Gabriel Attal, le nouveau premier ministre, est jugé « dynamique » par 69 % des Français interrogés dans un sondage BVA/RTL du 10 janvier. Cependant, constate RTL, « missionné par Emmanuel Macron pour "réarmer" le pays, Gabriel Attal ne semble pas pour l'instant convaincre les Français sur ce point. La moitié d'entre eux estiment qu'il ne parviendra pas à insuffler une nouvelle dynamique dans ce quinquennat. Quant à sa capacité à élargir la majorité, là encore, les Français sont seulement 45 % à lui faire confiance ... »
Gabriel Attal est présenté comme l'arme fatale d'Emmanuel Macron contre le Rassemblement National, notamment dans la perspective des élections européennes du 9 juin pour lesquelles Jordan Bardella, le numéro deux du RN, fait la course en tête. Mais l'opinion publique partage-t-elle majoritairement l'obsession du chef de l'État de faire barrage au RN ? On connaît les préoccupations principales des Français, dans cet ordre : le pouvoir d'achat et l'inflation, la qualité des soins, la sécurité, l'immigration, l'environnement (cf. les sondages IFOP/TF1, et CSA/CNEWS/Europe 1/JDD, publiés le 11 janvier).
L'arrivée surprise de Rachida Dati au ministère de la Culture est présentée comme l'autre arme fatale d'Emmanuel Macron, celle-ci contre les Républicains. Mais cette trouvaille ne paraît pas non plus subjuguer les Français. Cette nomination a fait aussitôt ressurgir d'anciennes interventions de Rachida Dati dans lesquelles elle criblait de flèches le chef de l'État et son parti. Le Parisien et Ouest-France ont chacun mis en ligne un florilège de ses attaques venimeuses contre le président, son parti et les ralliés : « Pour susciter l'adhésion, il faut revenir aux fondamentaux : la proximité, les actes, la clarté, la cohérence.Tous ceux qui ont fait des alliances opportunistes avec La République en marche (LREM, renommée Renaissance) aux municipales ont perdu. À gauche comme à droite. L'alliance avec En Marche, c'est le baiser de la mort » (Ouest-France, 28 août 2020) ; « La République en Marche c'est quoi ? Un parti de traîtres de gauche et de traîtres de droite, qui n'est rien sans Emmanuel Macron » (France Inter, 21 juin 2021) ; « En Marche à l'Assemblée nationale, ça va être des canards sans tête et les autres, des têtes brûlées. » (BFMTV, 21 juin 2022). Les médias et les réseaux sociaux regorgent d'ailleurs de déclarations de la même eau anti-macroniste des deux principaux piliers du gouvernement maintenus à leurs poste, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, alors qu'ils étaient encore membres de LR. Après tant de revirements, comment les Français ne partageraient-ils pas cette remarque de Coluche : « La politique, c'est pas compliqué, il suffit d'avoir une bonne conscience, et pour cela, il faut juste avoir une mauvaise mémoire. » Mais aujourd'hui, les réseaux sociaux se chargent de combler les trous de mémoire, réduisant comme peau de chagrin les effets d'annonce.
Ceux-ci n'encombreront pas longtemps la mémoire collective des Français. Ils attendent « des résultats, des résultats, des résultats », comme le leur a promis Gabriel Attal le 10 janvier, lors de son premier 20H de TF1 en tant que premier ministre. Emmanuel Macron serait avisé de ne pas rajouter des promesses aux promesses lors de sa prochaine conférence de presse, demain soir, 16 janvier, une intervention au format XXL -pas moins d'une heure trente… En guise d'apéritif ou d'antidote, donnons à présent la parole … au président de l'Institut de la parole, Philippe Bilger, magistrat honoraire : il passe au scanner la composition du nouveau gouvernement dans Causeur (13 janvier, en lien ci-dessous).
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