L’huile de palme, le nouvel or noir
Par Judikael Hirel - Publié le 05/10/2019
On n’a jamais autant consommé d’huile de palme à travers le monde. Et l’on en a donc jamais autant produit... En 1980, on n’en produisait que 5 millions de tonnes, contre 76 millions de tonnes cette année… Et ce malgré les accusations de contribuer fortement à la déforestation. Sur 1,9 tonne d’huile de palme produite chaque seconde dans le monde, 90% proviennent d’Indonésie et de Malaisie. Pour quoi faire ? Pas seulement du Nutella, loin s’en faut ! Huile végétale la plus prisée au monde, car simple et peu onéreuse à produire et utiliser, elle sert à 70% à l’industrie agroalimentaire, selon Greenpeace, et 27% à l’industrie cosmétique. Elle sert également, marginalement, à produire des biocarburants, notamment en Europe.
Mais pour produire tant d’huile, il faut de plus en plus de surfaces cultivées : la production d'huile de palme dans le monde occupe déjà 30 millions d’hectares, soit environ dix fois la superficie de la Belgique. Et ce n’est pas fini : en Inde, premier pays importateur avec 10 millions de tonnes sur 2019-2020. la consommation a triplé en 20 ans. L'huile de palme est devenue le produit d’importation le plus onéreux, après le pétrole et l’or. À tel point que le gouvernement incite désormais les agriculteurs indiens à en produire davantage.
Du côté de la Chine également, la demande va croissante. À la fois du fait de la guerre commerciale avec les Etats-Unis, principal fournisseur de soja du pays, et en raison de la chute du nombre de porcs suite à une épidémie, les importations chinoises ont bondi de près de 60% sur les huit premiers mois de l’année. Pour le plus grand bonheur des principaux producteurs, tel le discret conglomérat malaisien Sime Darby, qui exploite un million d'hectares de terres et est coté plus de 8 milliards de dollars à la Bourse de Kuala Lumpur… Mieux que le pétrole, l’huile de palme ?
