La pression migratoire sur la France bat ses propres records
Politique

La pression migratoire sur la France bat ses propres records

Par Philippe Oswald - Publié le 23/01/2020
Le ministre de l’Intérieur a du souci avec les chiffres que publient ses propres services. Après ceux des violences en tous genres (+8% en 2019 cf. LSDJ n°865), ce sont ceux de l’immigration qui viennent de tomber. Ils montrent ou plutôt, ils font sauter aux yeux, une croissance record des demandes d’asile au cours de l’an dernier : 132 614 dossiers déposés en 2019 à l’Office français pour les réfugiés et les apatrides (OFPRA), soit +7,3% par rapport à 2018, et 276 600 premières demandes de cartes de séjour, soit +6,8%. À la Direction générale des étrangers en France (DGEF), on préfère insister sur l’augmentation de 20,6% des éloignements forcés d’illégaux (18 906 l’an dernier contre 15 677 en 2018) ce qui serait le plus haut niveau depuis 2010. Et l’on indique qu’au total, toutes catégories confondues (éloignements, départs volontaires et départs spontanés) 31 400 étrangers en situation irrégulière ont quitté le territoire national en 2019. Mais 77 196 réfugiés illégaux sont restés en France malgré le refus qui leur a été signifié… Que pèsent au demeurant les retours (+3,7% en 2019 par rapport à 2018), alors qu’il y a au moins un demi-million de clandestins en France bien décidés à y rester, avec au moins neuf chances sur dix de passer à travers les mailles du filet ?

Non seulement les chiffres officiels des demandeurs d’asile sont alarmants, mais ils seraient minimisés selon Eurostat. L'office statistique européen a récemment signifié aux autorités françaises que, depuis plusieurs années, les données qu’elles lui fournissent sur le nombre de personnes déposant une demande d'asile en France sont faussées. En effet, elles ne tiennent pas compte des « dublinés » (les demandeurs sous procédure des accords de Dublin), c’est-à-dire de ceux qui requièrent l'asile auprès d'un pays européen après être entrés dans l'UE par le biais d'un autre. Ainsi, chaque mois, des milliers de migrants ne seraient pas intégrés au total des demandes d'asile déposées en France. Or voilà dix ans que l'administration française a été avertie du problème, relève CheckNews, le service de presse de l'entité européenne. Dix ans, mais elle n’y a toujours pas remédié, alors même que les directives européennes « demandent explicitement aux pays de compter les candidats soumis à la procédure de Dublin », souligne CheckNews. En cause, les mauvaises statistiques françaises, mais aussi la volonté manifeste de minimiser le nombre de migrants en ne tenant pas compte de ceux qui sont supposés migrer vers un autre pays. Comme disait Mark Twain, « il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges et les statistiques. »

D’où sont venus principalement les demandeurs d’asile en 2019 ? D’Afghanistan, de Guinée, de Géorgie, d’Albanie et du Bangladesh, selon la DGEF. Comme ceux d’Afrique du Nord, il s’agit essentiellement de migrants économiques, non de réfugiés politiques (le ministère de l’Intérieur reconnaît lui-même une « anomalie » concernant les migrants géorgiens et albanais, dont les pays d'origine sont considérés comme « sûrs »). Alors que le président de la République annonce l’ouverture d’un débat (un de plus !) sur l’immigration, beaucoup estiment que ce sont non seulement les conditions d’asile, mais aussi d’accès à la citoyenneté française qu’il faut réviser, à commencer par le droit du sol. En outre, il semble inéluctable de remettre en cause la législation européenne sur une série de « droits » supranationaux, dont les conditions du regroupement familial.
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