
Confinement contre coronavirus, un match contesté
Le gouvernement ne limitera pas le confinement aux personnes les plus vulnérables, a confirmé le ministre de la santé, Olivier Véran. L’Insee venait de publier (6 novembre) des statistiques sur la surmortalité en 2020, faisant état de 7 à 8% de décès en plus par rapport aux années précédentes, principalement chez les personnes de plus de 65 ans. Mais est-ce l’âge de ces personnes décédées qui est en cause ou des comorbidités ? Pourquoi les autorités, qui disent faire confiance au « dialogue social » pour imposer aux entreprises le télétravail partout où il est possible, ne feraient-elles pas de même envers les personnes à risques en les incitant à rester confinées après que leurs médecins les auraient prévenues de leur vulnérabilité ?
On le sait aujourd’hui : le principal danger du virus n’est pas tant sa mortalité (inférieure à 0,5%) que sa capacité à saturer les services de réanimation des hôpitaux. Il est d’autant plus paradoxal d’y répondre par le confinement « pour tous » que celui-ci attaque non seulement l’économie, mais aussi le moral et la santé de l’ensemble de la population. Est-on seulement sûr que le confinement ait un effet durable sur l’épidémie, surtout s’il est avéré que la majorité des contaminations ont lieu en famille ? Même l’OMS, qui avait prôné le confinement au printemps, déconseille aujourd’hui sa généralisation et son installation dans la durée en raison de dégâts supérieurs aux bénéfices espérés (le premier confinement a multiplié les addictions, les dépressions et les violences conjugales : +40%).
« Vouloir arrêter une épidémie avec le confinement, c’est comme vouloir arrêter la mer avec ses bras » estime pour sa part Jean-Loup Bonnamy dans un entretien au Figaro (en lien ci-dessous). Normalien, agrégé de philosophie spécialiste de géopolitique et de philosophie politique, il vient de publier avec le journaliste grand-reporteur Renaud Girard, normalien lui-aussi : « Quand la psychose fait dérailler le monde » (collection « Tracts », Gallimard). Pour ces auteurs, face à l’offensive éclair et généralisée du coronavirus, le confinement, c’est la ligne Maginot ! C’est un procédé archaïque qui ne permet pas de sauver des vies et de désengorger significativement les hôpitaux. À l’appui de leurs dires, ils renvoient aux comparatifs entre les pays confinés et non-confinés : ceux qui ont confiné longtemps leur population au printemps (Espagne, Italie, France, Belgique, Royaume-Uni, Argentine…) affichent un nombre de morts très élevé. Tandis que Taïwan qui n’a pas confiné, n’a eu que sept morts, et l’Allemagne, qui a fait le choix d’un semi-confinement beaucoup plus souple associé à une bonne qualité de soin et à un dépistage/isolement massif des malades (comme les pays asiatiques : Taïwan, Hong-Kong, Corée du Sud), compte six fois moins de morts par habitants que la France. Quant à la « deuxième vague » dont rien ne garantit qu’elle ne sera pas suivie d’une troisième et d’une quatrième, il semble arbitraire de l’attribuer à un « relâchement » des Français consécutif à un déconfinement trop rapide, s’il s’agit avant tout d’un phénomène naturel, celui de la saisonnalité des virus respiratoires. Ce sont donc les mesures ciblées que prônent ces auteurs, comparables à celles que prennent les Japonais face aux séismes ou celles qu’adoptent partout dans le monde les pouvoirs publics pour limiter les accidents de la route (limitations de vitesse, contrôles d’alcoolémie, sécurité passive) sans prétendre pour autant parvenir à les éradiquer. Face au coronavirus, l’expérience acquise par les médecins, la généralisation des test antigéniques et les progrès réalisés dans l’oxygénation des malades devraient faciliter l’exécution du fameux triptyque : tester, isoler, traiter.