Le laser, solution miracle au retraitement des déchets nucléaires ?
Par Philippe Oswald - Publié le 09/10/2018
Que faire des déchets nucléaires dont la durée de vie peut se chiffrer en centaines de milliers d’années ? La question épineuse de leur stockage ou de leur recyclage suscite actuellement des débats orageux à propos du projet d’enfouissement Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) situé à Bure (Meuse). Elle va resurgir dans les prochaines semaines à l’occasion du débat national sur la gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) qui devrait se prolonger jusqu’en janvier.
Or ce casse-tête de la radioactivité pourrait être résolu dans les prochaines années de façon quasi miraculeuse selon Gérard Mourou. Ce physicien français, professeur émérite à l’École polytechnique, a été nommé le mardi 2 octobre prix Nobel de physique 2018 pour ses recherches sur les lasers, avec le physicien américain Arthur Ashkin et la chercheuse canadienne Donna Strickland. A cette occasion, Gérard Mourou a révélé l’une des applications les plus prometteuses du laser : réduire considérablement la durée de vie des déchets nucléaires, jusqu’à 30 minutes au lieu d'un million d'années! Selon lui, la technologie à mettre en œuvre à cette fin pourrait être au point d'ici dix à quinze ans, grâce à la collaboration qu’il a engagée avec le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives).
Dans cet entretien publié sur le site de l’association The Conversation France (en lien ci-dessous), Gérard Mourou résume le fonctionnement de la technique de génération d’impulsions optiques ultra-courtes de haute intensité (CPA : chirped pulse amplification) qui lui a valu le prix Nobel : « Elle permet d’obtenir des pressions, températures et champs électriques extrêmement élevés (…) C’est comme au karaté : on délivre une puissance très importante dans un temps très, très bref. »
Très prometteurs pour le traitement des déchets nucléaires dont la radioactivité serait ainsi annihilée, ses travaux sur le laser reçoivent d’ores et déjà des applications dans la chirurgie de l’œil.