Politique

« Evars », le programme d'éducation sexuelle dicté par l'État.

Par Philippe Oswald. Synthèse n°2547, Publiée le 15/09/2025 - Photo : La ministre de l'Éducation nationale Elisabeth Borne en visite dans une école publique élémentaire à Paris, le 1er septembre 2025. Crédits : Bertrand Guay / AFP.
Appliqué depuis la rentrée dans l'enseignement public et privé sous contrat, le programme d'éducation affective et sexuelle « Evars » est imposé par l'Éducation nationale dans toutes les classes depuis la maternelle jusqu'au lycée. Il participe, une fois de plus, à évincer les parents de leur responsabilité de dispenser à leurs enfants une éducation conforme à leurs convictions religieuses et philosophiques.

L'instabilité gouvernementale n'empêche pas la mise en œuvre de programmes contestés. C'est notamment le cas d'EVARS (« Éduquer à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité »), le programme d'éducation affective et sexuelle appliqué depuis la rentrée, de la maternelle au lycée, dans les établissements publics et privés sous contrat. À l'éducation à la « vie affective et relationnelle » en maternelle et en élémentaire, s'ajoute l'« éducation sexuelle » à partir du collège.

Ce programme est obligatoire. Il s'impose à tous les établissements publics et privés sous contrat. Pas question d'en être dispensé à la demande des parents, lesquels n'ont pas le droit d'en connaître le contenu précis, ni les supports pédagogiques utilisés, ni la date des séances. Il fera l'objet d'« évaluations », ce qui implique que l'écolier ou le lycéen devra avoir appris la leçon.

Le texte avait été adopté en février par l'Assemblée nationale à l'initiative d'Élisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale. Il donnait largement satisfaction aux associations de défense des droits LGBT et au Planning familial, ainsi qu'aux principaux syndicats d'enseignants, contre les défenseurs du droit des parents de dispenser à leurs enfants une éducation conforme à leurs convictions religieuses et philosophiques.

Le 27 juin, le Conseil d'État avait rejeté le recours contre Evars de sept associations – le Syndicat de la famille, Juristes pour l'enfance, SOS Éducation, les Mamans Louves, Au cœur de l'humain, Enfance et compagnie, Famille et Liberté. Ces associations requérantes jugeaient ce programme contraire à la « primauté éducative des parents » et au « principe de neutralité du service public », estimant qu'il faisait la part belle à l'« identité de genre » et à l'« homoparentalité ». De fait, Evars présente dès le CP « les différents types de familles », notamment « hétéroparentales, homoparentale» (Le Figaro, 30/06/2025). « L'homoparentalité n'a évidemment rien d'anodin ni de neutre, puisqu'elle prive sciemment des enfants de père ou de mère, et puisqu'elle renvoie aux débats anthropologiques, éthiques et politiques sur la PMA sans père et la gestation pour autrui », s'insurge le Syndicat de la famille. De plus, « exposer une distinction entre le sexe et le genre à partir de la classe de cinquième […], c'est ouvrir auprès d'élèves qui approchent de l'adolescence des doutes vertigineux sur leur propre identité », relève le Syndicat de la famille.

Lors de sa conférence de presse de rentrée, Élisabeth Borne, la ministre de l'Éducation nationale (à présent démissionnaire depuis le vote de défiance du 8 septembre), a affirmé à propos de l'application du programme Evars, qu'elle n'accepterait « aucune contestation d'enseignement, aucune menace, aucune violence […]. On a besoin d'un soutien sans faille de la hiérarchie, le ministère comme celle de proximité [les rectorats]. S'il y a un gros blocage, il faudra une certaine fermeté ; ce programme ne doit pas être négocié », assurait-elle (Franceinfo, 01/09/2025).

Mais les opposants à Evars n'ont pas l'intention de baisser les bras. « Rien n'empêche un nouvel arrêté » permettant de réviser le texte, estime Ludovine de La Rochère, présidente du Syndicat de la famille. Lors de la rentrée, le Syndicat a distribué un tract comprenant un mode d'emploi à l'intention des familles désireuses de protester contre Evars, et une liste de conseils pour protéger les enfants du « wokisme ».

L'enjeu éducatif est considérable, analyse le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ - European Centre for Law & Justice, 5/09/2025) : « Il ne s'agit pas d'une simple présentation de la vie affective, neutre et bienveillante pour améliorer la santé des enfants. C'est un programme de promotion de la sexualité précoce, qui pousse les enfants à faire tout type d'expérience, y compris le « questionnement de genre », en faisant du consentement et du désir les seuls axiomes de moralité à respecter. […] Il oblige les enfants à parler de leur intimité, à aborder les questions de puberté et de sexualité bien avant d'y être confrontés et enseigne aux enfants tous les stéréotypes féministes contre les hommes, le mariage, la grossesse, etc. ».

Après le rejet par le Conseil d'État du recours des associations contre Evars, l'ECLJ (en lien ci-dessous) organise une pétition, et annonce qu'il va saisir au début du mois d'octobre le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies pour faire respecter la morale et les droits des parents. Ce comité de l'ONU est en effet chargé de veiller à l'application du Pacte international obligeant les États « à respecter la liberté des parents [...] de faire assurer l'éducation religieuse et morale de leurs enfants, conformément à leurs propres convictions ». Or, constate l'ECLJ, les gouvernements français ne cessent d'empiéter sur le droit fondamental des parents à instruire et à éduquer leurs enfants. Il relève aussi que, dans la loi française, les parents sont relégués au simple rôle de « membres de la communauté éducative » (L.111-4 Code de l'éducation), ce qui est une négation pure et simple du droit naturel des parents à être les premiers éducateurs de leurs enfants.

La sélection
Programme EVARS : l'ECLJ agit aux Nations unies pour les droits des parents
Lire sur le site du European Center of Law and Justice
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