Christianisme

Accord Saint-Siège/Chine : le pari risqué du pape François

Par Philippe Oswald - Publié le 27/09/2018 - Photo :
« Chers frères et sœurs, samedi dernier, le 22 septembre, un accord provisoire a été signé à Pékin entre le Saint Siège et République populaire de Chine sur la nomination des évêques en Chine » a annoncé le pape François lors de l'audience générale du 26 septembre. Un accord « provisoire » mais cependant « historique » selon L'Osservatore Romano. Un accord déchirant pour l'Eglise catholique clandestine ou « souterraine » de Chine ! Conscient du sacrifice demandé à ces catholiques restés fidèles à Rome malgré près de soixante-dix ans de persécutions, le pape François a adressé ce même jour un message aux catholiques de Chine et à l'Eglise universelle pour expliquer la signification de cet accord et mettre un baume sur le cœur de ceux qui « ont la sensation d'avoir été comme abandonnés par le Saint-Siège », comme l'écrit lui-même le pape François dans ce message. L'accord ne consiste pas simplement à régulariser la situation des évêques précédemment nommés par Pékin sans l'aval de Rome (ils sont sept dont les excommunications ont été levées) mais à établir une procédure de nomination des évêques chinois sur la base d'un dialogue entre le Saint-Siège et le gouvernement chinois. « J'espère ainsi qu'il sera possible d'ouvrir en Chine une nouvelle phase, qui aide à guérir les blessures du passé, à rétablir et à maintenir la pleine communion de tous les catholiques chinois et d'assumer avec un engagement renouvelé l'annonce de l'Evangile » a ajouté le pape devant les fidèles réunis place Saint-Pierre, en invitant toute l'Eglise à prier et à manifester sa solidarité avec les catholiques de Chine.

Au Vatican, on a toujours dit qu'accepter des compromis à propos de la nomination des évêques pouvait être un premier pas, certes difficile, mais à tenter, afin d'obtenir plus de liberté et de sécurité pour les communautés catholiques chinoises, qu'elles soient « clandestines » ou « patriotiques ». Les unes et les autres souffrent actuellement d'un regain de persécutions (cf. LSDJ n°457), ce qui rend le pari risqué. « C'est un processus qui a duré des années » a expliqué le pape François aux journalistes qui l'accompagnaient dans l'avion qui les ramenait de Tallinn à Rome, mardi 25 septembre. « Vous savez que quand on signe un accord de paix ou une négociation, les deux parties perdent quelque chose, c'est la règle. » Et d'ajouter : « Je pense à la résistance, aux catholiques qui ont souffert : c'est vrai, ils souffriront. Dans un accord, il y a toujours de la souffrance. Mais ils ont une grande foi (…) » Mais au bout du compte, a conclu le pape, « la nomination [des évêques] vient de Rome ; la nomination vient du pape, c'est clair. »

Est-ce si clair ? « Il faudra attendre de connaître les modalités concrètes de l'accord portant sur la nomination des évêques pour savoir qui tire son épingle du jeu » estime Jean-Marie Guénois qui penche pour une victoire du régime communiste dans l'analyse du Figaro (ci-dessous). Soulignons cependant, en citant le message du pape François aux catholiques de Chine et à l'Eglise universelle, qu'il s'agit d'un accord « provisoire », nouvelle étape sur « un chemin » entrepris par les prédécesseurs du pape François, qui « demande du temps et présuppose la bonne volonté des parties » (Benoît XVI, Lettre aux Catholiques chinois, 27 mai 2007, n. 4). Le régime dictatorial et répressif de Xi Jinping saura-t-il faire preuve de « bonne volonté » ?
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Quel est l'enjeu de l'accord historique signé entre le Vatican et la Chine ?
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