Sciences

Le monde veut réglementer l'intelligence artificielle mais ne sait pas comment faire

Par Jesus Colina - Publié le 08/11/2023 - Photo : Shutterstock

Les dirigeants mondiaux aspirent à réglementer l'intelligence artificielle mais ignorent la manière de procéder. Tel est le constat le plus flagrant émanant du premier sommet mondial sur l'intelligence artificielle et la sécurité organisé par le Royaume-Uni du 1er au 2 novembre à Bletchley Park, à 75 kilomètres de Londres, là où des scientifiques britanniques avaient décrypté le code nazi « Enigma » durant la Seconde Guerre mondiale.

Le sommet s'est soldé par un engagement collectif, cristallisé dans la «Déclaration de Bletchley», signée par 28 pays, y compris le Royaume-Uni, les États-Unis, la Chine et la France, ainsi que l'Union Européenne. Tous les pays participants ont reconnu les promesses de cette technologie, comme le diagnostic de maladies ou la prévision de catastrophes naturelles, ainsi que les dangers comme livrer les informations à l'orchestration d'attaques biologiques, ou la manipulation des processus démocratiques…

Actuellement, les puissances mondiales sont engagées dans une véritable course pour adopter des mesures réglementaires. Deux jours avant le sommet, le président américain Joe Biden a signé un décret sur l'intelligence artificielle, exigeant des entreprises qu'elles informent le gouvernement fédéral sur les opportunités potentielles que leurs systèmes pourraient offrir à des pays ou des groupes terroristes dans la production d'armes de destruction massive. Le décret vise également à réduire les risques liés aux « deep fakes » (technique de synthèse qui permet la création des vidéos ou des audios truqués très convaincants) susceptibles d'influencer les votes ou de tromper les consommateurs.

Pour sa part, la Chine avait pris les devants le 20 octobre en dévoilant l' « Initiative Globale pour la Gouvernance de l'intelligence artificielle », suscitant une préoccupation considérable dans le reste du monde, notamment aux États-Unis : Pékin a inclus dans sa réglementation une liste noire de sources interdites pour l'entraînement de modèles d'intelligence artificielle.

Le 14 juin, le Parlement Européen a approuvé un projet de loi sur l'intelligence artificielle beaucoup plus restrictif. La prochaine étape pour que ce projet devienne loi consiste en des négociations individuelles avec les membres du Parlement Européen pour peaufiner les détails.

Ces initiatives aboutissent à un constat commun : il serait vain de réguler strictement l'intelligence artificielle dans certains pays si des lacunes réglementaires subsistent dans d'autres. C'était la raison d'être du sommet de Bletchley Park. Cependant, « il manque un consensus sur quels problèmes nous devons gouverner, et encore moins sur comment nous devons les gouverner », résume Henry Farrell, professeur des Affaires internationales à l'Université Johns Hopkins de Baltimore.

Qui doit réglementer l'intelligence artificielle  ? Les États-Unis et la Grande-Bretagne estiment que les organismes gouvernementaux existants peuvent accomplir le travail. L'UE souhaite créer un nouvel organe régulateur. Sur le plan international, certains leaders technologiques ont plaidé pour la création d'une instance semblable au Groupe Intergouvernemental d'Experts sur le Changement Climatique (GIEC) des Nations Unies.

Le sommet de Bletchley Park a eu le mérite de soulever les questions, mais les réponses demeurent clairement en suspens...

La sélection
AI safety : How close is global regulation of artificial intelligence really ?
Lire l'article sur le site de la BBC
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