Un nouveau bidule : l’Office national de lutte contre la haine
Politique

Un nouveau bidule : l’Office national de lutte contre la haine

Par Philippe Oswald - Publié le 05/12/2019
Nos gendarmes sont gâtés. Ils viennent d’être dotés par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, d’un « Office national de lutte contre la haine » qui « sera chargé de l’ensemble des enquêtes sur les actes antisémites, antimusulmans, antichrétiens que nous connaissons sur notre territoire en zone gendarmerie ». Le ministre a fait cette annonce le 4 décembre, au lendemain de la profanation du cimetière juif de Westhoffen (Bas-Rhin), où 107 tombes ont été couvertes de tags antisémites.

On ne saurait soupçonner nos gendarmes de mesurer leurs efforts pour lutter contre ces actes infâmes et arrêter leurs auteurs. Ils disposent déjà pour cela, depuis 2013, d’un Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH), également chargé de la lutte contre les crimes motivés par la haine et l’intolérance, selon l’article 2 de son décret fondateur. Pourquoi donc le doubler d’un nouvel office ? S’agira-t-il d’un transfert de compétences ? Quoi qu’il en soit, « mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde » (Albert Camus) : aucun pouvoir ne peut évidemment interdire la haine, pas plus qu’il ne peut rendre l’amour obligatoire. Au demeurant, ni l’un ni l’autre ne se mesurent. Bon courage aux magistrats chargés de réprimer les haineux !

On peut bien sûr dauber cette manie à transformer la politique en une « moraline » (c’est-à-dire en morale bien-pensante selon Nietzsche), qui ouvre un champ infini à la créativité de notre administration : après l’Office contre la haine, pourquoi pas un Commissariat à la colère, à l’envie, aux « phobies », un secrétariat d’Etat à la gentillesse, une Mission Interministérielle de promotion de l'amour ? Mais derrière les calembredaines, coquecigrues et autres billevesées de la « novlangue », se profile l’inquiétante tendance de l’Etat à s’ériger en directeur de conscience, prompt à manier contre tous les opposants le « bidule » (c’est-à-dire la matraque de policier selon un usage populaire attesté par le Larousse). Les gilets jaunes l’ont appris à leurs dépens. Sans un retour à l’objectivité du droit (déjà doté de tout un arsenal législatif s’agissant d’antisémitisme et de provocation à la haine raciale, sans parler de la loi Gayssot qui, elle, est carrément liberticide et devrait en toute justice être abolie), c’est sur la pente glissante du totalitarisme que pourrait bien glisser un pouvoir « en marche » vers le meilleur des mondes, enfin débarrassé de la méchanceté des gueux et des mal-pensants.
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