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  Roland-Garros 2025, une finale gravée dans la terre battue

Par Raphaël Lepilleur. Synthèse n°2499, Publiée le 10/06/2025 - Photo : Carlos Alcaraz a remporté dimanche dernier son deuxième Roland Garros Crédits : ©Corinne Dubreuil / FFT
Vous pensiez avoir tout vu à Roland-Garros ? C'est vrai qu'il en faut beaucoup pour impressionner ici. Eh bien, ce “beaucoup” a été pulvérisé. Dans un climat étouffant, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner ont livré un match déjà entré au panthéon du tennis. 5h29 de combat, trois balles de match manquées, des coups de folie, une tension continue… Une finale qui, à elle seule, sauve cette edition.

Avec 5 heures et 29 minutes de jeu, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner ont atomisé le précédent record de Roland-Garros pour une finale qui était de 4h42 en 1982, lors du duel entre Mats Wilander et Guillermo Vilas. Le premier a été bon joueur et enthousiaste : « C'est incroyable de battre un record de durée dans un match d'un niveau pareil. Grâce à eux, on va désormais voir du tennis comme on n'en a jamais vu auparavant. Et ceux qui sont derrière, qu'ils enfourchent leur vélo et se mettent à pédaler pour les rattraper ! Car ces deux joueurs vont propulser le jeu à un niveau inimaginable, et si leurs rivaux ne sont pas prêts à les suivre, ils seront irrémédiablement largués » . Seuls Djokovic et Nadal ont fait mieux, à l'Open d'Australie 2012, en 5h53. Ce match parisien entre dans la légende. Patrick Mouratoglou, le célèbre entraîneur et consultant estime que « nous avons sans aucun doute assisté à la meilleure finale de l'histoire à Roland‐Garros ». Certains parlent du match de la décennie, voire même du siècle

Mais la durée, à elle seule, ne suffit pas. Ce qui a véritablement sidéré les spectateurs, c'est le niveau de jeu stratosphérique , maintenu du premier au dernier point, et surtout, le scénario d'une densité dramatique rare pour une finale. On est passé de la maîtrise glacée de Sinner à la résilience rageuse d'Alcaraz. Car ce match n'a arrêté de basculer. D'abord entre les mains de l'Italien, impeccable, conquérant, dominant les deux premiers sets, face à un Alcaraz déboussolé, passablement agacé. Mais dans un troisième set tendu, le natif d'El Palmar a enfin fait tomber l'armure de celui qu'on surnomme « le renard ».

Le tournant du match a lieu au cœur du quatrième set. Sinner mène 5-3, 0-40 sur le service d'Alcaraz. Trois balles de match. Trois occasions de conclure, de décrocher son 4e titre majeur, et surtout, de vaincre enfin sa bête noire (contre qui il venait de perdre en finale du tournoi de Rome). Mais au moment de frapper, la main tremble. Trois fautes directes. Alcaraz, dos au mur, joue juste, et s'en sort. C'est le point de bascule psychologique du match et l'instant où il échappe à la logique pour toucher à ce qu'on aime tous, l'irrationnel… D'ailleurs le public le sent et l'énergie change de camp. Alcaraz remporte le tie-break (jeu décisif en fin de set) du quatrième set, puis break (prendre le service de son adversaire) d'entrée dans le cinquième. On croit alors que tout est fini. Mais non. Sinner revient à 5-5. Il rejoue relâché, tente des coups insensés… et les réussit. L'Italien semble être revenu et tenir. Mais à 6-6, dans le super tie-break décisif (tie-break en 10 points, avec 2 d'écart, pour conclure le match), Alcaraz change de dimension. Il aligne les sept premiers points, enchaîne coup gagnant sur coup gagnant, une véritable masterclass. Sinner est dépassé. Score final : 4-6, 6-7, 6-4, 7-6, 7-6. Un match rare où le perdant gagne plus de points que le vainqueur (Sinner 193, Alcaraz 192), signe d'un duel acharné où chacun s'est rendu coup pour coup. Alcaraz c'est 6 finales en grand chelem pour 6 titres. Sinner, lui, connaît sa première défaite à ce stade. Ce match a confirmé la domination de deux très grands, que peu de joueurs peuvent inquiéter, et qui vont sans doute se tirer la bourre longtemps.

Il faut bien le dire, jusqu'à cette finale, Roland-Garros 2025 semblait voué à l'oubli. Peu de frissons et aucun match marquant les esprits. Une édition relativement terne, sans épopée. Hormis un nom, celui de Loïs Boisson, qui a électrisé le tableau féminin. Première Française en demi-finale depuis Marion Bartoli en 2011, première wild card (place offerte sur invitation, attribuée selon un quota propre à chaque tournoi) à y parvenir, classée au-delà de la 300e place mondiale, de retour après une lourde opération… Si son revers reste perfectible, sa puissance musculaire et son coup droit l'ont rendue redoutable. Une révélation inattendue, à suivre. Elle a déjà déposé une demande de wild card pour Wimbledon. 

Une Loïs Boisson qui a porté haut les couleurs de la France… parfois devant un court presque vide . Et oui, cette édition n'a pas échappé à un mal récurrent à Roland-Garros avec des tribunes désertées, notamment côté loges VIP, alors même que le tournoi affiche complet et que décrocher une place est difficile et cher. Côté tribunes, le climat semble avoir été un peu tendu. Sous la direction d'une Amélie Mauresmo intransigeante, des mesures avaient été prises, comme  l'interdiction de l'alcool en tribunes. Malheureusement,  les mêmes problèmes reviennent dès qu'un Français entre en scène. L'adversaire devient cible, jusqu'à l'irrespect. Le joueur espagnol Jaume Munar l'a déclaré, « À un moment du match, quand la tension monte, ils chantent l'hymne, t'empêchent de servir, entre les services ils disent des bêtises juste pour déranger. C'est le public le plus dérangeant du circuit ». Après son match contre Halys, le Serbe Miomir Kecmanović a déclaré : « On m'a craché dessus. C'est un joueur local en face, je comprends, pas de problème avec ça. Mais là, c'est indécent ».

Tous les regards se tournent désormais vers Wimbledon , où Alcaraz tente de décrocher un troisième titre.

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