Le Conseil d’Etat valide l’euthanasie de Vincent Lambert
Bioéthique

Le Conseil d’Etat valide l’euthanasie de Vincent Lambert

Par Philippe Oswald - Publié le 26/04/2019
L’interminable et cruel feuilleton de « l’affaire Lambert » vient de connaître un nouvel épisode dramatique avec la décision du Conseil d’Etat, le 24 avril, de valider la décision médicale « d'interrompre les traitements » du patient. Derrière ce mot « interrompre », déjà employé à propos de l’avortement dans le néologisme « interruption volontaire de grossesse » (IVG), se cache en réalité un processus mortel : l’« arrêt définitif » de l’ alimentation et de l’hydratation, comme si laisser mourir de faim et de soif Vincent Lambert était plus convenable que de lui infliger une piqûre létale… Cette décision du Conseil d’Etat répond à une nouvelle requête en urgence déposée le 9 avril 2018 par les parents de Vincent Lambert pour tenter d’annuler la décision collégiale du CHU de Reims de laisser mourir d’inanition le patient.

Ainsi en ont décidé des médecins et des juges contre le désir de ses parents, de plusieurs de ses proches et amis et les 110 000 personnes inscrites à son comité de soutien. Ceux-ci sont fermement opposés à l’euthanasie et demandent en outre que Vincent Lambert soit transféré dans une structure hospitalière spécialisée pour y bénéficier des soins appropriés à son état « pauci-relationnel ». Un état qui n’est pas à confondre avec une fin de vie comme vient de le montrer encore ces jours-ci le retour à la conscience d’une femme plongée dans le coma depuis 27 ans à la suite d’un accident de voiture. Vincent Lambert, lui, est dans cet état neuro-végétatif depuis près de 11 ans, à cause d’un accident de moto. Il survit sans assistance respiratoire ni cardiaque, et a conservé son réflexe de déglutition. Considérer son alimentation et son hydratation comme un acharnement thérapeutique ou « une obstination déraisonnable », selon les termes des juges, est un message redoutable envoyé à tous les proches de personnes dans le coma et à l’ensemble de la société : « Condamner à mort Vincent Lambert, c’est signifier aux personnes handicapées que leur vie n’a aucune valeur aux yeux de la société » a notamment dénoncé Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, qui alerte sur la menace que cette décision de plus haute juridiction administrative fait planer désormais sur des milliers de patients en état pauci-relationnel.

Cette décision tragique ne marque pas la fin de « l’affaire Lambert ». Les avocats des parents de Vincent Lambert annoncent le dépôt de deux recours qui suspendent la décision du Conseil d'Etat : devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et devant le Comité international de protection des droits des personnes handicapées de l'ONU.

Sur son blog (en lien ci-dessous), Jean-Yves Nau, docteur en médecine, journaliste au Monde pendant 30 ans et chroniqueur médical et scientifique sur le site Slate.fr., appelle à « trouver les mots justes, nommer au mieux les choses » afin de renouer avec la déontologie médicale pour « ne pas ajouter au malheur du monde ».
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