Rude début d’année pour Emmanuel Macron

Ce 24 janvier, l’entrée en vigueur du passe vaccinal (« pass vaccinal » selon la terminologie officielle) prive de libertés fondamentales des millions de Français non vaccinés ou n’ayant pas effectué leur « parcours vaccinal complet ». C’est comme le point d’orgue de jours difficiles pour le président de la République.

Sa prise de fonction de la présidence française de l’Union Européenne, à Strasbourg, le 19 janvier, ne s’est pas déroulée sereinement. Au contraire, accueilli par des cris hostiles de manifestants, il a essuyé sous un hémicycle d’habitude plutôt feutré une pluie de critiques venant d’adversaires nationaux, de députés français de droite (Bellamy, Jordan Bardella) ou de gauche (Manon Aubry, Yannick Jadot), ou encore d’étrangers comme le député croate Mislav Kolakusic, qui l’a carrément accusé d’être un empoisonneur avec sa politique du tout vaccinal… À l’issue de sa conférence de presse finale, Emmanuel Macron ayant refusé de répondre aux questions des journalistes, ceux-ci ont quitté la salle.

Plus inquiétant pour le président/candidat, à la fin de la semaine, un sondage Ifop-JDD publié par le Journal du dimanche (22/23 janvier, en lien ci-dessous), affichait une perte de popularité de 4 points au cours du mois de janvier. Le chef de l'État ne compterait plus que 37% de satisfaits (-4 points en un mois), contre 60% (+5) de mécontents. « Une sérieuse alerte » selon le JDD. Causes principales de la montée des mécontents, selon ce journal plutôt pro-gouvernemental : la gestion de la crise sanitaire et la question du pouvoir d'achat.

C’est la plus forte baisse enregistrée depuis mars 2021, époque où Emmanuel était réputé avoir bien géré l’épidémie, analyse Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop, pour qui ce sondage marque « un tournant ». D’autant que la baisse la plus forte est chez les jeunes (-7 points chez les 18-24 ans) et les retraités et les plus de 65 ans (-3 à 4 points). Cette dernière tranche d’âges est réputée à la fois fidèle au devoir électoral et plutôt « macroniste ». Beaucoup de sondés jugent « irrespectueuse » l’« envie d’emmerder les non vaccinés » lâchée par le président de la République, et en « perte de cohérence » sa gestion de la crise sanitaire, avec l’entrée en vigueur du passe vaccinal à un moment où l'extrême contagiosité mais aussi la relative innocuité du variant Omicron et la faible protection de la vaccination rendent cette mesure dérisoire sanitairement sans en atténuer le caractère liberticide.

Suivent, sans surprise, les inquiétudes croissantes des Français pour leur pouvoir d’achat alors que pointe l’inflation, ainsi que pour leur sécurité : 59% des Français jugent le bilan du chef de l’État en matière de sécurité négatif, contre 31% qui l’estiment positif (à comparer aux 41% d’opinions positives qu’il recueillait en avril 2018). « Le régalien n’est pas un atout pour lui, ce qui est rare pour un président sortant, commente Frédéric Dabi. C’est son vrai point faible, et c’est là-dessus que la droite l’attaque. »

Ce sondage ne marque certes pas un effondrement du socle macronien (très supérieur à celui de François Hollande en janvier 2017 : 20%) mais il le rapproche du taux de soutien à Nicolas Sarkozy en janvier 2012 (32% de satisfaits). Il rappelle aussi un précédent plus lointain : la première baisse importante de popularité de Valéry Giscard d'Estaing en janvier 1981. Il est vrai que son principal adversaire, chef d'un Parti socialiste puissant, s’appelait François Mitterrand.