Présidentielle : pourquoi faut-il encore 500 signatures ?

Récemment, Richard Ferrand, actuel président de l’Assemblée Nationale, rappelait que "dans la Constitution, aller chercher la signature de 500 maires, c'est un premier acte de campagne. C'est déjà le commencement de la campagne, et non pas un frein." Nul n’est censé ignorer la loi, dit-on. Plus encore quand il la vote. C’est en fait faux. Ce n’est que lors du passage de l’élection présidentielle au suffrage universel direct, en 1962, que cette règle a été établie. Une loi dite "organique" fixera alors les conditions du scrutin, et exigera 100 parrainages à travers la France pour pouvoir se présenter à la fonction suprême.

Il faudra même attendre 1976 et Michel Poniatowski au ministère de l’intérieur pour voir le nombre de parrains passer à 500 issues d’au moins 30 départements différents. Et ce après que douze candidats aient pu se présenter lors de l’élection présidentielle de 1974. Maires, sénateurs, députés, ou conseillers départementaux et régionaux peuvent accorder leur parrainage à un candidat. Mais en 2017, les règles changent à nouveau, pour se durcir encore et accroître la pression sur les élus, et les candidats : désormais, la liste des parrains est intégralement rendue publique pour chaque candidat et publiée au moins deux fois par semaine. Par ailleurs, le doute plane sur le respect des promesses, désormais non plus transmises par les équipes du candidat au Conseil Constitutionnel, mais directement par les parrains.

Alors que la suppression de la taxe d’habitation a mis les maires sous dépendance financière, entre subventions et dotation de fonctionnement versée par l'État en lieu et place des recettes locales, faire pression sur les parrains potentiels n’a au fond jamais été aussi aisé. Certains candidats bien cotés dans les sondages pourraient-ils ne pas parvenir à récolter ces 500 signatures ? Et ce quand la candidate de Lutte ouvrière annonce déjà sa candidature et les avoir obtenues ? C'est tout à fait possible. Il se pourrait bien que ce système de parrainages, qui favorise les partis établis par rapport aux candidats hors système, ait atteint ses limites et ait besoin d’être revu de fond en comble. Sous une nouvelle présidence.