Ce sont presque toujours des femmes accompagnées d’enfants en bas âge ou de nourrissons. Elles tiennent des pancartes « SOS familles syriennes» et parfois crient «Syria Syria ! » dans le métro, aux abords des gares ou aux portes de Paris. Qui sont ces mendiants, apparus depuis plus de deux ans dans la capitale ?
De « vrais » réfugiés de Syrie ou des Roms avec lesquels ils ont de troublantes ressemblances ?
Les Inrocks ont mené l’enquête, et celle-ci est instructive.
Oui, ce sont bien des Syriens dans la majorité des cas. Et non pas des Roms mais des Doms…autrement dit des cousins orientaux des Roms. Une communauté présente essentiellement en Syrie et au Liban, mais dont on ignore le nombre (les estimations varient entre 300 000 et un million). Ceux qu’on voit en France (entre 200 et 500 dans la région parisienne, d’autres à Lyon) échappent aux « radars associatifs ».
« Ils sont arrivés pour la première fois en France en 2014 » explique le sociologue Olivier Peyroux, spécialiste des migrations. « Ils vivent selon de fortes logiques clanique, très hiérarchisées. » Dans le conflit syrien, « ils sont neutres et plus ou moins considérés comme des traîtres par toutes les parties », ajoute-t-il, bien qu’ils ne soient pas ciblés pour des raisons religieuses comme les Yézidis ou les chrétiens.
Leur situation en France est emblématique du casse-tête de l’accueil des migrants. Les Doms sont rejetés par les autres réfugiés syriens qui considèrent qu’ils ne sont pas de « vrais » Syriens, même s’ils ont le passeport du pays, et qu’ils jettent l’opprobre sur tous en faisant la manche. Très secrets, claniques, très peu demandent l’asile et la plupart apparaissent et disparaissent sans laisser de trace, décourageant les services publics et les associations,
ce qui laisse fortement soupçonner qu’ils sont manipulés par de réseaux. Enfin, des Roms embrouillent davantage la situation en mendiant sous une pancarte « SOS Syrie »…
