
Loi de bioéthique, un désastre sans recours ?
Ne revenons pas en détail sur les mesures phares du projet de loi déjà mainte fois exposées par de précédents articles de LSDJ : PMA excluant le père et remboursée par la sécurité sociale, filiation fictive, transgressions transhumanistes, manipulation des embryons, autorisation des embryons chimériques animal-homme… Comme si tout cela ne suffisait pas, les votants ont ajouté un « assouplissement » surprise de l'accès à l'interruption médicale de grossesse (IMG) qui fait voler en éclats les dernières restrictions à l’avortement : une disposition adoptée à la sauvette cette nuit, à la fin de l’examen du projet de loi bioéthique, « fait exploser l’encadrement de l’avortement en ajoutant le critère invérifiable de « détresse psychosociale » pour recourir à l’interruption médicale de grossesse (IMG), jusqu’au terme de la grossesse » alerte Alliance Vita qui demande le retrait de ce « cavalier législatif » hors de propos, adopté sans débat sur l’avortement, ses causes et ses conséquences. Ainsi le phare mis sur « la PMA sans père » aura non seulement permis à la majorité parlementaire d’adopter cette transgression anthropologique pour satisfaire des revendications ultra minoritaires, mais aussi de faire passer des mesures d’une portée plus universelle contre la vie humaine, jusqu’à autoriser l’avortement jusqu’au dernier jour de grossesse ! Les derniers repères bioéthiques se sont effondrés cette nuit. Cela n’aura pas empêché Emmanuel Macron de « tweeter » depuis la villégiature présidentielle de Brégançon : « Je salue l'engagement des parlementaires, des membres du gouvernement et du Comité consultatif national d'éthique. Ils ont permis l'adoption d'un texte d'équilibre dans un débat apaisé. » Difficile de pousser plus loin le mensonge !
Mais le combat déjà mené courageusement par une quarantaine de députés de l’opposition peut et doit être poursuivi : le texte de loi doit encore faire l’objet d’une seconde lecture au Sénat (peut-être pas avant janvier 2021), puis d’une discussion en Commission mixte paritaire, suivi en cas de désaccord entre les parlementaires des deux chambres, de nouveaux débats à l’Assemblée nationale puis au Sénat, et, en cas d’adoption en troisième lecture à l'Assemblée Nationale, d’une saisine du Conseil constitutionnel, dernière étape avant l’éventuelle promulgation par le Président de la République, puis la rédaction et la publication des décrets d’application… Cela devrait courir largement jusqu’au printemps 2021. Et d’ici-là, qui peut prédire ce qui pourrait se passer ? Autant de temps et d’occasions pour les opposants de faire entendre leurs arguments et de rallier à ce combat vital des personnes de bonne volonté. Si cependant ils ne parvenaient pas à barrer la route à cette première grande réforme « sociétale » du quinquennat, leur opposition éclairée resterait néanmoins un témoignage pour l’Histoire comme l’ont été ceux des opposants aux totalitarismes qui ont assombri le siècle passé.