Union Européenne : les « petits » perturbent le jeu des « grands »
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Union Européenne : les « petits » perturbent le jeu des « grands »

Par Philippe Oswald - Publié le 02/07/2019
Très fâché, vexé même, Emmanuel Macron, à l’aube du 2 juillet, après une nuit sans sommeil et « des heures passées en palabres » au Conseil européen, à Bruxelles, dans « un club de 28 qui se réunit sans jamais se décider ». « Cela donne une très mauvaise image de l'Europe, une image pas sérieuse », s’est-il indigné. Objets des tractations, quatre postes clés de l'UE : par ordre d’importance, la présidence de la Commission européenne, la présidence du Conseil, la présidence du Parlement, et le Haut représentant pour les affaires étrangères. Parmi les perturbateurs, le président français a notamment pointé « ces petits groupes de pays qui se forment » pour s’immiscer dans le jeu des grands. En cause, le rejet par la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, les quatre pays du groupe de Visegrad, mais aussi par l’Italie, la Croatie, l’Irlande et la Lettonie, de la candidature du social-démocrate néerlandais Frans Timmermans à la présidence de la Commission européenne.

Timmermans était notoirement le candidat d’Emmanuel Macron et d’Angela Merkel : le président et la chancelière s’étaient accordés sur ce choix en marge du G20 à Osaka, de connivence avec l’Espagnol Predo Sanchez, le Néerlandais Mark Rutte et le président du Conseil européen Donald Tusk. Mais c’était sans compter sur le vent de révolte qui souffle du centre et de l’est de l’Europe contre les pays fondateurs de l’Union, jugés dominateurs et arrogants. Le Parti populaire européen (PPE, conservateur, sorti vainqueur des élections), commettrait une « erreur historique » s’il soutenait la candidature de Frans Timmermans, avait averti le meneur de la fronde, le président hongrois Viktor Orban, dans une missive aux chefs de file du PPE.

Vice-président de la Commission européenne sous la présidence du très critiqué luxembourgeois Jean-Claude Juncker, Frans Timmermans a multiplié les « sorties » contre la Hongrie et la Pologne en les accusant de violer les droits civiques et en fustigeant leur allergie à l’immigration. Il est donc devenu leur bête noire, avec la chancelière allemande à cause de sa politique migratoire, et avec Emmanuel Macron, meneur autoproclamé des antipopulistes et soupçonné de chercher à faire « exploser la droite » au sein de l’UE comme il l’a fait en France. Mais ces pays sont loin d’avoir à eux seuls une minorité de blocage. C’est au sein du PPE qu’une majorité s’est dressée contre la candidature surprise du candidat social-démocrate, rejoignant ainsi de facto la position de Viktor Orban qui n’avait pas manqué de souligner « l’humiliation » anti-démocratique qui serait infligée au PPE si ce parti, bien que majoritaire, n’obtenait pas le premier poste de direction européen (qu’il occupe depuis 20 ans).

Rusé, Orban ! A l’issue des élections européennes où il a obtenu avec son parti, le Fidesz, 52,3 % des voix - le meilleur résultat parmi les partis membres du PPE-, le Hongrois a fait le choix de rester dans le parti majoritaire, au lieu de rallier l’alliance des extrêmes droites dominée par l’Italien Matteo Salvini. Cela lui donne voix au chapitre au sein du parti majoritaire dans l’UE. Lequel PPE, en refusant de se rallier au candidat socialiste « pré-désigné » par Angela Merkel et Emmanuel Macron pour succéder à Jean-Claude Juncker, annonce la fin d’une époque : celle des « petits arrangements » entre « parrains » de l’Europe - un couple lui-même au bord de la rupture, ou qui ne paraît plus en tout cas avoir grand-chose à se dire. Une sortie de l'impasse a néanmoins été trouvée en fin de journée, ce 2 juillet, avec un accord des 28 sur le choix de deux femmes appartenant à des partis membres du PPE : l'actuelle ministre allemande de la défense, Ursula von der Leyen, à la Commission européenne, et la Française Christine Lagarde, directrice du FMI, à la Banque centrale européenne. Le libéral Charles Michel, premier ministre belge est pour sa part "nominé"pour la présidence du Conseil et le socialiste espagnol Josep Borrell comme haut représentant pour les affaires extérieures. Des choix qui devront encore être ratifiés par le Parlement européen 

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