Reconfinement inavoué, mais vrai tour de vis et sacré coup de patin !
Politique

Reconfinement inavoué, mais vrai tour de vis et sacré coup de patin !

Par Philippe Oswald - Publié le 01/04/2021
Jamais deux sans trois ! Le président de la République reconfine la France mais évite soigneusement d’employer le mot. Pas question de reconnaître qu’il a perdu son pari du mois de janvier. « L’humilité » qu’il a évoquée à la surprise générale lors de son allocution de mercredi soir (31 mars) a des limites. Il s’agirait juste de demander « un effort supplémentaire » de quatre semaines aux Français. Il n’empêche que la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées signe la fin d’une stratégie qu’Emmanuel Macron nous avait présentée au début de l’année comme une exception française. Avec la contrainte imposée à tous les « commerces non essentiels » de baisser de nouveau le rideau, et l’interdiction, sauf dérogation, des déplacements interrégionaux, c’est bien un troisième confinement. La stratégie du couvre-feu généralisé et du confinement ciblé dans 19 départements n’a pas résisté à la pression des hôpitaux et des comités d’experts. Faute d’avoir « freiné le virus », Macron écrase le frein !

Les jeunes en seront les principales victimes, ainsi que leurs parents. La plupart gardent un mauvais souvenir du premier confinement. L'école à domicile, qui plus est, derrière un écran, ça ne convient pas à tout le monde. Si tous les milieux sont atteints comme dans la fable « Les animaux malades de la peste », l’écart creusé entre les plus et les moins favorisés devient une faille béante. Pas de commune mesure entre l’effort demandé à un écolier habitué à apprendre seul ou guidé par un parent dans le calme et le confort d’un grand logement, et celui que des cours « en distanciel » imposent à un élève livré à lui-même et confiné inconfortablement. Cette évidence rend quelque peu dérisoire l’assurance réitérée par le président Macron que l’éducation des générations futures « n’est pas négociable ».

Le plus étrange, le plus frustrant, le plus rageant pour les habitants des régions très peu contaminées, c’est d’être mis dans le même sac que ceux des régions les plus atteintes. Les Bretons, les Basques ou les habitants de la Creuse doivent subir la même punition que les habitants de l’Ile-de-France et des Hauts-de-France. Pas de tête qui dépasse ! L’égalitarisme, le jacobinisme et le bureaucratisme ont encore frappé !

Le point positif de l’intervention présidentielle relevé par la plupart des commentateurs, c’est d’avoir ouvert la perspective d’une réouverture à la mi-mai. Si du moins les conditions sont alors réunies… la principale, sinon la seule, étant une « accélération » de la vaccination. C’est une promesse déjà entendue mais pas encore tenue. Même l’OMS juge « inacceptable » la lenteur de la vaccination dans les pays membres de l’UE... dont la France est la lanterne rouge.

Mais au fait, et les traitements ? Pourquoi sont-ils toujours mis sous le boisseau en France quand ils ne sont pas purement et simplement interdits faute d’autorisation de mise sur le marché (AMM) par l’Agence nationale de sécurité du médicament ? Le Conseil national de l’ordre des médecins dans un communiqué sur les prescriptions hors AMM, daté d’avril 2020, rappelait « fermement à l’ensemble des médecins qu’en cette période de vulnérabilité particulière et face à l’inquiétude de nos concitoyens, […] il serait inadmissible […] de susciter de faux espoirs de guérison » et que « la mise en danger des patients, s’il apparaissait qu’elle puisse être provoquée par des traitements non validés scientifiquement, pourrait justifier dans ces circonstances la saisine du Directeur général de l’ARS pour demander une suspension immédiate de l’activité de ces médecins. » Faut-il en conclure : hors des vaccins, point de salut ?

Et les tests ? Bien que validés à la mi-mars par la Haute autorité de Santé (HAS), les autotests de dépistage du Covid-19 ne sont toujours pas disponibles à la vente. Invité de la matinale d'Europe 1 ce jeudi 1er – mais le ton n’avait rien d’un poisson d’avril –, l'épidémiologiste Martin Blachier a carrément accusé le ministre de la Santé, Olivier Véran, de « bloquer » le déploiement des autotests de dépistage du Covid-19 qui favoriserait, estime-t-il, une réouverture progressive du pays à partir de la mi-mai, alors que trop peu de Français seront alors vaccinés (son intervention en lien ci-dessous). Interrogé sur les raisons de ce blocage, Martin Blachier évoque deux possibilités : « Soit, il ne comprend pas, et dans ce cas-là, moi je suis disponible pour aller lui expliquer dans son bureau au ministère de la Santé, ou alors, il veut faire plaisir à d'autres personnes en pensant qu'il a des comptes à rendre aux pharmaciens et aux laboratoires d'analyse qui ont peut-être beaucoup investi. Dans ce cas-là, qu'il leur fasse un chèque, mais qu'il ne nous bloque pas le pays uniquement parce qu'il leur doit quelque chose. »

Et les lits de réanimation ? Une nouvelle fois, Emmanuel Macron a promis qu’on passerait « dans les prochains jours » à plus de 10 000 lits, contre 7 665 actuellement. On verra… mais pourquoi, pourquoi avoir tant tardé ?
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Covid-19 : Martin Blachier accuse Olivier Véran de "bloquer" le déploiement des autotests
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