Partie de « chat plongé » en Mer d’Irlande
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Partie de « chat plongé » en Mer d’Irlande

Par Ludovic Lavaucelle - Publié le 12/06/2021
Branle-bas de combat au large de la Cornouaille ! Depuis le mercredi 9 juin, une chasse se déroule dans les eaux de la Mer d’Irlande, nous apprend Tom Rogan du Washington Examiner (voir article en lien ci-dessous). Au moins un appareil de lutte anti sous-marine français, un Beechcraft Super King Air 350, s’est joint à une petite armada de l’OTAN pour patrouiller au large des côtes d’ordinaire si tranquilles de la pointe occidentale anglaise. Américains et Britanniques ont aussi mobilisé des avions de surveillance maritime. Un Poseidon P-8 de la Royal Air Force, venant de sa base lointaine en Ecosse, ratisse à basse altitude les parages des 12 miles nautiques au large, à la limite des eaux territoriales britanniques, tandis qu’une frégate britannique, le HMS Northumberland, équipée du système de sonar de dernière génération de détection anti sous-marine, quadrille les eaux.

Il se trouve que ce week-end, du vendredi 11 au dimanche 13 juin, le sommet du G7 a lieu dans la petite localité de Carbis Bay… Les alliés de l’OTAN soupçonnent qu’un sous-marin d’attaque russe rôde à quelques encablures de la côte. Il ne s’agirait pas de n’importe quel sous-marin… La Mer d’Irlande n’est pas dans une zone d’opération où des sous-marins porteurs d’engins nucléaires balistiques de classe Borei peuvent pénétrer sans être repérés. Mais ce n’est pas le cas des derniers fleurons de la marine russe, les sous-marins nucléaires d’attaque de classe Yasen. Les Kazan et Severodvinsk, attachés à la Flotte du Nord, sont extrêmement silencieux et conçus pour pénétrer loin dans l’Atlantique en toute discrétion, jusqu’aux côtes américaines avec leurs nouveaux missiles de croisière. Ces sous-marins ont déjà réussi à échapper aux efforts de détection déployés par les marines de l’OTAN. Mais aucun bâtiment n’est jamais totalement invisible. En l’occurrence, comme l’a révélé Ben Wallace, le Secrétaire à la Défense britannique, l’un de ces deux loups de haute mer a croisé en Mer d’Irlande en 2020.

Quelles motivations pourraient avoir les Russes pour conduire une telle incursion ? La frustration politique d’abord car, à la suite de la crise de Crimée en 2014, la Russie a été exclue du club restreint des grandes puissances économiques. C’est un camouflet que le Kremlin n’a pas digéré. L’ancien Président américain Donald Trump avait donné des signes d’ouverture pour leur permettre de revenir et reformer un « G-8 ». Il s’agit donc de « pourrir » la fête, un peu comme une fiancée éconduite venant hanter la cérémonie de mariage de son ancien promis… L’ex-agent du KGB Vladimir Poutine a toujours nourri une passion pour les « opérations spéciales ». Il est particulièrement fier de sa flotte sous-marine en laquelle il voit un porte-étendard pour revendiquer sa position de grande puissance.

Les Russes ont pris l’habitude de tester régulièrement les défenses de l’OTAN. L’espace maritime britannique est une cible de choix, en première ligne face à la Flotte du Nord. Vladimir Poutine maintient une attitude agressive face au Royaume-Uni. Les différends politiques ont été alimentés par des tentatives d’assassinats d’opposants politiques sur le sol britannique. Des faux-pas « shocking » pour les services de sa Gracieuse Majesté. Or, humiliation suprême, aucun agent 007 n’est parvenu à prévenir ces attaques qui ont fait les gros titres dans le monde entier.

Vladimir Poutine dispose d’une autre arme qui l’incite à pousser les Britanniques dans leurs retranchements. Alors qu’ils n’ont investi que 3 milliards de dollars en France et quelque 3,5 milliards en Allemagne, les Russes ont cumulé près de 11 milliards de dollars d’investissements au Royaume-Uni et parient donc que les Britanniques chercheront toujours un compromis pour ne pas perdre cette manne financière. C’est un levier majeur pour Moscou qui voit dans le Royaume-Uni le « ventre mou » de l’OTAN.

Le Washington Examiner avait déjà fait part de la grande estime du Pentagone pour l’excellence opérationnelle de la Marine française, nos sous-mariniers et chasseurs de sous-marins tout particulièrement. Oncle Sam avait apprécié l’engagement fin 2020 du SSN Emeraude de la « Royale » aux côtés de sa flotte pour des exercices en Mer de Chine. Si nos fines oreilles à bord du petit Beechcraft pouvaient repérer le sous-marin russe dans les eaux anglaises, gageons que cela renforcerait notre réputation chez les militaires américains… Tout en faisant enrager nos chers voisins d’outre-Manche.
La sélection
Partie de « chat plongé » en Mer d’Irlande
Tom Rogan : Russia may be operating an attack submarine off the G-7 summit
Washington Examiner
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