Islamisme : soixante mesures de
Politique

Islamisme : soixante mesures de "déradicalisation", effet d’annonce ?

Par Philippe Oswald - Publié le 27/02/2018
L’opinion publique a-t-elle raison de se montrer sceptique face au nouveau plan de déradicalisation « en soixante mesures » du gouvernement ? Réponse nuancée de Chems Akrouf, expert en intelligence stratégique et ancien analyste en renseignement au sein de la Direction du Renseignement Militaire (DRM), interviewé par Atlantico.

Chems Akrouf critique le terme de « radicalisation », mot passe-partout dont on cherche la signification. Il lui préfère l’expression « extrémisme violent » à laquelle doit répondre non une « déradicalisation » mais un « engagement sécuritaire ».

Selon lui, les précédents plans de « déradicalisation » ont échoué parce que sous François Hollande, le premier réflexe a consisté à minimiser le phénomène des départs pour le « djihad ». Jusqu’à ce que surviennent les attentats. Manuel Valls a alors annoncé la mise en place de « centres de déradicalisation » dans des régions, mais sans protocole établi, ni réflexion stratégique et psycho-médicale. Résultat : « Beaucoup d'argent dépensé, pas de résultat concret et une myriade d'acteurs, attirés par l'appât du gain plus que par la recherche. »

Pour Chems Akrouf, il faut axer le travail sur la recherche universitaire pluridisciplinaire s’appuyant sur les travaux faits à l’étranger . A la faculté de médecine de Lyon, il a notamment travaillé avec des partenaires américains pour comprendre le basculement dans l'idéologie de jeunes gens surtout via internet. « Nous avons mis en lumière comment Daech créait des algorithmes de référencement pour permettre d'attirer progressivement les gens vers eux », en critiquant l'ordre social, en diffusant des thèses complotistes puis en embrigadant progressivement les internautes avec des propos et des vidéos de plus en plus violents.

A cet égard, il juge donc positivement l’annonce par le gouvernement de mesures pluridisciplinaires qui prendront vraiment en compte les expertises françaises et internationales pour répondre à ce phénomène. Il approuve également les mesures destinées à mettre un terme à la contagion dans les prisons où l'on a laissé des gens incarcérés pour des délits de droit commun être en contact avec des doctrinaires, mais il pose la question de la formation du personnel encadrant. Sur les écoles hors contrat, il estime qu’annoncer le renforcement des contrôles, c’est prévenir l’adversaire et réduire la mesure à n’être que du vent. On pourrait ajouter que c’est aussi exagérer très fortement l’importance de tels lieux de formation au risque de faire peser un contrôle étatique « laïque » sur des écoles qui n’ont rien d’islamiques dans leur immense majorité. Les terroristes de nationalité française qui ont sévi sur notre territoire n’étaient-ils pas tous passés par l’Education nationale ?
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Mission impossible ? De la difficulté d’établir des plans anti-radicalisation quand on comprend encore si mal le phénomène
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