Une incroyable découverte au cœur de Tikal, la grande cité maya
Culture

Une incroyable découverte au cœur de Tikal, la grande cité maya

Par Ludovic Lavaucelle - Publié le 20/04/2021
À l’œil nu, on ne voit qu’une colline couverte de jungle au milieu du site de l’antique cité-état de Tikal, au nord du Guatemala. Grâce à l’analyse d’une vue aérienne prise avec la technologie LIDAR (laser), les archéologues ont détecté la présence d’une pyramide inconnue jusqu’alors. Le monument est au centre d’un quartier clos, où de plus petites constructions bordent une large place. Plus étrange, la forme des bâtiments et leur orientation sont très différentes du reste de la cité maya. En fait, tout rappelle l’architecture de Teotihuacan, la cité toute puissante résidant plus de 1280 km au nord-ouest, proche de la capitale actuelle du Mexique, Mexico. En regardant de plus près, les archéologues ont fait une découverte encore plus étonnante : ce quartier de Tikal est une réplique exacte, juste moitié moins grande, de la gigantesque place appelée la Citadelle, au cœur de Teotihuacan, qui comprend la légendaire pyramide du Serpent-à-Plumes.

Que fait une enclave de Teotihuacan au sein de cette cité maya ? Les équipes de terrain ont découvert dans les ruines des céramiques et des armes typiques du début du 4ème siècle ainsi qu’un brûleur d’encens à l’effigie du dieu de la pluie de Teotihuacan. Tout indique qu’une colonie liée à cette lointaine cité vivait au cœur du pays maya. On savait que l’influence de cette super-puissance s’étendait sur toute la région au début de notre ère mais cette récente découverte pointe vers des relations encore plus étroites qu’on le pensait jusqu’à présent. D’après Thomas Garrison, géographe à l’Université du Texas à Austin, les cités antiques de la Mésoamérique n’étaient pas si différentes des métropoles cosmopolites d’aujourd’hui. Des peuples étrangers coexistaient en conservant leurs langues et cultures.

Les céramiques remontent à une centaine d’année avant 378, une date charnière de l’histoire des Mayas. Le 16 janvier 378, d’après les inscriptions mayas, un général nommé « Né du Feu » envoyé par le roi de Teotihuacan attaque et prend Tikal. Le même jour, « Patte de Jaguar », roi de Tikal, « entre dans l’eau », une métaphore maya pour dire qu’il meurt… Le fils du général « Né du Feu » occupera son trône et Tikal recouvrera prospérité et influence régionale, mais en tant que vassal de la lointaine Teotihuacan.

Les archéologues s’interrogent… Pourquoi le roi de Teotihuacan a-t-il entrepris une telle expédition contre Tikal alors que le commerce était florissant entre les deux cités et les échanges culturels intenses ? La Mésoamérique du 4ème siècle était déjà, à son échelle régionale bien sûr, un monde globalisé fait d’échanges commerciaux et culturels qui, selon une lecture moderne de l’Histoire, devait faire baisser le risque de conflit.

Cependant, une autre découverte récente, à Teotihuacan cette fois, remet en question la vision naïve d’un monde globalisé idyllique. Une équipe, dirigée par Nawa Sugiyama, archéologue à l’Université de Californie (Riverside), a mis au jour les restes d’un quartier maya. Comme un miroir de l’enclave de Teotihuacan à Tikal, un ensemble de bâtiments luxueux et décorés de splendides sculptures murales mayas était planté au sein de la puissante cité à plus de mille kilomètres de son pays d’origine. Une colonie de dignitaires, de diplomates, de nobles mayas résidait à Teotihuacan, dans un quartier où ils vivaient selon leurs coutumes et dans des palais qui reproduisaient fidèlement les murs qui les avaient vus naître. Or, peu avant la conquête de Tikal en 378, les sculptures murales mayas ont été non seulement brisées mais enterrées, les bâtiments totalement détruits. Une fosse, dans le même quartier, a révélé la présence de squelettes humains suppliciés en nombre.

Les archéologues cherchent l’événement qui a déclenché une telle brutalité dans un climat de « globalisation heureuse ». La mise en parallèle des découvertes à Teotihuacan et à Tikal pousse les spécialistes à pointer du doigt une « collision des cultures », une expression élégante pour désigner une conséquence du multiculturalisme. On estime que les colonies, dans les deux cités, ont perduré au moins un siècle avant que le plus puissant des partenaires soumette son allié. Il semble d’ailleurs (les recherches dans l’immense site continuent) que la colonie des Teotihuacanos résidant à Tikal ait joué un rôle dans le conflit, comme une sorte de cinquième colonne… Une chose est certaine à ce stade des fouilles : la colonie maya de Teotihuacan, dont les maisons et monuments proclamaient la magnificence de sa civilisation, a été exterminée et ses traces enterrées.

« Ce qu’on dit être nouveau en ce monde, c’est l’Histoire qu’on ignore » a dit l’ancien Président américain Harry Truman…
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Une incroyable découverte au cœur de Tikal, la grande cité maya
Archaeologists discover mysterious monument hidden in plain sight
National Geographic
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