Les éveillés du wokisme sont les nouveaux Cathares
Société

Les éveillés du wokisme sont les nouveaux Cathares

Par Ludovic Lavaucelle - Publié le 13/05/2022
La croisade contre les Cathares albigeois a durablement marqué les régions des confins pyrénéens, de Toulouse jusqu’aux rives de la Méditerranée. Une guerre anti-insurrectionnelle impitoyable de 20 ans, ordonnée par le pape Innocent III en 1209 pour éradiquer le catharisme. On estime que les derniers adeptes de cette secte n’ont disparu qu’un siècle plus tard. Cette croyance serait venue de Bulgarie au XIIème siècle (d’où le surnom de « bougres » donné aux Cathares qui s'appelaient eux-mêmes les « Bons Chrétiens ») pour se répandre très rapidement dans les régions montagneuses puis dans les grandes villes de la région. Elle n’était pas seulement une menace pour les autorités, mais était considérée comme une abomination.

Les cathares rejetaient le réel sensible, en commençant par le corps. Un dieu maléfique aurait créé toutes choses matérielles et emprisonné les esprits angéliques dans les corps humains. Piégés dans un cycle de réincarnation, ces derniers ne pouvaient être libérés que par un rite de purification – le « consolamentum » – qui donnait accès au titre de « perfecti ». À la mort du corps impur, les hommes devenus des anges pouvaient rejoindre le Bon Dieu. Les Cathares (du grec katharós, « pur ») méprisaient par conséquent les oripeaux de la chair. Certains « perfecti » s’imposaient l’épreuve purificatrice de l’« endura » en se laissant mourir de faim. Si le corps était trop résistant, on hâtait la libération de l’esprit à l’aide d’un oreiller bien rembourré sur le visage du fidèle alité. Les plus modérés refusaient toute nourriture animale. La procréation était considérée comme une perpétuation du mal. Il n’y avait plus ni hommes ni femmes, mais des anges asexués prisonniers de corps vils. Persuadés que le « consolamentum » effacerait tout péché, les Cathares se sont rendus célèbres par leurs mœurs homosexuelles. Le terme anglais « buggery » qui désigne l’acte de sodomie vient de « bougres » … On estime que la guerre totale menée contre les Cathares aurait fait 1 million de victimes.

Les Cathares s’inscrivaient dans la tradition gnostique. Le gnosticisme (de « gnose », connaissance en grec) a fortement imprégné les premières communités chrétiennes helléniques. La tradition platonicienne croyait en l’existence d’une réalité parfaite et immuable, le monde des idées pures, que pouvait atteindre l’intelligence libérée de « la prison » du corps. Les gnostiques chrétiens ont fait éclore des douzaines de sectes cherchant à concilier le message christique et la tradition philosophique platonicienne. Les tenants de la gnose étaient les « éveillés », les « wokistes » de l’époque, explique N.S. Lyons (voir son essai en lien). Ils détenaient une vérité : le monde physique n’est pas réel mais une illusion à rejeter. Donc, toute connaissance véritable ne peut pas être empirique : on ne peut parvenir à la vérité que par le développement d’une conscience supérieure. Le Dieu de l’Ancien Testament créateur du monde physique n’était qu’un démiurge maléfique. L’antisémitisme dont on accuse facilement les premiers Chrétiens était particulièrement virulent au sein des sectes gnostiques.

A priori, la science n’a rien de gnostique : elle élabore des théories sur la base de l’observation empirique du monde physique et elle les vérifie par des expériences. Pourtant, le gnosticisme, qui n’a jamais disparu, gagne aujourd’hui la communauté scientifique. Si la théorie est le point d’appui pour comprendre le monde, alors seuls ceux qui acceptent le présupposé de la théorie peuvent détenir la vérité. On a vu ainsi des institutions médicales américaines respectées affirmer que le sexe biologique n’existait pas : il ne peut pas exister puisque la théorie du genre est la seule acceptable ! Comme l’a écrit Orwell dans « 1984 », 2+2 doivent faire 5 conformément à la décision du Parti. Si le monde qui nous entoure ne correspond pas à la théorie – ou gnose – alors le monde a tort. Et il est du devoir des « éveillés », en héritiers des « bons chrétiens » cathares, de le changer. La mode du « transgenre » ne doit pas être vue comme une folie anglo-saxonne. Certes, elle prend plus facilement pied dans la tradition gnostique vivace dans le protestantisme. Mais elle s’inscrit dans la vision apocalyptique des Cathares. Les « transsexuels » sont les nouveaux « perfecti » qui aident à transformer l’humanité pour atteindre un stade supérieur. L’avortement sans contrainte est une vertu cardinale car les femmes qui enfantent sont des obstacles insupportables à la vision des « éveillés ».

La secte « woke » est dangereuse car elle est portée par la mode et la technologie. La virtualisation des échanges rend la tentation gnostique encore plus forte puisqu’elle donne une image réelle au virtuel… C’est notamment l’ambition d’un Mark Zuckerberg. Facebook s’appelle dorénavant « Meta » – qui signifie « au-delà ». Rien de tel que de refuser son propre corps et de se plonger dans un métavers pour accéder à l’illusion d’un monde fantasmé…
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