. » Du moins convient-il de flouter les visages dont la diffusion, sans l’accord des personnes concernées, serait passible de sanctions selon l'article 9 du Code civil, protégeant la vie privée.

Parallèlement à cet avis menaçant, des médias de gauche et des personnalités du même bord, dont le maire EELV de Bordeaux, s’indignaient à qui mieux mieux de la « récupération politique » de ce « fait divers », un banal « vol à l’arraché comme il s’en produit des dizaines chaque jour en France » écrivait benoîtement Libération avant de faire disparaître cette phrase après s’être aperçu qu’elle était à double tranchant… Il se produit effectivement des dizaines d’agressions violentes — dont certaines, mortelles  —  chaque jour en France. Leurs auteurs sont souvent ou des immigrés ou des personnes issues de l’immigration, ce qui pose le problème de leur intégration, a fortiori de leur assimilation. Si la vidéo « fait polémique », ce n’est pas sa diffusion qui devrait inquiéter ni sa « récupération politique » (le nouveau « pas d’amalgame »), mais la scène qu’elle saisit sans possibilité d’équivoque. Au premier rang des accusés bien qu’il n’ait pas été le premier à diffuser cette vidéo, l’ancien maire de Bordeaux, Nicolas Florian (LR), a répondu : « J’avais bien conscience que ces images étaient choquantes. J’ai malgré tout décidé de les diffuser, en floutant les visages des victimes, pour qu’on cesse de fermer les yeux sur les agressions très violentes qui se multiplient à Bordeaux comme ailleurs ».

Né en France il y a moins de 30 ans, Brahima B. a déjà un casier judiciaire long comme le bras : « 15 condamnations, principalement en lien avec du contentieux routier et des infractions à la législation sur les stupéfiants », selon un communiqué du procureur de Bordeaux. « Placé sous tutelle, le mis en cause indique être suivi au plan psychiatrique et être en rupture de traitement. Présentant des troubles du comportement majeurs en lien avec une pathologie schizophrène et psychotique, il n’a pu être auditionné », précise le parquet. Brahima B devait d’ailleurs comparaître à nouveau le 26 juin, pour des violences envers sa tutrice... Remarquons que s’il a été condamné 15 fois (!), c’est qu’il avait été jugé responsable de ses actes, malgré ses problèmes psychiatriques que la consommation de drogues n’a pas dû arranger.

D’où l’éternelle question qui a pris une acuité nouvelle avec la tragédie d’Annecy (8 juin) : comment peut-on laisser des individus aussi dangereux errer librement dans notre pays ? Question toute simple mais béante puisqu’elle renvoie aux défaillances combinées de nos capacités d’intégration/assimilation, de notre système judiciaire, des prisons surpeuplées, et des services de psychiatrie. En France, la psychiatrie est la Cosette de cette maison Thénardier qu’est devenue, à son corps défendant, cette Santé publique dont on nous assurait naguère qu’elle était la meilleure au monde… Rappelons à ce propos le meurtre, à coups de couteau, le 22 mai d'une infirmière de l'hôpital de Reims par un patient souffrant de troubles psychiatriques, « un drame qui remet sur le devant de la scène la situation catastrophique du secteur de la psychiatrie depuis plusieurs décennies » soulignait France 24. « La folie, alibi de la sauvagerie ? » s’interrogeait au lendemain du drame de Bordeaux Mathieu Bock-Côté sur Cnews (en lien ci-dessous), au risque d’être accusé de « récupération » en posant, lui aussi, une question interdite !

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Mathieu Bock-Côté sur l'agression à Bordeaux : la folie, alibi de la sauvagerie ?
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