Le 14 août 2018, le pont autoroutier Morandi s’effondrait à Gênes, en Italie, entraînant dans sa chute des dizaines de véhicules et tuant 43 personnes. À peine deux ans après, le nouveau pont imaginé par le célèbre architecte Renzo Piano le remplace. Un véritable exploit, car il aura été bâti en à peine plus d’un an.
Mais l’effondrement de ce pont, comme celui de Mirepoix, en France, l’an passé, repose la question de l’état de ces ouvrages d’art dans l’Hexagone. Peut-on vivre le même drame en France ? La réponse est oui, sans doute. Non seulement on ne sait même pas exactement combien notre pays compte de ponts, mais en plus des dizaines de milliers sont en piteux état : "Nous nous sommes rendus compte qu’aujourd’hui, nous sommes dans l’incapacité de dire le nombre d’ouvrages d’art qui existent sur le territoire. C’est assez incroyable !", confiait récemment sur l’antenne de Sud Radio Michel Dagbert, sénateur du Pas-de-Calais, co-rapporteur de la mission d'information sur la sécurité des ponts. "Nous avons une évaluation entre 200 000 et 250 000 ponts routiers en France."
Parmi eux, 90% sont gérés par les collectivités, à peu près la moitié par les départements, le reste par les communes et les intercommunalités. L’État en gère à peine 10%. Au total, combien pourraient se révéler dangereux ? "On estime que 24 000 ouvrages, dont 12 000 sur le réseau national non concédé, font partie des points à surveiller, précise Michel Dagbert. Plus inquiétant, 25 000 ponts sont en mauvais état structurel. Nous avons un parc vieillissant pour lequel un certain nombre de travaux d’entretien n’ont pas été programmés." En cause : en général, le manque de moyens des collectivités, notamment au niveau des maires. Qui plus est, bien souvent, les contrôles de l’état de ces ponts ne sont que visuels. De quoi, parfois, avoir envie d’y réfléchir à deux fois avant de traverser un pont…
