Comme le Titanic lancé vers l’iceberg, la Chine ne peut plus éviter l’hiver démographique. Malgré l’abandon depuis deux ans de la politique coercitive de l’enfant unique, pas de baby-boom en perspective ! «La Chine deviendra vieille avant d'avoir complètement réussi à devenir riche» prédisent les experts du cabinet Deloite cités dans cet article du Figaro.
Certes, selon les autorités, le taux de natalité est passé de 1,6 en 2015 à 1,7 (170 enfants pour 100 femmes), mais le taux du renouvellement des générations étant de 2,1, cette légère remontée ne saurait empêcher le vieillissement de la population. Les désordres sociaux et éducatifs créés par le déséquilibre entre les naissances de garçons et de filles (plus souvent avortées), la pénurie de main-d'œuvre, les problèmes de santé publique et du financement déjà catastrophique des retraites vont s’aggraver. Les experts prévoient que la migration des ruraux vers des zones urbaines, les coûts élevés du logement, de l'éducation ou de la santé pérenniseront les réflexes malthusiens inculqués aux Chinois. La Chine sera une «société super-vieillissante» en 2035, avec environ 400 millions de plus de 60 ans (soit près de 20% de la population, contre 10% aujourd’hui) de l’aveu même du chef de la sécurité sociale chinoise. La population active va se réduire de près de 10% en trente ans, passant de 70 % de la population totale en 2017 à 60 % en 2047.
C’est donc un séisme d’une amplitude inouïe et pourtant prévisible que doit affronter la Chine à cause du diktat de l'enfant unique imposé en 1979 au prix de stérilisations et d’avortements forcés. Parce qu’elle n’a pas voulu voir qu’ « il n’est de richesses que d’hommes » (Jean Bodin), la superpuissance chinoise est en réalité un « colosse aux pieds d’argile », selon l’expression employée jadis à propos de l’URSS.
